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VUL : Jusqu’où ira la croissance ?

Publié le 4 avril 2008

Par Benoît Landré
6 min de lecture
Le marché du véhicule utilitaire n'en finit plus de battre des records. Sa progression est fulgurante et contraste avec celle des véhicules particuliers. Les constructeurs et les distributeurs l'ont bien compris et investissent massivement sur...

... ce créneau très concurrentiel. Quelles sont les raisons de ce succès ?

Il suffit de vouloir consacrer un article à la croissance du marché du véhicule utilitaire pour s'apercevoir que la tendance sur les deux premiers mois de l'année est légèrement et exceptionnellement à la baisse : - 0,4 % sur le segment des - de 5 t par rapport à la même période l'an passé. Néanmoins, après une baisse de 5 % en janvier et 37 572 immatriculations, le marché français des véhicules utilitaires neufs a repris des couleurs en février enregistrant une hausse de 4,5 % pour 40 052 immatriculations. Il a retrouvé son ordre de marche. Il faut dire que le marché n'en finit plus de progresser. Depuis plusieurs années on entend ici et là "qu'il va bien finir par se stabiliser ou stagner", et pourtant rien ne semble perturber sa régulière et fulgurante ascension. "Les raisons sont certainement structurelles. Il s'agit d'un marché très cyclique. Et actuellement le cycle est à l'expansion, tant au niveau des ventes que des versions, car il y a un besoin et une demande des entreprises, artisans, commerçants", explique Jean-Paul Thomine, Research Manager à l'origine du projet Model Mix VU de Jato. En 2004, le marché français passait la barre des 400 000 unités avec précisément 406 083 immatriculations. Un premier cap symbolique. Fin 2005, 422 201 VUL étaient immatriculés en France, soit une progression de 3,9 %. L'année suivante le marché avait distribué 439 352 unités pour une nouvelle hausse de 4 %. En 2007, la progression était encore plus significative puisqu'elle atteignait 4,9 % et 461 462 immatriculations. Non seulement, un nouveau record tombe chaque année mais la croissance s'accentue. Ce phénomène s'étend également à l'ensemble de l'Union européenne (25 pays) puisque avec 2 245 062 véhicules utilitaires de moins de 3,5 t immatriculés en 2007, le marché affiche une hausse de 7,1 % par rapport à 2006 (2 095 382 immats.). A fin février, avec 342 787 unités immatriculées, le marché affichait une variation positive de 17,3 % (voir tableau). "Le VUL est un vecteur d'entrée important sur les marchés des pays émergents. Dans les pays en développement, 30 % des utilitaires sont vendus aux flottes. L'approche est différente", précise-t-on à la division utilitaire de Renault. 

De la segmentation à la sous-segmentation

Rares sont les constructeurs à ne pas surfer sur cette vague. Au point même que Citroën, Peugeot et Fiat, voire Renault avec son Kangoo compact, ont décidé de créer un nouveau segment avec les Bipper, Nemo et Fiorino pour une utilisation urbaine. "Depuis quelques années, nous observons un développement de l'offre utilitaire assez impressionnant. Toutes ces nouvelles offres incitent les entreprises à renouveler leur parc plus rapidement. Nous assistons aussi à l'arrivée de sous-segments qui répondent à la fois à des besoins mais qui créent aussi ces besoins", souligne Laurent Balayer, chef du département Toyota Entreprises.

Tous les constructeurs proposent désormais des gammes de plus en plus étendues et ciblées. Le travail avec des carrossiers comme Gruau ou Durisotti offrant notamment un éventail toujours plus complet de solutions. Ainsi, en janvier dernier, à Lyon, Peugeot présentait plus de 60 véhicules réalisés avec le concours de différents partenaires carrossiers. Les opérations marketing et de communication ont d'ailleurs rarement été aussi importantes pour ce segment. Iveco s'est vu décerner récemment le Trophée d'Or Sporsora du marketing sportif, une récompense qui vient couronner la campagne initiée en 2007 au côté des All Blacks. Le constructeur italien devance au passage des marques prestigieuses comme Adidas, Nike, RATP, Nespresso ou Mc Donald's.

