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Distribution

A surveiller de très près

Publié le 25 mars 2005

Par Tanguy Merrien
4 min de lecture
Contrairement aux années passées, le nombre d'opérateurs n'a pas diminué. Il convient d'observer toutefois de très près certaines manœuvres de constructeurs qui semblent s'appuyer de plus en plus sur une stratégie de filialisation. Rassurant. Le nombre d'investisseurs ne baisse plus....

...Depuis quelques années, le phénomène de concentration dans la distribution automobile entraînait une diminution constante du nombre d'investisseurs. Entre 1999 et 2003, ils n'étaient pas moins de 732 investisseurs à rendre leur tablier en raison de restructuration, résiliation, faillite financière ou départ volontaire. En 2003, on comptait même jusqu'à 166 départs pour une année dite calme. Plus que jamais, l'éternel "nos investisseurs d'aujourd'hui seront ceux de demain" dans la bouche des constructeurs sonnait faux. Dans une certaine logique de continuité, on s'attendait donc à ce que l'année 2004 soit du même acabit. Or, à l'encontre de toutes les prévisions et ce malgré un marché 2004 en demi-teinte, le nombre de partenaires n'a pas diminué l'an passé et a même augmenté de façon surprenante : + 104. Certaines marques n'ont pourtant pas dérogé à la règle en résiliant à tour de bras et en réduisant considérablement leur voilure, tels notamment Nissan (- 9 investisseurs) et Opel (- 6). Toutefois, ces deux réseaux restent, du moins cette année, deux cas particuliers, si on les compare aux réseaux Suzuki (+ 32), Audi (+ 10), Kia (+ 22) ou Daihatsu (+ 12). Quant au nombre de sites, il progresse également de façon favorable. Cependant, il convient de préciser que 33 réseaux ont répondu à nos questions alors qu'ils n'étaient que 27 l'an passé. Si 214 points de vente primaires (concessions et annexes) manquaient à l'appel en 2003, le solde, pour 2004, redevient positif puisqu'on dénombre 141 nouveaux sites. Globalement, le constat de ces dernières années reste le même. Malgré une courbe sinusoïdale du nombre de partenaires et de sites, avec 6 112 points de vente primaires détenus par 2 987 investisseurs, les réseaux sont toujours concentrés avec un rapport moyen de 2 sites par opérateur.

Ne pas tomber dans l'euphorie

Toutefois, il serait bon d'atténuer quelque peu ce bilan rassurant en attirant l'attention sur deux caractéristiques. Nous n'avons pas tenu compte des opérateurs communs au sein du même groupe de marques. Ainsi, les réseaux de distribution des groupes Ford et Volkswagen comptent en leur sein des investisseurs détenant plusieurs marques, comme le veut la stratégie du multimarquisme intragroupe. En outre, les prises de panneau ne s'accompagnent pas obligatoirement d'une création de site. Ainsi, un investisseur reprenant une marque peut tout aussi facilement distribuer une nouvelle marque au sein d'un showroom déjà existant sans se lancer dans la construction d'une nouvelle concession. Le développement des corners Lancia (+ 32 sites) au sein des showrooms Fiat en est un exemple. Le nombre d'investisseurs et celui des créations de sites sont donc à manier avec prudence. Par ailleurs, le nombre de succursales et de filiales recensées dans les réseaux en 2004 est en constante progression. Le nombre de sites en propre détenus par les constructeurs est aujourd'hui de 405. Cependant, les différents discours des constructeurs se veulent rassurant : "Nous n'avons pas de stratégie de filialisation" ou "le nombre de nos filiales n'évoluera plus à l'avenir", ou encore "nous développerons des succursales seulement si nous ne trouvons pas d'opérateurs." Le nombre de sites en propre au sein des trois marques françaises reste stable. Celles-ci ont recours à la filialisation pour éviter la perte d'un endroit stratégique notamment dans les grandes agglomérations. Certaines marques ont avoué que leurs filiales devaient tenir une place importante au sein de leur réseau. Ainsi, Mercedes compte 25 sites qui réalisent désormais 30 % des ventes totales de la marque. De son côté, Mitsubishi, malgré une volonté de désengagement, en compte toujours 39 (dont 9 joint-ventures). D'autres, enfin, longtemps réticentes, n'ont pas eu le choix. Volkswagen s'est empressé de reprendre à son compte les sites parisiens cédés par le groupe Lamé. Quant à BMW, une filiale a ouvert ses portes à Paris en juin dernier. Seat devrait l'imiter. A croire que certains constructeurs ont voulu renforcer leurs implantations en vue de la disparition de la clause de localisation prévue en octobre prochain. Même si, de leurs propres aveux, ils ne s'en inquiètent guère. Préoccupant ? Peut-être pas, mais ces attitudes sont à surveiller de très près.


T.M.

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