Carventura lorgne les reprises en concession
Savez-vous estimer le montant annuel des reprises subies ? Un exercice auquel se sont livrés Carventura et un groupe de distribution qui écoulait environ 200 VN et VO par an sur deux sites. Le résultat du calcul dépassait le million d'euros. Un constat qui a invité Frédéric Lecroart, le président-fondateur de la plateforme détenue par PSA, a imaginé une solution aux distributeurs.
Deux ans plus tard, les discussions sont plus vives que jamais. Le réseau Citroën, par l'entremise du groupement des concessionnaires, se montre le plus intéressé, selon le dirigeant. "Les distributeurs ne veulent pas subir les reprises pour préserver leur trésorerie, observe-t-il. Cela ne date pas de la crise, mais de l'époque où DS a commencé à faire des conquêtes sur les marques premiums allemandes. Un groupe s'est retrouvé à devoir sortir une somme à six chiffres pour reprendre des véhicules de clients". Le concept repose donc sur une intervention de Carventura comme tier de confiance.
En pratique, la plateforme propose de s'engager sur le montant revente du véhicule à reprendre. Le concessionnaire fait donc une avance sous forme de remise et Carventura lui verse a posteriori le fruit de la transaction, d'un montant supérieur à celui de la reprise contractualisé avec le client final, couvrant au passage le risque financier. "Nous avons compris que les schémas du VO BtoB sont multiples et que nous pouvons soulager les concessionnaires d'une tâche qui parfois les embarrasse tout en étant nécessaire à la finalisation d'une vente", commente le projet Frédéric Lecroart.
Carventura a maintes fois été sollicité en ce sens, mais concrètement aucun contrat n'a été signé pour l'heure. "Il faut le temps de dépassionner le secteur pour que des visions faisant appel à des interactions inédites puissent se développer", garde-t-il patience. Au plus fort de la crise, il a été mis à contribution par son actionnaire majoritaire, PSA, qui lui a confié une part des VO à revendre. Garantis par le constructeur, ces produits de 4 ans d'âge moyen ont enrichi le portefeuille traditionnel de Carventura acquis à la cause de véhicules plus âgés. "Nous avons ouvert une nouvelle voie et je pense qu'elle ne va pas se refermer", glisse le fondateur.
Une citadine contre une Peugeot 2008
Les ventes ont chuté de 30 à 40 % pendant le confinement et notamment au mois d'avril. L'audience de Carventura est ensuite repartie à la hausse. La création de compte a été multipliée par 3. A la mi-mai, ce sont 600 à 700 nouveaux utilisateurs qui se sont inscrits chaque jour sur la plateforme. Pour Frédéric Lecroart nul doute que ce trafic a été généré par le module d'estimation de reprise. Un moyen d'obtenir une cote. Les serveurs ont donné 600 notions de valeur au quotidien, dans la semaine du 13 au 21 mai.
Des statistiques, le fondateur tire pour premiers enseignements que les Français préparent les vacances d'été ou rationnalisent le budget du foyer. Cette deuxième finalité représente tout de même 30 % des requêtes. Il y aura donc des véhicules à reprendre sans forcément en vendre un autre en échange. Dans une moindre mesure (10 %), les utilisateurs de Carventura vérifient simplement la valeur de leur véhicule, "très certainement pour se conforter avant de signer ailleurs", pense le dirigeant. Mais l'essentiel des consultations sont réalisées en amont d'un renouvellement de véhicule.
"60 % des nouveaux inscrits viennent pour que leur véhicule finance l'achat du prochain, relève-t-il. Dans bien des cas, il s'agit de céder une citadine pour trouver un modèle offrant plus d'habitabilité et de coffre. Notre star du moment, c'est la Peugeot 2008". Les statistiques ont parlé. Sur 5 000 estimations réalisées, 1 800 concernaient des citadines, contre 1 200 requêtes pour des compactes, 1 000 pour des SUV, 500 pour des monospaces et 380 pour des berlines/break.
Des véhicules à reprendre qui affichaient une ancienneté moyenne de 7 ans, dont 8 ans pour les citadines, les berlines/break et les monospaces, 7 ans pour les compactes et 5 ans pour les SUV. Leur valeur s'élevait en moyenne à 10 200 euros. "Des produits qui sont tout à fait dans notre fourchette puisque nous exposons des VO garantis qui ont jusqu'à 15 ans", note Frédéric Lecroart. Parlant de garantie, Craventura finalise des accords pour proposer des extensions sur toute la largeur de sa gamme de produits. Une demande des clients qui attendait d'être satisfaite.