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2005 : un marché dynamisé par les nouveaux modèles

Publié le 21 janvier 2005

Par Alexandre Guillet
14 min de lecture
Les prévisions des analystes de R. L. Polk pour l'année 2005 sont empreintes d'optimisme : un marché VP en hausse de 2,3 % à 2 060 000 immatriculations. Au-delà de ce chiffre global dépendant du contexte économique et par là même des incertitudes relatives à la confiance des consommateurs, R. L....

...Polk nous dévoile ses prévisions marque par marque.


Alors qu'à la fin du mois d'octobre dernier, le marché français accusait un repli de 2 %, les excellentes performances enregistrées au cours des deux derniers mois (+ 18 % en novembre et + 7 % en décembre) ont contre toute attente permis à un marché français déprimé depuis mi-2002 de retrouver des couleurs pour clôturer l'année 2004 sur une progression symbolique de 0,2 %. Même s'il convient de garder à l'esprit les moyens importants mis en œuvre par les constructeurs (en termes d'activité promotionnelle notamment) pour relancer les ventes, R. L. Polk préfère considérer ces bons résultats non comme une simple réaction "post-mondial", mais plutôt comme initiateurs d'un retour à des jours meilleurs pour le marché français, sous l'effet combiné d'une dynamique de nouveaux modèles et d'une amélioration progressive de l'économie. Ainsi, même si, par essence, l'art de la prévision est toujours délicat, nous vous proposons de découvrir les évolutions attendues pour cette année, constructeur par constructeur. La part de marché cumulée des trois constructeurs français, qui représentait 60,6 % du marché total en 2002, 59,6 % en 2003 et qui a fortement chuté l'an passé à 58,1 %, devrait se stabiliser cette année, notamment grâce à une demande toujours accrue de motorisations Diesel qui représenteront aisément plus de 7 voitures sur 10 vendues en 2005.

Renault

La première marque française devrait très légèrement reculer en part de marché (27 % contre 27,3 % en 2004) et ce principalement du fait de l'offensive de concurrents dans le segment de milieu de gamme, ce qui affectera les ventes de la Mégane 2 qui vient d'entrer dans sa troisième année. Pour tenter d'enrayer le déclin de la Laguna dont le renouvellement n'aura lieu qu'en 2007, Renault proposera une version faceliftée au second trimestre, dans le but de contrer les assauts de la 407 et de bénéficier d'un second souffle, à l'image de celui de la C5. Si la méthode retenue (le facelift) est la même pour la Vel Satis, les ventes de la berline haut de gamme ne devraient pas pour autant s'envoler. La réelle actualité de la firme au losange en 2005 se situera bel et bien dans les segments d'entrée de gamme avec la Clio dont il conviendra de gérer au mieux la fin de vie au 1er semestre, avant l'arrivée de la troisième génération à la rentrée de septembre tout en essayant de la démarquer de Modus. Même si les dirigeants de Renault se montrent satisfaits des débuts du nouveau monospace de la gamme, nous estimons qu'en raison notamment de la légitimité du constructeur pour ce type de carrosserie, Modus devrait encore améliorer sa part de marché pour aller flirter avec les 100 000 immatriculations dans sa première année pleine de commercialisation. Même s'il reste des zones d'ombre quant à la distribution de la Dacia Logan par le réseau Renault, l'arrivée sur le territoire national de ce modèle, destiné en priorité aux marchés d'Europe centrale et aux pays émergents, pourrait représenter environ 4 500 immatriculations pour 6 mois de commercialisation.

