Thierry Bolloré : "Renault gagne de l'argent avec l'électrique"
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La nouvelle Clio et la libération sous caution de Carlos Ghosn : un hasard du calendrier que Thierry Bolloré, directeur général du groupe Renault n’a pas pu esquiver. "Tout en restant prudent, compte tenu du contexte, nous nous réjouissons pour lui de cette situation", a ainsi déclaré le nouvel homme fort du constructeur.
Depuis trois mois, date de l’arrestation de Carlos Ghosn à l’aéroport de Tokyo, la concentration reste cependant de rigueur. "Nous ne sommes pas les juges et forcément les équipes ont des doutes. Nous ne pouvons que les aider à se concentrer sur notre mission. Nous avons décidé de mettre nos doutes de côté, pour raisonner sur des faits. L’Alliance n’est pas une option. C’est un bien précieux et nos partenaires, comme nous-mêmes, en avons besoin", a réaffirmé Thierry Bolloré.
De fait, la nouvelle Clio (5e génération), présentée sur le stand Renault, a été conçue sur une nouvelle plateforme de l’Alliance et 80 % des modèles Renault seront, comme prévu, sur des plateformes communes avec Nissan et Mitsubishi. Le directeur général du groupe n’est en tout cas pas inquiet sur la capacité à poursuivre l’œuvre de l’Alliance et à l’améliorer en permanence.
"Nous sommes très imbriqués dans des intérêts communs majeurs que l’on ne peut défaire", a-t-il indiqué. Ainsi, les avancées de l’Alliance, en dehors des sujets automobiles, se poursuivent, comme par exemple le passage en "mode agile pour développer les services tertiaires" ou encore "l’évolution drastique sur les architectures électroniques des véhicules." Sans pour autant confirmer les projets de fusions évoqués par Carlos Ghosn pour les membres de l’Alliance, le directeur général de Renault a tenu néanmoins à préciser que les synergies étaient bien à venir et non passées.
Une filière sous tension
Des synergies indispensables au regard des défis que devront relever les constructeurs automobiles. Le salon de Genève a notamment pointé du doigt les obstacles qui se dressent devant l'industrie automobile. Le premier d'entre eux tient dans la fracture toujours plus importante entre les mondes politique et industriel.
"En tant que constructeur automobile, nous avons besoin d'avoir une visibilité à moyen et long terme et d'un cadencement pour adapter notre outil. Nous avons donc besoin d'une certaine espérance de vie de nos innovations. Mais la réalité du champ réglementaire fait que les autorités nous en demandent toujours plus et toujours plus vite", regrette Thierry Bolloré. Tout comme pour PSA, les pénalités financières liées à la baisse des normes d'émission de CO2 qui menacent les constructeurs "ne sont pas une option", pour Thierry Bolloré.
"En tant que groupe automobile, nous nous sommes préparés depuis longtemps à ces échéances, notamment avec la propulsion électrique et nous sommes ravis car les volumes vont s'accélérer. Or, nous maîtrisons cet environnement et nous gagnons de l'argent avec l'électrique", a reconnu Thierry Bolloré qui a précisé que la réglementation ne remettait pas en cause le plan à moyen terme de la production.
Mais pour le constructeur, respecter les limites de 95 g de CO2 dès 2020 signifie un mix de vente de 15 % au minimum de véhicules électriques tout en faisant contribuer la performance de la gamme de moteurs thermique et hybride. "Nous avons déjà fait beaucoup de ménage dans les gammes. Le plan de marche est calé. C'est tendu, c'est clair mais nous y arriverons et après 2020, ce sera plus facile"; ajoute le directeur général de Renault.
Le constructeur, pour sa nouvelle Clio, annonce une technologie hybride, fondée sur une proposition électrique qui permet de rouler sur cette motorisation jusqu'à 50 km/h. Selon les lois de roulage, le client pourra ainsi faire plus de 80 % de son trajet quotidien grâce au moteur électrique. D'ailleurs, ce choix de technologie hybride sera reprise par l'ensemble des membres de l'Alliance. "Je suis un fervent défenseur de cette technologie, que j'avais d'ailleurs poussée dans les discussions. Elle n'est pas rechargeable mais dispose des mêmes valeurs d'usage que les rechargeables", reconnaît Thierry Bolloré.
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