Renault revoit sa copie à Flins
Comme prévu, Flins aura son usine de production de batteries. Ce site, appelé à devenir le cœur de l’activité électrique de Renault, devrait fabriquer ses premières batteries début 2014, alors qu’elles étaient attendues pour mi-2012.
Renault a effectivement dû revoir sa copie suite au retrait de l’Etat, du CEA et du FSI qui devaient faire partie de l’aventure. Sans remettre en cause l’investissement initial de 600 millions d’euros, Renault a choisi de confier la fabrication des batteries à Nissan sur le site, dans des bâtiments qui resteront la propriété du français. Le nippon versera alors un loyer. Les seules interrogations, pour l’heure, portent sur le nombre d’embauches et la production annuelle visée. Il se murmure que Renault aurait revu à la baisse le nombre d’embauches avec 220 à 230 postes contre les 500 initialement prévus. De la même manière, la production annuelle envisagée serait pour l’heure calibrée pour 25 000 unités contre 100 000 unités annoncées à l’origine. Parions que si le succès des produits ZE est au rendez-vous, emplois et cadences seront revus à la hausse.
En attendant, d’ici le début de la production, Renault va se fournir chez ses partenaires actuels que sont le japonais NEC et le coréen LG Chem. Par la suite, le français pourra également s’approvisionner directement chez Nissan puisque ce dernier va disposer de deux autres sites de production de batteries en Europe, l’un au Portugal et l’autre en Angleterre sur le site historique de Sunderland. D’ailleurs, pour cette usine anglaise, où Nissan a prévu d’investir plus de 450 millions d’euros pour produire la Leaf et des batteries, le japonais sera soutenu par un prêt de 220 millions d’euros octroyé par la Banque Européenne d’investissement (BEI), mais aussi par une aide de 23,1 millions de la part du Gouvernement britannique. En France, au lieu de se réjouir de cette nouvelle implantation à Flins, des voix s’élèvent. Enfin une !
“Une décision ahurissante”… de réalisme et de logique !
Tout ce qui entoure Renault et Carlos Ghosn étant surveillé comme le lait sur le feu, il était donc tout à fait logique de voir monter au créneau la sphère politique. Enfin, pour être précis, un politique : Christian Estrosi, l’ancien ministre de l’Industrie et Maire de Nice, qui avait signé l’accord avec Renault en 2009. Ce dernier dénonce “le mensonge permanent des dirigeants de Renault.” Pour lui, le fait de faire fabriquer les batteries par Nissan est “une décision ahurissante” écrit-il encore. Même si quelque fois, la stratégie de Renault mériterait plus de clarté, ici il s’agit d’une décision ahurissante… de réalisme et de logique ! Quand bien même cette technologie aurait été développée par des ingénieurs Nissan, M. Estrosi semble avoir oublié que Renault et Nissan forment une alliance et que les technologies sont communes. De plus, le programme électrique de Renault ne peut être dissocié de celui de Nissan puisque c’est l’Alliance qui a investi plus de 4 milliards d’euros. Puis Renault est maître chez lui puisque l’Etat et ses divers bras financiers, comme le CEA et le FSI, ne font plus partie du projet. Certes, l’Etat demeure actionnaire de Renault, mais pour l’heure, l’actuel ministre chargé de l’Industrie, Eric Besson, ne s’est pas ému de cette décision.
Et le Maire de Nice insiste : “Comment accepter qu’une voiture produite par Renault n’ait que 40 % de ses composants français ?” Une fois de plus, la caricature n’est pas loin. Alors restons-y ! N’est-il pas ahurissant de voir la ville de Nice “offrir” 41 voitures électriques 100 % japonaises dans le cadre de son Autolib local baptisé AutoBleue. Certes, il s’agit de Peugeot Ion, mais cette dernière, comme la Citroën C-Zéro, est exclusivement produite par Mitsubishi au Japon. A la décharge du Maire de Nice, son AutoBleue propose également 10 Citroën Berlingo Venturi et bientôt des Heuliez Mia. Y aura-t-il un jour des Renault électriques dans les rues de Nice ? Bien qu’à terme AutoBleue doive compter 210 véhicules électriques, rien n’est moins sûr.
Ceci étant, et pour redevenir plus sérieux, la production de batteries en France et en Europe est un enjeu stratégique car jusqu’ici elles le sont majoritairement en Asie. En effet, le Japon représente 41 % de la production mondiale, la Corée du Sud 36 %, la Chine 16 % et enfin les autres pays 7 % ! Il est donc plus que temps de réagir.
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ZOOM - Ça se précise en Algérie
Selon Mohammed Benmeradi, le ministre algérien de l’Industrie, le futur site de production du groupe Renault pourrait se situer à Jijel, à 350 km à l’Est d’Alger. “Les négociations se poursuivent et nous espérons arriver à un accord d’ici la fin de l’année” a-t-il indiqué. Cette usine (51 % Etat Algérien, 49 % Renault), qui produirait 75 000 unités dans un premier temps et 150 000 à terme, pourrait être livrée dans les 18 mois suivant l’accord a précisé le Ministre. Le groupe français devrait rencontrer sous peu une délégation d’une soixantaine de sous-traitants publics et privés afin de les intégrer au projet. Au premier semestre 2011, la quarantaine de concessionnaires de la marque dans le pays ont importé et vendu 164 138 véhicules. Une progression de plus de 34 %.
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