Peugeot

Après une année de repli (- 4,2 % en volume, soit - 0,8 point de PdM) et dans l'attente du renouvellement de son best-seller 206 par la 207 au 1er semestre 2006, Peugeot devrait assurer en 2005 une progression de ses ventes supérieure d'un point par rapport à celle du marché global. Ainsi, le constructeur sochalien devrait-il immatriculer cette année un peu plus de 375 000 véhicules particuliers, soit 12 000 unités de plus qu'en 2004, en s'appuyant notamment sur une gamme 407 (berline + break) en année pleine qui pourrait à elle seule représenter près de 70 000 unités et une 307 dont le facelift en milieu d'année permettra de ralentir la chute classique des ventes d'un modèle âgé de 4 ans. Si les nouvelles motorisations Diesel de la 607 n'auront qu'un impact minime sur le volume global de la marque, il n'en sera pas de même avec l'apparition de deux nouveaux modèles dans le segment "mini". Et même si des effets de cannibalisme interne avec la 206 sont prévisibles, l'arrivée de "l'inédite 1007" avec ses 2 portes latérales coulissantes électriques au printemps et de "l'économique 107" à l'automne devrait au global fournir des volumes supplémentaires. A tel point qu'avec seulement 9 mois de ventes (commercialisation en avril), la 1007 pourrait dès sa première année ravir la 1re place du segment à la vieillissante Twingo avec une prévision de 39 000 unités, selon les experts de R. L. Polk.

Citroën

Après trois années consécutives au-delà du seuil des 13 % de parts de marché VP, les ventes de Citroën ont chuté de 5,4 % l'année passée pour se fixer à 12,75 % du MTM. Ce résultat - décevant -, que l'on peut mettre sur le compte d'une concurrence accrue dans le domaine des promotions de la part des autres constructeurs, est également lié au cycle de vie des modèles de milieu de gamme de la marque aux chevrons. Si pour ce qui est du Picasso (qui sera remplacé au second semestre 2006), l'objectif sera de limiter au mieux l'érosion des ventes d'un modèle dont les principaux concurrents sont plus récents, l'objectif assigné à la nouvelle C4 est tout autre. Décliné en deux carrosseries bien distinctes (coupé et berline 5 portes) mais en l'absence de break, le nouveau fer de lance de Citroën devrait confirmer le bon accueil qui lui a été réservé par le public lors de sa présentation au dernier Mondial de l'Automobile. Avec 64 000 immatriculations prévues par R. L. Polk, la C4 devrait s'octroyer 3,1 % du marché 2005. L'arrivée en fin d'année de la C1 (cousine des Peugeot 107 et Toyota Aygo), produite en République tchèque, viendra conforter la présence de Citroën dans les segments d'entrée de gamme aux côtés des C2 et C3. Mais, tout comme pour la future berline haut de gamme (la C6 attendue à l'automne), les volumes de la C1 resteront modestes en 2005 compte tenu de sa date de lancement.

Les marques importées

Du côté des marques importées, la politique modèles des différents constructeurs sera également déterminante dans les évolutions des prochains mois. Ainsi, si les marques présentes sur le podium 2004 (Volkswagen, Opel, Ford) devraient conserver la même place cette année, les grands bénéficiaires de 2005 seront Mercedes, BMW et Suzuki qui dépasseront respectivement les 2,5 %, 2 % et 1 % de PDM avec une progression annuelle de 7,3 %, 16,8 % et 15,2 %.

Volkswagen

La filiale française du constructeur de Wolfsburg devrait enregistrer en 2005 une croissance d'un même ordre de grandeur qu'en 2004. Nous prévoyons une progression de 4,5 % des volumes VP qui atteindront le cap des 130 000 unités (soit 6,3 % du MTM), cela grâce à une actualité produits riche dès le printemps. Avec le renfort de la Golf Plus et de la nouvelle Bora, le cumul des 4 modèles (Golf, Touran, Bora, New Beetle) du segment M1 devraient ainsi se rapprocher des 70 000 véhicules et représenter plus de 50 % du total des immatriculations de la marque. Les autres éléments plaidant en faveur de ce retour en forme de Volkswagen reposent sur les espoirs mis sur les modèles Fox (ce véhicule produit au Brésil aura pour mission de faire oublier les piètres performances commerciales de la Lupo qu'il remplace et dont les ventes en France ont chuté dès sa deuxième année de commercialisation pour se cantonner à des volumes "confidentiels") et sur la nouvelle Passat qui devrait retrouver un niveau excédant les 20 000 immatriculations annuelles.

Opel

Même si la marque au Blitz est parvenue à classer 4 de ses modèles (Meriva, Corsa, Zafira et Astra) parmi les 25 modèles les plus vendus en 2004 (c'est-à-dire ceux réalisant plus de 1 % du marché), elle n'est pas parvenue à rééditer sa performance de 2003 qui l'avait vu subtiliser à Volkswagen le titre honorifique de première marque importée en France. Parmi les constructeurs pesant plus de 5 % du marché, c'est même la marque qui a le plus souffert avec un repli de 8,6 % (soit une chute de 10 000 unités). En 2005, nous pensons qu'Opel devrait se stabiliser en volume à 110 000 unités, à condition toutefois que le constructeur de Rüsselsheim parvienne à contenir la concurrence des Ford Focus, Citroën C4 et autres Volkswagen Golf avec une Astra qui se déclinera en 3 portes à partir du printemps, à maîtriser la baisse des volumes de Meriva face à Modus et à réussir la fin de vie de la 1re génération de Zafira. Plus que le produit, ce seront donc les capacités commerciales du réseau (et par là même le support promotionnel) qui feront qu'Opel pourra atteindre ce niveau.

Ford

Avec une croissance à deux chiffres (+ 11 %) en 2004, c'est bel et bien Ford qui a réussi la meilleure opération parmi les importateurs généralistes. Ce bon résultat d'ensemble s'explique assez facilement par les performances du C-Max qui, malgré l'absence de versions 6 ou 7 places, a assez nettement dominé Zafira et Touran dans la compétition des monospaces compacts importés. Autre facteur de ce développement, le second souffle de la Fiesta, équipée à partir de mars des nouvelles motorisations Diesel à injection directe issues de la coopération avec PSA. Pour ce qui est de l'année qui débute, R. L. Polk estime que Ford France devrait rester à ce niveau de 100 000 véhicules immatriculés, soit un tassement de l'ordre de 0,2 point de part de marché. Toutefois, le déploiement de la nouvelle Focus au 1er semestre (4 portes et break en complément des versions 3/5 portes lancées le 15 novembre dernier) et le facelift de la Fiesta annoncé pour le Salon de Francfort peuvent nous réserver de belle surprises, et pourquoi pas un resserrement des positions avec Opel.

Toyota

Pour la dixième année consécutive, les immatriculations du numéro 1 japonais ont progressé en France. Bien naturellement, la performance de 2004 est plus modérée (+ 9 % tout de même) que celles des années précédentes, mais il convient de rappeler que, jusqu'au milieu des années 90, les ventes hexagonales de Toyota ne dépassaient pas les 15 000 unités, contre plus de 78 000 l'année dernière. Pour ce qui est de 2005, nous tablons sur une nouvelle croissance de Toyota, supérieure à celle du marché total, qui devrait lui permettre de dépasser aisément le seuil des 80 000 immatriculations France, soit 4 % de parts de marché. Toutefois, les modèles phares de Toyota, à l'image du Rav4 qui entame sa 5e année de carrière, sont de plus en plus concurrencés et il faudra attendre la fin de l'année pour tirer profit de la seconde génération de Yaris et des premiers volumes d'Aygo. Quant aux renouvellements des modèles GS et IS chez Lexus, ils ne devraient avoir que peu d'effet sur les volumes "anormalement" faibles de la marque haut de gamme du constructeur nippon qui s'expliquent principalement par l'absence de motorisation Diesel.

Fiat

La firme de Turin semble avoir définitivement décroché du peloton de tête des marques importées en se faisant même dépasser par Mercedes en 2004. Privilégiant les ventes à particulier (plus rémunératrices), Fiat est ainsi passé sous la barre des 50 000 immatriculations et ce malgré la présence dans sa gamme de deux véhicules lancés en fin d'année 2003 et ne manquant pas d'atouts (la Panda, Voiture de l'Année, et l'Idea) sur des segments porteurs. Compte tenu de la nouvelle politique commerciale de Fiat France (réduction des ventes auprès des loueurs), la part de marché du constructeur italien devrait encore se tasser en 2005, le "renouveau" étant attendu pour 2006 avec le plein effet du modèle de gamme moyenne supérieure "New Large" et de la nouvelle génération de la Punto qui seront tous deux commercialisés au second semestre de cette année.

Mercedes

L'année 2004 correspondant à une phase de creux dans le cycle de vie de plusieurs modèles de la firme à l'étoile, le repli de 4,3 % n'est guère inquiétant et les effets cumulés de la nouvelle Classe A (désormais disponible en 3 et 5 portes), de la future Classe B et de la seconde génération de Classe M permettront à Mercedes de retrouver un niveau proche des 52 000 immatriculations en 2005, soit une progression de l'ordre de 5,7 %.

BMW

Le constructeur bavarois est l'un de ceux qui a le plus progressé en 2004 (+ 17,6 %, à 37 108 unités). Au-delà du "classique renouvellement" de la Série 5, c'est l'apport de nouveaux modèles qui concourt au changement de catégorie de BMW. A l'image du X3 dont les volumes n'ont en rien cannibalisé les ventes de X5, les deux modèles totalisant près du quart des immatriculations de la marque en 2004, la Série 1 lancée avec succès en octobre dernier devrait contribuer, avec une prévision de 11 000 ventes, à faire franchir à BMW le cap des 2 % de parts de marché. Si l'on y ajoute le remplacement de la Série 3 (berline au printemps, break à l'automne, les autres carrosseries n'étant remplacées qu'en 2006 et 2007) et dans une moindre mesure le facelift d'une Série 7 au style quelque peu controversé par certains, BMW devrait cette année encore enregistrer une progression de ses volumes de plus de 15 %.


Parmi les autres progressions attendues, on retiendra notamment Suzuki qui, grâce à la Swift (avril) et au successeur des Vitara/Grand Vitara (octobre), devrait dépasser les 20 000 immatriculations (+ 15 %) et rejoindre le club des marques pesant plus de 1 % du MTM. Kia poursuivra également sa montée en puissance sur le marché français et, avec des volumes moindres, Lancia, Saab, Porsche et Land-Rover bénéficieront eux aussi de leurs nouveautés produits. Seat et Skoda devraient quant à eux progresser comme le marché, c'est-à-dire modérément. A l'inverse, les analystes de R. L. Polk se montrent plus réservés quant aux évolutions de MG Rover, Lada, Chrysler, Jeep, Alfa Romeo et même de Jaguar qui devraient enregistrer des résultats négatifs en 2005.


Jean-François Picone


 





FOCUS

Méthodologie

Les prévisions d'immatriculations de R. L. Polk sont réalisées à partir de modèles économétriques éprouvés depuis plus de trente ans qui tiennent compte de critères macro-économiques (croissance du PIB, revenu des ménages, inflation, taux d'épargne, taux de chômage, taux d'intérêt, indice de confiance des consommateurs, etc.) et de critères plus spécifiques à l'automobile (prix des véhicules, prix des carburants, politique nouveaux modèles, etc.). Au-delà du MTM, les analystes de R. L. Polk déclinent leurs prévisions au niveau du véhicule, c'est-à-dire de la combinaison modèle-carrosserie. Ces prévisions détaillées couvrent plus de 50 pays et permettent aux constructeurs d'affiner leur planification commerciale. Elles sont disponibles jusqu'à l'horizon 2016 au travers du système NewFor. R. L. Polk publie par ailleurs des études sur les différents marchés et notamment une note de synthèse mensuelle du marché français permettant de suivre au plus près l'évolution des immatriculations avec une analyse synthétique du développement à court terme.


 





ZOOM

Qui est R. L. Polk ?

R. L. Polk, dont le siège social est situé aux Etats-Unis (Detroit), est un groupe privé fondé en 1870 qui emploie aujourd'hui 1 600 collaborateurs à travers le monde. L'entreprise travaille exclusivement pour l'industrie automobile sur les thèmes suivants : - Planification marketing et prévisions (analyse et prévision de la demande et de la production mondiale de véhicules). - Gestion des réseaux de distribution (programmes de développement des réseaux de distribution automobile et d'amélioration des performances commerciales). - Gestion des flottes et des VO (programmes permettant de soutenir efficacement la croissance des activités VO et flottes des distributeurs automobiles). - Remarketing et enchères électroniques (applications Internet permettant d'améliorer la revente de véhicules d'occasions). - Après-vente & CRM (programmes réalisés sur mesure dans le but d'optimiser la fidélisation de la clientèle au travers notamment d'opérations de marketing direct).

Voir aussi :

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