Volkswagen dans la tourmente

...doit mettre bon ordre à tout cela en prévoyant un programme d'économies de 2 milliards d'euros supplémentaires d'ici 2005.

L'apathie du marché automobile mondial aura eu des répercussions néfastes sur pratiquement tous les constructeurs. Le groupe Volkswagen a cependant été particulièrement touché, la firme de Wolfsburg enregistrant des résultats assez médiocres en 2003. Même si son chiffre d'affaires connaît une légère hausse de 0,2 % par rapport à 2002, son résultat opérationnel, en revanche, est très nettement inférieur à celui de l'année précédente. Il passe ainsi de 4,761 milliards d'euros en 2002 à 1,78 milliard d'euros, soit une chute abyssale de 62,6 % d'une année sur l'autre. Des éléments exceptionnels ont quelque peu grevé le résultat opérationnel, à hauteur de 711 millions d'euros, dont notamment des frais de restructuration au Brésil. Mais la faute en revient surtout, selon les dirigeants de Volkswagen, à d'autres éléments telles la faiblesse du dollar face à l'euro, la guerre des prix que se sont livrés les constructeurs sur le marché nord-américain, avec des politiques promotionnelles extrêmement agressives, ou la mollesse de la demande de véhicules neufs qui a eu pour effet d'augmenter la pression sur les marges. L'Amérique du Nord est ainsi la région du monde qui a le plus reculé pour Volkswagen, son chiffre d'affaires sur ce marché baissant de 15,3 % pour se fixer à 14,6 milliards d'euros. L'Europe, au contraire, augmente de 2,9 % avec un chiffre d'affaires de 62 milliards d'euros réalisé sur le Vieux Continent. Par ailleurs, le lancement de nouveaux modèles, du fait des coûts élevés de démarrage, a également eu un impact négatif sur le résultat du groupe. En effet, 2003 a été une année assez riche en nouveautés, puisque pas moins de 12 nouveaux véhicules, dont la nouvelle Golf, la New Beetle Cabriolet ou encore l'Audi A3, ont pris le chemin des concessions. C'est le groupe des marques Audi (Audi, Seat, Lamborghini) qui a le plus contribué au résultat opérationnel puisqu'il a rapporté 1,1 milliard d'euros au groupe VW. Le groupe de marques Volkswagen (Volkswagen, Skoda, Bentley et Bugatti), quant à lui, a rapporté 649 millions d'euros, soit 1,8 milliard d'euros de moins que l'année d'avant, tandis que la division véhicules utilitaires a enregistré une perte opérationnelle de 218 millions d'euros.

ForMotion doit relancer la mécanique

Ces résultats peu encourageants pour Volkswagen ont conduit les dirigeants du groupe à mettre en place un plan d'économies visant à rétablir la situation financière du groupe. En effet, selon Bernd Pischetsrieder, P-dg du groupe Volkswagen, les conditions économiques difficiles que les entreprises ont connues en 2003 ne devraient pas s'améliorer dans les mois à venir. "Janvier 2004 a été le mois le plus faible depuis de nombreuses années", déplore-t-il. Et même si le groupe a malgré tout réussi à augmenter ses parts de marché en ces temps troublés, Bernd Pischetsrieder assure néanmoins que "des parts qui augmentent dans un marché qui rétrécit ne peuvent pas être une base durable pour une planification". En fait, le constructeur a besoin de faire des économies afin de relancer sa rentabilité, certains estimant notamment que la politique de diversification de la marque VW dans le luxe a coûté fort cher au groupe. C'est donc le plan baptisé "ForMotion" qui doit remettre Volkswagen sur de bons rails. Pudiquement appelé "programme d'amélioration de la performance", ForMotion a néanmoins pour principal objectif l'ambition de réduire les coûts de façon drastique. Le groupe entend purement et simplement doubler son programme d'économies d'ici 2005. Le président de Volkswagen rappelle ainsi avoir économisé un milliard d'euros par an lors des deux dernières années et ajoute que le plan initial prévoyait de continuer sur ce même schéma annuel jusqu'en 2005. "Le programme ForMotion aura pour effet d'économiser 2 milliards d'euros de plus d'ici 2005, en plus des mesures actuellement en cours", annonce-t-il. Soit, en tout, 4 milliards d'euros d'économies entre 2004 et 2005.

Volkswagen tire au maximum sur les coûts

Ces réductions de coûts vont notamment passer par une réduction de l'effectif global. Près de 5 000 employés en moins sont prévus d'ici 2005, dont 2 000 à 2 500 en Allemagne, le groupe soulignant toutefois que ces départs se feront grâce aux fluctuations naturelles et à des départs en retraite anticipés déjà prévus. En tout, cela correspond à une réduction de 3,5 % de l'effectif total du groupe. D'autres moyens de réduire les coûts sont également abordés dans ce programme ForMotion. Le groupe compte ainsi réaliser près de 800 millions d'euros d'économies en réduisant le coût des pièces, que ce soit en baissant les coûts de production ou bien en trouvant de nouvelles sources d'approvisionnement. De même, la politique de modules associée à la stratégie de plate-forme doit permettre de réduire les frais de développement et de lancement des nouveaux véhicules, ce qui devrait se traduire par des économies de l'ordre de 250 millions d'euros en 2005. Le secteur de la vente devrait également être optimisé afin de réaliser des gains supplémentaires d'environ 300 millions d'euros, soit en revoyant l'organisation des services, soit en améliorant la performance du groupe sur certains marchés tels que la location ou les flottes. Enfin, près de 250 millions d'euros de plus devraient être gagnés en développant les services financiers proposés aux clients, en optimisant l'activité véhicules utilitaires et en réduisant les coûts de structures des filiales étrangères. Prévu pour être complètement effectif en 2005, ce programme devrait néanmoins déjà faire sentir ses effets en 2004. Pourtant, Bernd Pischetsrieder n'affiche pas un optimisme débridé et annonce même que "le résultat opérationnel pour le premier trimestre 2004 sera mauvais". En ce qui concerne les volumes de ventes, le P-dg reste très prudent et affirme que "vouloir augmenter nos volumes à n'importe quel prix n'a pas de sens". Il ajoute : "Il serait facile d'utiliser certains outils, tels que les rabais, pour augmenter nos ventes, mais cela détériorerait notre résultat financier." Vu la situation du marché, le constructeur estime qu'atteindre le même résultat opérationnel en 2004 qu'en 2003 est "un objectif ambitieux".

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• Volkswagen