Renault - “Reconquérir les clients qui ont délaissé les monospaces”
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Comment expliquez-vous que le modèle de série soit aussi proche du concept dévoilé l’an passé ?
LAURENS VAN DEN ACKER & FRANÇOIS LEBOINE. En fait, on peut prendre les choses inversement et reconnaître que le concept-car était très proche d’un véhicule de série. D’ailleurs, nous avions rajouté des éléments de cosmétique sur le concept pour qu’il soit vraiment typé “concept-car”… L’objectif était de bien expliquer le changement que nous avions choisi de faire, afin d’assurer une transition en douceur. Nous avions donc essayé de bien préparer le terrain pour montrer la façon dont nous réinventions l’Espace.
JA. Que reste-t-il des anciennes générations d’Espace sur ce nouveau modèle ?
LVDA & FL. Si la silhouette a radicalement changé, en lien avec l’évolution des goûts des clients et du poids des différents segments sur le marché, nous pensons qu’on retrouve l’état d’esprit des anciennes générations d’Espace dans l’habitacle, dans un traitement de l’espace à vivre très généreux malgré un gabarit plus réduit par exemple, ou encore via la praticité, le rabattement des sièges en étant une parfaite illustration. Par ailleurs, nous avons développé une nouvelle approche du mot “espace” en ne le traitant pas uniquement sous l’angle de la quantité, mais aussi sous l’angle de la qualité. Le véhicule est moins sommaire qu’auparavant et fait valoir modernité et réel souci du détail.
JA. Avec ce modèle, Renault vient faire une incursion dans un micro-territoire du Premium : quelle est, à vos yeux, la légitimité de la marque dans ce domaine ?
LVDA & FL. Au premier chef, nous préférons parler de haut de gamme que de Premium. En effet, le Premium renvoie à une notion d’image et de positionnement dans la durée à laquelle Renault ne peut, pour l’heure, pas prétendre. En outre, l’objectif de Renault n’est pas de devenir un constructeur Premium et encore moins avec un seul modèle. En revanche, avec ce modèle, nous avons passé une épreuve de nature Premium, en travaillant avec les équipes d’Infiniti au sein de l’Alliance et en bénéficiant de l’expertise de Daimler, puisque leurs équipes sont vraiment intervenues à tous les jalons industriels du projet. En somme, c’est très enrichissant, mais notre objectif reste de reconquérir des clients qui ont délaissé les monospaces pour les crossover, en proposant un bel objet, un véhicule sept places qui suscite vraiment l’envie.
JA. Quels sont les petits regrets que vous nourrissez par rapport à ce projet, les compromis qui vous ont chiffonnés ?
LVDA & FL. Nous sommes des designers, donc il y en a toujours plein ! Des roues de 24 pouces, un moteur ultra-puissant, 4 roues motrices… Mais restons sérieux, c’est surtout un projet très positif qui nous a permis de relever de nombreux défis : l’abaissement du véhicule malgré les contraintes aérodynamiques, la traverse avant ultra-compacte, la qualité des optiques, etc. Ce modèle doit vraiment beaucoup aux ingénieurs, nos “meilleurs ennemis” ! Dans l’habitacle, nous avons aussi réussi à imposer certains choix, pourtant délicats par rapport à la maîtrise des coûts : toit panoramique ouvrant, roues de 20 pouces, la planche de bord flottante, la qualité des écrans et ce pommeau de levier de vitesses qui est un objet de style à lui seul par exemple ! Ce n’est pas si naturel que cela au sein d’une marque comme Renault. C’est donc une réelle fierté pour nous.
JA. Le cycle de la marguerite a rehaussé l’image de Renault, mais il s’achève : en appelle-t-il un autre ?
LVDA & FL. Ce cycle n’est pas vraiment achevé, car il y a encore des lancements importants à venir, comme notre gamme complète de SUV ou la nouvelle Laguna. Par ailleurs, merci pour le compliment, mais nous ne savons pas si nous avons vraiment rehaussé l’image de Renault et en tout état de cause, il reste encore beaucoup de progrès à faire. Il y aura donc un autre cycle
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