Toyota Touch et gagne

Le multimédia ne doit plus être un produit de riches. Les constructeurs ont pris le temps, mais ils ont fini par comprendre. Réservés aux modèles haut de gamme et souvent à des tarifs élevés, les systèmes embarqués n’ont finalement pu connaître qu’un déploiement limité en termes de pénétration (5 à 10 % environ). Renault a bien saisi le concept en s’associant avec TomTom pour offrir de la navigation à bas prix (490 euros), rencontrant le succès qu’on lui connaît. Ce qui a ouvert la porte à la réflexion chez les autres… Et voilà Toyota qui fait feu le premier. Depuis le 15 septembre, la marque japonaise a intégré une nouvelle option à son catalogue, le Touch and Go.

Il faut le dire, c’est une mini-révolution dans les habitacles. Pas sur le plan technique à proprement parlé, car la technologie est connue, mais sur le plan commercial, assurément. Qu’est-ce qui se cache derrière cette appellation ? Tout simplement une plate-forme multitâche intégrée, dont la panoplie de services rivalise avec les meilleures productions trônant sur les étagères des magasins d’accessoires.

Il y a d’abord le “Touch”

Soit un environnement d’info-divertissement qui, au-delà de la prise en charge de la fonction classique de musique (radio et CD), incorpore en plus la vidéo sur un écran tactile de 6”. Il diffuse notamment les films et les images des caméras de recul, livrées dans le package.

Le Touch assure également la liaison entre la voiture et le téléphone portable. Via le protocole Bluetooth, il gère les communications sur les haut-parleurs de la voiture. Par certains aspects, on peut le comparer au Blue&Me de Fiat et Windows, à ceci près que l’un a choisi une interface tactile quand l’autre a opté pour des commandes vocales. Et c’est d’autant plus surprenant de constater que le système asiatique n’a pas développé la solution de la voix, alors que le contexte législatif tend à se durcir sur ce qui a trait à la manipulation d’appareil en roulant. “Cela viendra par la suite, avec des évolutions du produit”, rassure-t-on chez le constructeur. En attendant, on trouve des astuces. Par exemple, Touch avertit le conducteur de la réception d’un SMS et lui propose alors de répondre soit en tapant un texte librement, soit en envoyant un texte prédéfini s’il est en phase de conduite.

Au moyen du téléchargement par Bluetooth (dit “streaming”), il est de surcroît prévu d’avoir accès, d’une part, aux pistes musicales présentes sur le mobile et, d’autre part, à la webradio de Toyota. Une station privée, unique dans le monde, lancée au printemps par la filiale française pour son réseau et désormais accessible depuis les mobiles. Mais le Bluetooth ne sera pas le seul canal de communication supporté : Toyota a installé une prise USB par laquelle les données peuvent remonter, en particulier les mises à jour du système.

Avec cette nouveauté, le constructeur ouvre surtout la voie aux services télématiques grand public. Plus question de le réserver aux utilisateurs professionnels ou aux seuls véhicules hybrides et électriques, les rapports de conduite seront accessibles à tous. A ce jour, il n’est néanmoins pas possible, comme au Japon, d’extraire les données afin de les stocker sur son ordinateur personnel ou de les envoyer. Ce que regretteront les clients exerçant une profession libérale et attentifs aux dépenses du poste carburant.

Go, sur les traces de TomTom Live

Si le “Touch” est une option qui peut être retenue seule, le client aura la possibilité d’y ajouter le “Go”, la surcouche d’outils de navigation. Mais il n’est aucunement possible de souscrire à la seconde sans la première. On peut cependant recevoir d’origine la composante Touch et y adjoindre le supplément Go en après-vente, puisqu’il s’agit d’installer un boîtier et une antenne GPS.

Pour ce qui est de la cartographie, Toyota a fait appel aux bons soins de Navteq et de sa base européenne. En plus des points d’intérêt natifs, la plate-forme Go se sert du téléphone mobile comme d’un modem pour effectuer des requêtes sur des moteurs de recherche tels Google Maps ou Bing. Un moyen d’obtenir rapidement une réponse et des renseignements utiles même avec un simple mot-clé. Interfacé avec la fonction téléphone du Touch, il suffit de cliquer pour appeler si besoin. Pourtant, on aurait aimé que, dans la liste des résultats, il soit indiqué la distance jusqu’au point d’arrivée, sans avoir forcément à déclencher le guidage.

Car l’avantage de ce système est d’offrir l’accès aux services connectés, “dès lors que l’on est inscrit sur le portail en ligne de Toyota”, recadre Stéphane Boyer, directeur de la relation client de la marque. On parle ici d’informations relatives aux parkings, aux stations-service, à la météo même si, techniquement, les opérateurs ne sont toujours pas en mesure de délivrer des bulletins en temps réel. Et Stéphane Boyer d’oser la comparaison : “Nous sommes au niveau de TomTom et de son offre Live.” Rappelons toutefois qu’en vertu des accords scellés par le passé, l’information trafic de Toyota reste attachée au TMC. Puis de conclure la présentation : “Nous savons que 90 % des fonctionnalités vont séduire facilement nos clients. Les 10 % d’inconnus portent sur la partie télématique qui représente la réelle nouveauté.”

Moins de 600 euros

Au fil du temps, le Touch and Go va se perfectionner et s’enrichir en fonctionnalités et applications, toujours en s’appuyant sur la connexion Internet du mobile. “La consommation ne dépasse pas 1 Mo par mois en moyenne”, selon les premières estimations de Matthieu Crouzet, fraîchement recruté en tant que chargé des services télématiques de Toyota France.

En marge de ce lancement, 900 collaborateurs du réseau français vont passer par Valencienne afin de suivre une formation spécifique. Au quotidien, ils seront assistés d’une hotline, “car il faut réagir et répondre à toutes les interrogations, qu’importent les ressources que cela demande”, affirme Stéphane Boyer.

D’abord installé sur l’ensemble de la gamme Yaris, lancée en ce mois de septembre, le Touch and Go intégrera la Verso S dans la foulée, puis toute la famille Toyota, selon le calendrier des renouvellements. Le constructeur nourrit de grandes ambitions en termes de pénétration, ne serait-ce que du Touch. Il en a toute la légitimité. A moins de 600 euros le pack, peu de clients devraient s’en priver. Renault n’a-t-il pas vendu un million de Carminat TomTom en un an et demi à travers le monde ? Le marché est prêt et en attente, Toyota livre une solution.