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Les Français achètent-ils vraiment plus de "grosses cylindrées" ?

Publié le 18 novembre 2019

Par Alice Thuot
4 min de lecture
A en croire le ministre de l’Economie, Bruno le Maire, les Français auraient tendance à privilégier l'achat de véhicules de grosse cylindrée. Mais qu’en est-il vraiment ?
Les modèles ayant une mécanique de plus de 2 000 cm3 ne représentent que 3 % du marché français en 2019.

 

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire évoquait sur son compte Linkedin, une « explosion des ventes des véhicules de grosse cylindrée », énumérant ensuite trois propositions pour « limiter leur impact sur l’environnement » que sont le déplafonnement du malus, la décorrélation du poids des véhicules dans les objectifs européens et des message de prévention dans les publicités. Mais qu’en est-il réellement ? Les Français se ruent-ils effectivement sur des véhicules de grosse cylindrée ?

 

Selon les données fournies pour les trois dernières années par AAA Data, ce n’est pas du tout le cas. En effet, le volume de ventes de véhicules dont la cylindrée est supérieure à 2 000 cm3 ne fait que diminuer au fil des années, et de façon toujours plus importante.

 

Entre 2017 et 2018, cette proportion de véhicules a reculé de 13 % pour atteindre 76 558 unités. Avec, sur les neuf premiers mois 2019 un plongeon de 20 % observé. Seuls 51 188 VP neufs avec 2 000 cm3 et plus ont ainsi trouvé preneurs en France.

 

 

 

 

Autre fait intéressant, la catégorie des véhicules dont le moteur ne dépasse pas 1 000 cm3 de cylindrée ne cesse de croître dans le total des ventes de VP neufs en France. Ainsi, entre 2016 et 2017, leur proportion s’est accrue de 14 %. S’en est suivie une nouvelle très forte augmentation, de près de 50 %, qui a conduit cette catégorie de véhicules à passer de 287 474 à 427 226 unités entre 2017 et 2018. Sur les neuf premiers mois de l’année, ce sont déjà 425 190 véhicules de moins de 1 000 cm3 qui ont trouvé preneurs, soit une hausse de 22 %. Une forte progression qui peut, en partie, être expliquée par le succès de la prime à la conversion pour les petits véhicules.

 

Non, les Français ne se ruent pas sur les véhicules puissants

 

L’analyse des ventes selon la puissance en chevaux montre de son côté une concentration des achats de véhicules à faible ou moyenne puissance. A titre d’exemple, malgré une baisse en volume de 10 % entre janvier et octobre 2019, les véhicules de moins de 100 ch ont représenté 35 % du marché en France, soit 625 646 VP neufs écoulés. Dans la catégorie au-dessus, c’est-à-dire ceux affichant entre 100 et 129 ch, la part de marché atteint 30 %, stable sur les trois dernières années, soit 538 333 unités en 2019. Les nouvelles générations de mécaniques, plus puissantes mais aussi plus efficaces, ont conduit à une forte progression des ventes de véhicules affichant de 130 à 160 ch, qui ont représenté 451 467 unités (+24 %) sur les 10 premiers mois de l’année 2019.

 

 

 

Qu’en est-il des véhicules encore plus puissants ? Les chiffres AAA Data ne montrent pas une ruée des Français puisque les véhicules dont la puissance oscille entre 160 et 199 ch ont seulement pesé, depuis le début de l’année, 7 % des ventes, soit un peu plus de 120 541 unités. Cette part de marché est restée stable depuis 3 ans. Enfin, les modèles de plus de 200 ch ne représentent, comme en 2018, que 3 % des ventes, soit moins de 60 000 unités depuis le début de l’année, même si ce volume affiche une légère hausse de 4 % en 2019.  Peut-on pour autant parler d’explosion ?

 

Un malus toujours plus dissuasif

 

Ces résultats semblent en cohérence avec la politique menée par le gouvernement à travers la fiscalité, et, notamment le malus qui touche une part toujours plus importante de véhicules au fil des durcissements des grilles. Pour rappel, en 2018, le malus n’a concerné « que » 29,8 % des VP neufs immatriculés en France. Depuis le début de l’année 2019 et l’application d’une nouvelle grille plus sévère, aussi bien sur le plan du seuil de déclenchement que des pénalités, cette proportion atteint désormais, chaque mois, entre 36 et 38 % des ventes.

 

Il semble donc que Bruno Le Maire, ou plus vraisemblablement quelqu'un de son cabinet, se soit un peu emmêlé les pinceaux au moment de brosser le tableau du marché automobile français.

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