S'abonner
Constructeurs

Renault : pas de dividende et une baisse de salaire pour les dirigeants

Publié le 10 avril 2020

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
A l'issue du conseil d'administration qui s'est tenu le 9 avril 2020, Renault a choisi de ne pas verser de dividendes à ses actionnaires. Les dirigeants, comme les administrateurs, verront leur rémunération baisser de 25 %.
Renault va baisser de 25 %, au moins pour le deuxième trimestre 2020, les salaires de Jean-Dominique Senard et Clotilde Delbos.

 

Il n'y aura pas de dividendes pour les actionnaires de Renault. En effet, le groupe de Boulogne-Billancourt, à l'issu du conseil d'administration du 9 avril 2020, a indiqué qu'il ne verserait finalement pas de dividendes, respectant ainsi la préconisation de l'Etat français. Initialement, le groupe avait prévu de verser aux actionnaires 1,10 euro par action, comparé à 3,55 euros en 2018, après avoir enregistré l'an dernier ses premières pertes en dix ans.

 

Renault a également décidé une baisse de 25 % de la rémunération du président Jean-Dominique Senard et de la directrice générale par intérim Clotilde Delbos, pour le deuxième trimestre 2020 "au minimum" et éventuellement plus longtemps si la crise devait durer. Les administrateurs subiront une baisse de 25 % de leurs jetons de présence pour l'année en cours.

 

"Les économies réalisées seront reversées" au fond de crise dédié aux salariés du groupe. "La situation exceptionnelle imposait des mesures de solidarité exceptionnelles", a réagi la CFDT de Renault dans un communiqué, saluant "une démarche responsable". De nombreux employés de Renault sont actuellement en chômage partiel du fait de la fermeture de l'essentiel des usines du groupe dans le monde. Pour la CGT, cette décision des administrateurs "ne règle pas le déséquilibre" entre les efforts "demandés aux salariés" et ceux des "actionnaires et dirigeants" du groupe. Cette décision était "très attendue", a souligné de son côté FO, compte tendu de "la situation exceptionnelle".

 

Quelques heures avant cette annonce, la note de Renault avait été abaissée à "BB+", soit le premier rang dans la catégorie investissement spéculatif, par l'agence de notation Standard and Poor's, en raison des conséquences de la pandémie sur les résultats financiers attendus. L'agence estime que la pandémie va provoquer une baisse d'environ 15 % du marché automobile cette année avant un rebond de l'ordre de 6 à 8 % en 2021 et que, malgré le soutien qu'il devrait recevoir de l'Etat français, le bénéfice, les liquidités et la position financière de Renault devraient "s'affaiblir matériellement" en 2020 après une année 2019 déjà difficile. S&P a en outre maintenu jeudi la note de PSA à "BBB-", soit un cran au-dessus de celle de son concurrent hexagonal. Renault, qui sort de plusieurs années fastes, bénéficie cependant toujours d'un "ample matelas de liquidités" a souligné S&P.

 

Les deux notes sont assorties d'une perspective "négative", ce qui indique qu'elles pourraient de nouveau être abaissées prochainement. "La perspective négative reflète le haut degré d'incertitude concernant l'impact économique de la pandémie, ses implications pour les ventes mondiales d'automobiles et dans quelle mesure cela pourrait affecter la performance de Renault, sa capacité à gérer le déclin de ses revenus, la situation de sa trésorerie et sa capacité à atteindre les objectifs en matière d'émissions de CO2", indique l'agence. "L'apparition de la pandémie de Covid-19 ajoute aux nombreux défis que Renault affronte actuellement, y compris les efforts imposés par l'Union européenne pour réduire les émissions de CO2", souligne S&P. Concernant PSA, elle estime toutefois que ce constructeur est "bien préparé à faire face à ses obligations en matière d'environnement avec ses produits déjà commercialisés".

 

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire avait déclaré, mercredi 8 avril, que l'Etat était prêt à soutenir Renault dont il détient 15 % du capital. Mais il avait également demandé aux entreprises bénéficiant d'aides publiques de renoncer aux dividendes. Jean-Dominique Senard avait assuré il y a une dizaine de jours qu'une renationalisation n'était "pas à l'ordre du jour", mais que Renault pourrait "solliciter des garanties auprès de l'État" sur des crédits. Renault a par ailleurs annoncé que la prochaine assemblée générale des actionnaires, reportée à cause du coronavirus, se tiendrait le 19 juin dans un format restant à définir. (avec AFP)


 

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle