Wind: Dès que le Vent soufflera...

...avoir un avenir de série.

Après un vaste chapitre consacré à de savantes constructions géométriques et à des études architecturées, Renault revient, avec Wind, à des choses plus simples. Simples, mais nullement simplistes, car le concept Wind s'impose avec une évidence douce et chatoyante. Ce roadster 2+1, qui n'est pas sans rappeler la Fiat Barchetta ou certaines MG, s'affirme comme une petite boule de charme, à la fois nerveuse et câline. "L'extérieur associe la sensualité des formes fluides au dynamisme des lignes de carre chanfreinées. L'intérieur est comme un gant, bien ajusté", déclare ainsi Patrick le Quément, directeur du Design Renault. Le style extérieur de Wind se singularise par deux lignes principales : la première traverse les flancs du véhicule donnant naissance aux ailes avant et arrière et se courbant au niveau des passages de roues, tandis que la seconde, plus affirmée, entoure l'habitacle. Cette économie d'effets joue sur le registre de la protection rassurante, à mille lieues du minimalisme très intellectualisé entrevu naguère sur des concepts de la marque. Tout en douceur, Wind évite cependant l'écueil de l'insipidité par le biais du traitement des détails. Les optiques avant étirées sur le capot sont ainsi pourvues d'un dessin très acéré qui confère au roadster une naturelle dimension sportive. La prise d'air centrale du capot, sans être ostentatoire, remplit le même office. Les feux arrière, deux LED éclairant des lamelles de verre parallèles et créant un flux lumineux à la fois longitudinal et latéral, donnent aussi du caractère au véhicule, sur le mode de l'accident de relief, particulièrement efficace vu de trois quarts avant. Enfin, la courbe du pare-brise panoramique, que l'on dirait droit sorti d'un catalogue de vedettes nautiques, inscrit définitivement Wind dans le champ de la vive détente. Très protecteur, l'habitacle épouse la forme d'une enveloppe autour des passagers. Ce "cocon", comme le désignent les designers Renault, est clairement matérialisé par une feuille de cuir couleur Sienne. La palette chromatique de l'intérieur de Wind tient d'ailleurs de la déclinaison de teintes tabac.

Le Wind pourrait être annonciateur de la commercialisation d'un petit cabriolet Renault De plus, l'espace intérieur de Wind se révèle être le royaume du touch design et de figures de style signifiantes. Toutes les commandes sont en aluminium anodisé et font la part belle à l'ergonomie et à la concentration des fonctions. Par exemple, une commande centrale circulaire rassemble les fonctions de communication, de musique, de navigation et de services, la sélection s'opérant par l'intermédiaire d'un unique diabolo. De même, un seul compteur réunit toutes les informations sous formes analogique et digitale. Epuré, le volant comprend, lui, des palettes qui assurent les changements de rapports. Enfin, il convient de décerner une mention spéciale au pédalier, variation minimale à trois motifs, qui s'apparente à une sculpture contemporaine. Volant et pédalier se rétractent automatiquement à l'ouverture de la porte pour faciliter l'accès à bord, car les sièges, fidèles à la vocation sportive du roadster, sont fixes. La modularité n'est cependant pas absente de Wind, puisque la partie centrale qui relie les dossiers des sièges, une fois déclipsée et retournée selon le principe de la selle de cheval, offre une troisième place d'appoint. Au final, l'habitacle de Wind, à l'image de certaines œuvres de Paul Valéry, poète féru de dessin dont une citation orne d'ailleurs un mur du centre satellite de design Renault à Paris, réussit l'union de la sécheresse et de la profusion. Ce concept-car, dont les fondamentaux sont aisément duplicables en série, peut laisser entendre que Renault étudie l'opportunité de lancer un petit cabriolet. La conjecture deviendra-t-elle théorème ? Nous en saurons sans doute plus à Genève. En attendant, dès que le Vent soufflera, nous l'adopterons !

Alexandre Guillet