Australie : inquiétude autour d'une méga fusion dans la distribution
La concentration des réseaux de distribution prend parfois des proportions étonnantes. Si elle est réellement observable en France à travers chaque notification de l’Autorité de la concurrence, en Australie, c’est un véritable big bang qui serait en passe de se produire. AP Eagers et Automotives Holding, les deux plus grands opérateurs australiens, actifs notamment dans la région de la nouvelle Galles-du-Sud (Sydney) mais aussi à Brisbane et Melbourne, ont émis le souhait de fusionner leurs affaires. Les groupes ne sont déjà pas tout à fait étrangers puisque AP Eagers détient 28,8 % du capital d’Automotives Holding.
Cette nouvelle opération entre les deux opérateurs donnerait lieu à une méga entité de distribution pesant près de 2 milliards de dollars, représentant 12 % des ventes globales du pays et contrôlant près de 300 points de distribution. Ensemble, les deux distributeurs de VP, VUL, VI et bus détiendraient 46 % des concessions des régions de Newclastle et Hunter Valley, distribuant les 10 marques les plus importantes. Autre ratio impression, 54 % du réseau de ces 10 marques les plus populaires leur appartiendrait désormais. Dans la seule ville de Newcastle, l’entité exploiterait 77 % des concessions représentant ces dix constructeurs.
Une menace pour la concurrence ?
Si cette opération semble avoir reçu l’aval des constructeurs en question, c’est pour l’instant loin d’être le cas du côté de l’Autorité de la concurrence australienne, qui reste circonspecte sur l’impact que pourrait avoir cette fusion sur la concurrence, notamment dans des villes où les deux distributeurs détiendraient un nombre impressionnant de sites. « Nous pensons que les consommateurs locaux n’achètent généralement pas de nouvelles voiture au-delà des régions de Newscaslte et Hunter Valley, et qu’il leur sera difficile de connaître le prix final d’un véhicule sans se rendre chez un concessionnaire », note l'Autorité.
Autrement dit, il leur sera difficile de se rendre compte si la potentielle méga entité proposera des tarifs conformes à ceux qui se pratiquent dans les autres régions d'Australie. Au-delà du commerce de véhicules, qu’ils soient neuf ou d’occasion, l’Autorité de la concurrence s’interroge également sur le risque que fait peser cette potentielle fusion sur la concurrence en matière d’après-vente et de distribution de pièces de rechange. L’institution devrait rendre son verdict au plus tard le 26 juillet 2019.