Saikawa reconduit à la tête de Nissan, Senard joue l’apaisement
En pleine tempête, Hiroto Saikawa sauve sa tête en tant que président directeur général de Nissan. Fragilisé par l’affaire Ghosn et sans doute encore plus par des résultats en berne, l’ex-bras droit de l’ancien patron de l’Alliance a été reconduit à son poste lors de l’assemblée générale ordinaire des actionnaires qui s’est tenue à Yokohama, en banlieue de Tokyo. Les actionnaires ont également approuvé le nouveau schéma de gouvernance destiné à renforcer les contrôles internes, avec le soutien de Renault qui avait un temps menacé de s’abstenir. Selon l’accord trouvé, Jean-Dominique Senard, le président du conseil d’administration de Renault, mais aussi le directeur exécutif de la marque au losange Thierry Bolloré, siégeront au sein de deux des trois comités créés pour renforcer ces contrôles internes (nominations, audit et rémunérations).
"Nous venons juste de commencer notre nouveau futur après être sorti d’un incident inattendu. Nous avons encore de nombreux défis. Notre plus grand objectif est de sortir de cette stagnation. L’incident a affecté les résultats directement et indirectement. La plupart des problèmes que nous rencontrons sont l’héritage négatif de la précédente direction", a déclaré Hiroto Saikawa au cours de l’assemblée générale. Le patron de Nissan s’est par ailleurs dit prêt à discuter avec Renault de la structure de l’Alliance, fortement secouée suite à l’éviction de son bâtisseur Carlos Ghosn et par la récente tentative de fusion entre Renault et FCA.
Hiroto Saikawa, qui a récemment rejeté une offre d'intégration du constructeur français, insistant sur la nécessité de redresser Nissan d'abord, a adouci sa position devant ses actionnaires. "Nous avons repoussé les discussions, mais ce report peut engendrer un affaiblissement de la coopération et affecter les opérations au quotidien", a-t-il lancé tout en se disant disposé à reprendre le dialogue avec le président de Renault, Jean-Dominique Senard. "Nous devons trouver une structure qui rende l'Alliance pérenne : devons-nous revoir les participations croisées ? Peut-être, peut-être pas", a précisé le patron de Nissan. "Si le déséquilibre devient un facteur d'instabilité, alors nous mettrons le sujet sur la table". Rappelons que Renault détient 43 % de Nissan, mais ce dernier ne possède que 15 % du groupe français et pas de droit de vote.
Senard apaise les tensions
Dans le même temps, Hiroto Saikawa a tenu à rassurer des actionnaires inquiets, l'un d'entre eux l'appelant à "ne pas sacrifier Nissan". "Nissan restera Nissan, il n'y a pas de changement sur ce point", a répondu le patron du groupe japonais, insistant sur "l'autonomie" des différents membres de la première alliance automobile au monde, qui compte aussi Mitsubishi Motors.
Jean-Dominique Senard a pour sa part été interpellé par un participant très remonté après les récents événements : une proposition d'intégration dont Nissan ne voulait pas, puis un projet de rapprochement avec Fiat Chrysler dont Nissan n'avait pas été informé et enfin une menace de blocage de l’assemblée générale. Le responsable de Renault a assuré de sa bonne foi, de sa volonté de tout faire "pour le bien" de la compagnie nippone. "Depuis que je suis arrivé, j'ai tout fait pour apaiser" les tensions de l'alliance, a-t-il dit, rappelant notamment avoir "abandonné son droit" à présider Nissan.
Quant à une fusion avec FCA, "cela aurait été un projet formidable pour Nissan et pour l'alliance", a estimé Jean-Dominique Senard, regrettant "cette occasion perdue". "Je vous prie de me croire, je n'avais aucune intention agressive", a-t-il répété à plusieurs reprises, et "je m'excuse une nouvelle fois si vous en éprouvez du ressentiment à mon égard". Enfin, sur la réforme de gouvernance, le président du conseil d'administration de Renault voulait simplement "équité et parité", a-t-il justifié. (avec AFP)
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