Des VUL plus esthétiques

Pour expliquer ces résultats, un triptyque assez simpliste se dégage : production, produit et distribution. Les rapprochements industriels mis en place pour la production des VUL et les réductions de coûts qui en découlent ont incontestablement eu un impact bénéfique sur le marché. PSA et Fiat se partagent ainsi les usines de Val Di Sangro, Sevel Nord et désormais Bursa. Les Berlingo et Partner sont également fabriqués dans la même usine de Vigo en Espagne. Opel, Renault et Nissan ont uni leurs forces dans les usines de Lutton et Barcelone tandis que le Sprinter de Mercedes et le Crafter de Volkswagen sont tous deux conçus sur la même plate-forme à Hanovre. Comme quoi la concurrence, aussi féroce soit-elle commercialement, s'accommode d'ententes industrielles. Autre facteur explicatif : la physionomie des véhicules. Entre les utilitaires des années 90 et les modèles lancés ces dernières années, la différence de style est saisissante. Les constructeurs se sont en effet attachés à transposer sur les VUL les qualités esthétiques, technologiques ainsi que la puissance (Vito V6 ou le SportVan de Ford) des voitures particulières tout en conservant, évidemment, les critères d'efficacité, de modularité et d'utilité des véhicules. "Nous découvrons tous les ans de nouvelles niches auxquelles nous n'aurions jamais pensé. Les renouvellements de modèle et de gamme sont également plus courts", précise Didier Foulont, directeur des ventes d'Iveco France. Non seulement le cycle de vie d'un véhicule est réduit mais il ne se passe pas un an sans qu'un véhicule ne fasse pas l'objet d'un relifting ou soit renforcé d'une nouvelle motorisation, d'une nouvelle boîte de vitesses ou décliné en version quatre roues motrices.

Des réseaux mieux formés

Enfin, les réseaux ont considérablement renforcé leur professionnalisation sur l'offre de VUL avec des vendeurs spécialisés, une signalétique et un espace du showroom qui leur sont consacrés. Aujourd'hui, les distributeurs n'hésitent plus à mettre en avant les utilitaires sur leur parc. Ainsi, le réseau Renault s'articule aujourd'hui autour de Business Center qui bénéficient d'une force de ventes dédiée aux VUL. Des caractéristiques que l'on retrouve également chez Peugeot, Citroën, chez Fiat avec son enseigne Fiat Professional ou encore chez Nissan qui développe actuellement en France ses Van Competence Center. Le constructeur au losange va même plus loin encore avec son centre d'ingénierie de la division véhicules utilitaires basée à Villiers Saint-Frédéric (78). Créée en 1997 et composée de plus de 1 000 ingénieurs dédiés à la conception, au développement et à l'industrialisation de la gamme utilitaire, ce site est une réponse sur-mesure aux besoins et aux comportements des utilisateurs.

Beaucoup de candidats, peu de produits

Désormais, nombreux sont les professionnels à vouloir se lancer dans la distribution de VUL. Mais la demande est tellement forte que les produits sont souvent difficiles à trouver et les délais de livraison s'allongent. "Il y a beaucoup plus de concurrence qu'avant et nous sommes confrontés à une pénurie de véhicules utilitaires d'occasion. Actuellement, les loueurs conservent plus longtemps les véhicules, et c'est autant de produits qui ne se retrouvent pas sur le marché de l'occasion. Pour un Master, nous pouvons attendre jusqu'à 6 mois aujourd'hui", explique Bertrand Carlier, gérant de la société France Utilitaire, basée dans l'Oise et en Seine-Maritime, qui a distribué 1 500 véhicules en 2007. Le véhicule utilitaire d'occasion est en effet devenu une denrée rare et précieuse.

Photo : En fin d'année dernière, Ford présentait le Sportvan, un utilitaire au style radical.

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