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Constructeurs

Vers une stabilisation des ventes

Publié le 24 janvier 2013

Par Clotilde Chenevoy
8 min de lecture
A l’occasion du salon Midest, le Bipe est revenu sur une année 2012 en berne pour la production et la vente d’automobiles en Europe. Vivement 2016 !
Entre 2000 et 2009, la production automobile française a perdu près de 1,5 million d’unités.

Le Midest, qui s’est tenu du 6 au 9 novembre 2012, a été inauguré cette année par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif. Pendant près de deux heures, le politique est allé à la rencontre des exposants, rappelant l’importance de l’industrie en France. Pour autant, les perspectives délivrées par le BIPE font état, dans le domaine de l’industrie automobile, d’un secteur en désarroi, mais pas en naufrage. “La production est en forte baisse, en raison d’un manque de compétitivité et de délocalisations certes, mais également de la chute lourde et durable des marchés domestiques, précise Eric Champarnaud, associé et vice-président du BIPE. C’est un fait désolant et incontestable.”

Ainsi, en 2000, la production de véhicules en France atteignait les 3,5 millions de voitures, avec des exportations nettes jusqu’en 2008. En 2009, les résultats ont chuté à 2 millions d’unités, même si la prime à la casse a permis de faire tourner les usines. Autres chiffres évocateurs de ce déclin : début 2000, l’Europe fournissait un tiers de la production du monde dont un quart venait d’Europe de l’Ouest ; en 2012, le Vieux Continent ne représente désormais plus qu’un quart de la production, dont 17 % en Europe de l’Ouest et 8 % pour l’Europe de l’Est.

L’emploi et les finances trinquent

Ces résultats impactent d’une part l’emploi et, d’autre part, le financement de la filière. En effet, la profession revoit chaque année ses effectifs à la baisse. Il existe tout de même des niches qui font face à la pénurie de main-d’œuvre. On peut notamment citer les métiers axés sur les alternatives du pétrole, avec les nouvelles propulsions, la dépollution, la chimie verte, les bio-ressources ou encore le recyclage. “Il faut créer un cercle vertueux, où la France doit proposer des formations dans ces domaines, selon le savoir-faire régional, précise Eric Champarnaud. L’innovation et la R&D doivent servir d’appui pour la création d’emplois innovants.” Mais côté financement, les entreprises rencontrent des difficultés car les banques ne suivent pas les dossiers, alors que les carnets de commandes sont parfois remplis. Les donneurs d’ordre et les sous-traitants cherchent donc ensemble des solutions de financement.

Au final, “l’Europe, dont la France, a perdu des parts de marché sur le plan mondial, mais aujourd’hui, l’essentiel du choc est passé, commente le responsable du cabinet. Dans notre scénario, nous continuons d’envisager un recul de la production, mais sur un rythme moins dramatiquement bas qu’en 2012. Nous tablons sur une relative stabilité à cinq ans, après la perte de 10 points en dix ans.”

Le salut avec le VO et les ventes aux sociétés

Dans l’Europe du G5, le marché de l’automobile se divise aujourd’hui à 50/50 entre les particuliers et les entreprises. Cet équilibre a été atteint plus rapidement que les différentes analyses ne l’envisageaient. Pour rappel, en 2000, les ventes aux particuliers représentaient 60 % des volumes, contre 40 % pour les professionnels.

En 2012 en France, les ventes auprès des ménages ont baissé de près de 20 %, pour atteindre 1,039 million d’unités. Depuis 2009, année de mise en place de la prime à la casse, ce canal aura perdu près de 500 000 unités. Les ménages se montrent moins enclins à investir, avec un pouvoir d’achat en berne jusqu’en 2014 : avec une croissance du nombre des ménages de l’ordre de 1 % par an, le pouvoir d’achat par ménage devrait même reculer. Les ventes auprès des ménages sont d’ailleurs passées en dessous du seuil de 1997 (1,153 million), année du contrecoup des Balladurettes et Jupettes.

Le VO, une solution ?

Le VO représente l’une des solutions pour économiser. Ces véhicules proviennent d’ailleurs pour partie d’une rotation du parc des véhicules de sociétés.

En 2012, le marché des sociétés a mieux tenu que celui des ménages (-6.4 % entre 2011 et 2012), bien que le mix segment de leurs ventes ait également tendance à se réduire, mais dans une moindre mesure que celui des particuliers. Il est toutefois compensé par l’augmentation de la valeur des équipements. Les modèles sont plus compacts, mais mieux équipés. Dans la même logique, si on classe les véhicules par leur taux de rejet de CO2, on note qu’en 2010, 10 % des volumes étaient compris entre 121 et 130 g, contre 14 % en 2011. Par ailleurs, les entreprises ne se contentent pas d’acheter un véhicule, ils ajoutent des services annexes. Un phénomène que l’on ne retrouve pas autant chez les ménages.

L’automobile devient en outre un levier pour motiver le personnel. En effet, selon le BIPE, l’ajout d’une automobile de fonction revient moins cher, en termes de charges, à l’entreprise, qu’augmenter en euros les salaires. Ainsi, la location longue durée, sur 3 à 4 ans, prend de l’ampleur. Les grands groupes choisissent d’ailleurs de plus en plus d’externaliser la gestion de leur parc automobile. Une solution qui intéresse également les PME et TPE, qui examinent davantage leur budget automobile.

Dans ce cadre, selon le BIPE, les ventes d’hybrides aux sociétés devraient d’ailleurs croître, particulièrement avec l’avantage fiscal mis en place par le gouvernement. Ces véhicules représentaient en 2011 moins de 1 % des ventes, comme l’électrique, et un an plus tard, ils atteignent plus de 2,2 % de part de marché. “On arrive sur un point d’inflexion, dû en particulier à la généralisation de l’offre, commente Eric Champarnaud. Toyota reste toujours en tête des ventes, avec 50 % des volumes, mais on note cependant une arrivée marquante de PSA, et de nombreuses autres marques ont également un produit dans leur gamme. Les hybrides représentent un vrai gain pour les entreprises dès l’achat avec le bonus, à l’usage, ainsi qu’en termes d’image environnementale. De plus, avec des hybrides, l’éco-conduite prime, ce qui entraîne une baisse de la sinistralité et, au final, cela devrait se répercuter à terme sur le prix de l’assurance.”

Quid de 2013 ?

Selon les analyses du BIPE, le marché automobile européen a connu entre 2010 et 2012 le creux de la vague. Un effet de correction pourrait s’appliquer en 2013 avec 12,9 millions de VL attendus. Ensuite, il remontera progressivement. On reste toutefois loin de la période d’avant la crise. En effet, à l’horizon 2018, le marché devrait atteindre 15 millions d’unités, contre 17 millions avant 2008.
Cette tendance s’explique par les effets de la crise économique, qui se conjuguent avec ceux d’une crise structurelle. De plus, le taux d’équipement se révèle relativement élevé, avec 500 véhicules pour 1 000 habitants en France et 600 véhicules pour 1 000 en Italie. Du coup, la croissance ne se fera, à terme, que par la seule croissance démographique. Dans l’Hexagone, les ventes ont été maintenues en 2009 et 2010, grâce à la prime à la casse. Si l’année 2011 a bénéficié de quelques reliquats des commandes passées fin 2010, une plus sérieuse baisse a été relevée en 2012, avec un volume de 1,89 million d’unités de VP. “Avec une très légère remontée des ventes en toute fin d’année, précise Eric Champarnaud. Les marques veulent sauver leurs parts de marché en augmentant leurs promotions pour écouler les stocks. Tous les ans, on retrouve le même schéma. De plus, le durcissement du malus a entraîné un achat anticipé des véhicules fortement malusés.”
En 2013, le marché s’effectuera dans un contexte de croissance molle. “Nous estimons, dans ce scénario, que les ventes pourraient tomber à 1,845 million d’unités, avec un risque non négligeable de passer en dessous du seuil des 1,8 million. Nous savons que certaines marques s’y préparent. Toutefois, le BIPE estime que le marché ne baissera pas plus, et remontera même légèrement autour de 2,2 millions d’unités à l’horizon 2016.*”

*Sources : Observatoires européens de conjoncture automobile et des énergies nouvelles dans les transports terrestres du BIPE.

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FOCUS - L’entretien auto en baisse

L’âge moyen du parc se situe à 8,2 ans. Il a été stabilisé grâce à la prime à la casse. Plus le parc vieillit, plus il aura besoin d’être entretenu. Pour autant, le marché de l’entretien et de la réparation se trouve également en baisse en raison de la crise économique. La hausse des prix a permis de maintenir le marché en valeur. Le BIPE note un retour du Do-it sur les véhicules low cost ou simples, et un recours au principe de Buy and Fit (achat en ligne avec un montage et atelier).

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FOCUS - Place de l’auto dans la société

Avant la crise de 2008, 78 % des déplacements de la population française se faisaient en voiture. Le choc financier a entraîné une diversification des mobilités, l’automobile diminuant un peu plus chaque année. Ainsi, en 2012, 72 % des déplacements se sont faits en voiture (voir graphique ci-contre), avec une plus grande variété de mobilités dites douces : les transports en commun (23 %), la marche à pied (37 %) ou encore le vélo (8 %). En milieu rural, la voiture conserve une place prépondérante, alors qu’en milieu urbain, le nombre de jeunes de moins de 30 ans ayant leur permis tend à diminuer.
(Source : Observatoire Européen des Mobilités et des arbitrages automobiles du BIPE).

 

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