Renault : vers un ticket Senard-Bolloré
Le tandem composé de Thierry Bolloré, adjoint et dauphin désigné de Carlos Ghosn, et Jean-Dominique Senard, patron de Michelin, devrait prendre les commandes de Renault jeudi, mettant fin à l'ère Ghosn ouverte en 2005. Un conseil d'administration du constructeur automobile est prévu jeudi, à partir de 10h au siège du constructeur à Boulogne-Billancourt, près de Paris.
Renault a confirmé la tenue de cette réunion, mais n'a pas souhaité faire de commentaire sur la succession de son patron, incarcéré depuis le 19 novembre au Japon où il a été mis en examen pour abus de confiance et malversations. Une source proche du dossier a cependant indiqué à l'AFP que le poste de PDG de M. Ghosn serait bien scindé en deux fonctions : une direction générale exécutive d'un côté, la présidence du conseil d'administration de l'autre.
Selon cette source, M. Bolloré devrait être nommé directeur général, après avoir assuré l'intérim de ce poste depuis fin novembre. Ce Breton de 55 ans, discret et jusqu'alors peu connu du grand public, est un fin connaisseur de l'Asie et du Japon. Il assurera la continuité au sein du groupe qu'il avait rejoint en 2012, en provenance de l'équipementier Faurecia.
Jean-Dominique Senard, 66 ans en mars et qui devait passer la main en mai prochain comme patron de Michelin, deviendrait président du conseil d'administration de Renault. Cet homme à l'image de patron social semblait avoir les faveurs du gouvernement français, alors que l’État est premier actionnaire de Renault avec 15 % du capital et près de 22 % des droits de vote.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait demandé le 16 janvier dernier la convocation "dans les prochains jours" d'un conseil d'administration de Renault pour désigner un successeur à Carlos Ghosn, estimant que ce dernier étant empêché de diriger le groupe, il fallait désormais tourner la page.
La nouvelle direction de Renault aura pour mission délicate d'apaiser les ressentiments et de remettre sur les rails cette alliance cruciale pour chacun des partenaires. Mais pas question pour l'instant de toucher à sa structure fondée sur des participations croisées et dirigée par une société aux Pays-Bas, RNBV, dont la présidence revient de droit à un dirigeant de Renault.
Les dirigeants japonais semblaient pousser pour un rééquilibrage du pouvoir au sein de l'Alliance. Ces dernières semaines, des responsables de Nissan ont régulièrement laissé filtrer dans la presse des révélations sur les agissements de leur ancien patron.
Après 14 ans de règne à la tête du groupe, Carlos Ghosn va cependant léguer une entreprise en bonne santé financière, dont il aura augmenté le volume des ventes mondiales de plus de 50 % à près de 4 millions de véhicules (hors Nissan et Mitsubishi), en développant notamment le créneau du low-cost avec les marques Dacia et Lada. (avec AFP)
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