Le difficile renouvellement du parc automobile français
11,3 ans, l'âge moyen du parc automobile continue de vieillir, résultat logique de la fonte des ventes de véhicules neufs depuis 2019, entre pandémie et fermetures des commerces, pénurie des semi-conducteurs et crise de la logistique.
Selon les données partagées par AAA Data, la structure même du parc est en pleine ébullition. L’organisme spécialisé dans le traitement de la donnée automobile et du SIV a analysé la pyramide des âges des véhicules achetés neufs et d'occasion en 2018 et 2022.
Avec comme point d'orgue, la chute drastique de la part des moins d'un an dans la catégorie des véhicules achetés neufs (en bleu dans la figure ci-dessus). En 2018, ce segment pesait 17,2 % du parc roulant. En 2022, celui-ci fond comme neige au soleil pour ne représenter que 4,4 % du parc automobile.
Ces véhicules ne se sont pas pour autant volatilisés. La part des véhicules achetés neufs (qui n'ont pas encore changé de propriétaire) et utilisés entre trois et cinq ans a bondi de 4,6 points entre 2018 et 2022 pour atteindre 18,9 %. Les voitures achetées neuves entre 2007 et 2012 atteignent eux aussi des sommets, 18 % de cette partie du parc automobile contre 10 % en 2018.
Parmi les véhicules achetés d'occasion, la plus forte variation est vécue dans la tranche d'âge de 21 à 25 ans avec +2,1 points depuis 2018, portant leur âge moyen à 12,9 ans.
Trop de choix tue le choix
Toujours selon les chiffres AAA Data, la durée moyenne de possession d'un VP en 2022 est de sept mois supérieure à celle de 2018. Les véhicules achetés neufs sont de retour sur le marché après 7,1 ans d'utilisation, 4,9 ans pour les VO.
Les Français conservent donc davantage leurs voitures en première main et les véhicules d'occasion sont plus anciens lorsqu'ils sont revendus.
Un allongement de la possession qui s'accorde avec la confusion des consommateurs sur le choix du modèle à acheter. Entre motorisation thermique et électrique, l'automobiliste reste hésitant. La flambée du prix de l'énergie pendant l'hiver 2022 a douché certaines volontés d'électrifier sa voiture. Les décisions des gouvernants européens ont aussi largement plongé les consommateurs dans l'immobilisme.
La pénurie de VN en 2022 due à la raréfaction des semi-conducteurs prolonge également la durée de possession des véhicules. La fermeture des commerces et des usines pendant la pandémie de Covid a également sevré le parc automobile de modèles neufs.
La hausse des prix automobiles observés ces dernières années incite également à la conservation des véhicules.
Des vieux toujours plus vieux et des jeunes toujours plus chers
Un exemple flagrant dans les chiffres de AAA Data, le prix de la Peugeot 508, hors options est passé de 26 350 euros à 46 110 euros entre 2010 et 2023 soit une augmentation de 76 % ! Un constat qui cache d'autres réalité financière à propos des véhicules électriques.
Les véhicules électriques, environ 30 % plus chers que leurs jumeaux à motorisation thermique, gagnent pourtant du terrain. Ils représentent 16 % des cartes grises en 2022. Si l'on ajoute les 33 % d'hybrides, les motorisations thermiques ne représentent plus que 51 % des achats.
Leur place grandissante tire vers le haut le prix moyen des voitures neuves. Malgré les aides gouvernementales et le bonus de 5 000 euros, le prix à payer pour une voiture électrique reste largement supérieur à celui de sa version thermique.
Pour une voiture du segment C, la Renault Megane, la différence entre les deux modèles est de 8 892 euros en défaveur de l'électrique avant le bonus et de 2 180 euros après. Et cela représente l'un des meilleurs cas de figure. Pour un modèle tout aussi grand public, l'Opel Corsa, l'écart est de 10 430 euros de plus, même après l'application du bonus électrique.
Les nouvelles manières d'acquérir un véhicule
Ces écarts tendent à être compensés grâce aux nouvelles méthodes de financement utilisées par les acquéreurs de VN. Exit le crédit classique, place à la LLD et la LOA. Pour les véhicules allant de 10 000 à 45 000 euros, la part d'acquisition par achat direct et celle d'achat par leasing oscillent entre 55 % et 45 %. Au delà, l'achat direct domine largement.
Dans le détail, le leasing fait sa place pour les acquisitions de véhicules neufs compris entre 25 000 et 45 000 euros, prenant le dessus sur les achats standards.
Pour les acquisitions de véhicules dont le prix est compris entre 20 000 et 35 000 euros, la LOA atteint son pic d'utilisation. Sa part atteint 30 à 35 % des acquisitions.
La LLD correspond quant à elle à environ un quart des acquisitions pour les véhicules entre 40 000 et 55 000 euros. Des tranches de prix où la LOA est délaissée.
Les SUV supplantent les berlines
Les nouvelles normes d'émissions ont eu raison de la production des petits modèles très citadins et peu chers qui ont quitté les lignes d'assemblage. Les SUV les remplacent, ils ont représenté en 2023, 37 % des immatriculations totales, c'est dix points de plus qu'en 2017.
Cependant ce sont des véhicules plus gros et donc plus chers.
Les segments B et C regroupent 30 % de ce marché du SUV, qui sont en moyenne 7 000 euros plus chers que les berlines des mêmes segments, toujours selon les chiffres AAA Data.
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