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Constructeurs

Un remède de cheval pour Opel...

Publié le 9 février 2012

Par Alexandre Guillet
3 min de lecture
La tension monte autour d'Opel ! Après l'envoi d'une task-force américaine aux allures déjà funestes, des indiscrétions évoquent une restructuration radicale. Voire pire, à terme.

Quand, pressé de questions, un grand patron répond que rien n'est à vendre, vous n'êtes pas obligés de le croire... Le "Opel n'est pas à vendre" de Steve Girsky n'avait ainsi rien de rassurant. Surtout qu'Opel, loin de suivre sa feuille de route initiale qui prévoyait un retour à la stabilité en 2012 et un retour aux profits en 2013, n'en finit plus d'accumuler les pertes. A propos des résultats du 4e trimestre 2011, qui doivent être dévoilés prochainement, un dirigeant de GM a même lâché au Wall Street Journal un "horrendous !" qui pourrait être lourd de conséquences. Ouvrons notre Harrap's, "horrendous" signifie tout simplement "épouvantable", "effroyable"...

On peut rappeler qu'Opel/Vauxhall avait déjà posté une perte de 292 millions de dollars au 3e trimestre 2011. "Avec Opel, GM a perdu près de 2,4 milliards de dollars uniquement depuis 2009, pour un total de 11 milliards de dollars depuis 1999", indique froidement Tim Urquhart, analyste chez IHS, avant d'ajouter : "En 2011, GM a dépensé 900 millions de dollars en restructuration et 300 millions sont d'ores et déjà provisionnés sur le même sujet pour 2012".

Une restructuration coûteuse, pour l'heure en mode tonneau des Danaïdes, qui devrait prendre un tour encore plus radical désormais. Le direction de GM a déjà envoyé les "nettoyeurs". Karl-Friedrich Stracke, Steve Girsky, Mary Barra, Dan Ammann et Timothy Lee ont ainsi pris des responsabilités directes au sein d'Opel, selon la volonté de Dan Akerson. Or Tim Urquhart rappelle avec à propos que si Ed Whitacre, ex-CEO de GM, avait milité pour le maintien d'Opel au sein du groupe en 2009, Dan Akerson, déjà membre du Board, avait voté..."contre"... "Il a les idées claires et une approche très pragmatique et ne voit aucune bonne raison de garder une unité générant des pertes, uniquement pour conserver une présence globale sur les marchés mondiaux, surtout que Chevrolet progresse en Europe, malgré un exercice 2011 en demie-teinte dans cette région", appuie l'analyste.

A ses yeux, le traitement qui va être appliqué à Opel s'annonce donc sévère. Il ne confirme pas pour autant les rumeurs de fermeture de sites, à savoir Bochum (Allemagne, 3 100 salariés) et Ellesmere Port (Royaume-Uni, 2 100 salariés). Il ne néglige pas non plus la dimension politique du dossier, le bras de fer avec Angela Merkel en 2009 ayant laissé des traces. Cependant, il estime que dans le plan produits d'Opel, les modèles phares exploitant de nouvelles énergies ont peu de chances de voir le jour. Trop coûteux sous l'angle industriel et de surcroît déconnectés du pouvoir d'achat des clients de la marque. Le report de la version électrique de la future Junior abonde dans son sens.

Dès lors, GM peut-il abandonner Opel/Vauxhall ? "Ce n'est pas inenvisageable", juge Tim Urqhart, même si une autre solution devrait être trouvée à court terme, notamment par rapport aux accords conclus avec les syndicats sur l'emploi jusqu'en 2014. Avec cette autre hypothèse à moyen terme : les dirigeants de GM "sélectionnent 4 ou 5 sites dans la zone Europe, pour les transformer en sites Chevrolet, pour mieux concurrencer Hyundai, Kia ou encore Skoda". Chevrolet pouvant aussi rapatrier une partie de sa production coréenne en Europe. Le centre de R&D de Rüsselsheim "étant aussi conservé pour créer un programme "world-car" sur le modèle de ce que fait Ford". Notons que par rapport au complexe volet politique du dossier, cette hypothèse permettrait de conserver de l'emploi local en Allemagne, même sans le pavillon Opel. Du côté de la direction d'Opel, on se borne à dire que la marque "doit améliorer ses résultats, que ce soit les marges, les coûts ou le chiffre d'affaires".

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