S'abonner
Constructeurs

Renault lance son appel du 12 juin

Publié le 29 juin 2012

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
Menace sur les volumes d’immatriculations, menace sur les motorisations Diesel… L’heure est grave pour les constructeurs. C’est tout du moins le message qu’a fait passer Renault avant de réclamer l’assistance des pouvoirs publics.
Carlos Tavares, directeur général délégué aux opérations de Renault.

Une fois n’est pas coutume, Renault occupe les chroniques politiques. Un terrain sur lequel le groupe s’est retrouvé après les déclarations de son directeur général délégué. Carlos Tavares a en effet lancé, non officiellement, un appel à l’aide au gouvernement. “Ce que j’appellerais de mes vœux, c’est qu’on soutienne le marché français et le marché européen”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse organisée le 12 juin dernier en région parisienne. Le numéro deux du groupe s’est ensuite voulu un brin fataliste dans son analyse : “On a un début d’année en France et en Europe qui est particulièrement inquiétant”, comme pour justifier son message. Gardant “l’espoir que la situation s’améliore au deuxième semestre”, le responsable de Renault a expliqué qu’il misait sur un recul de 6 % du marché national et de 3 % du marché continental.

Mais que réclame-t-il au juste ? On ne le sait pas. Lui-même est resté très vague. Une stratégie qui envoie la balle dans le camp d’un gouvernement français qui désir clairement “ne pas avoir d’austérité sans croissance”, s’est-il judicieusement contenté de commenter. Compte tenu du fait qu’il a mis en avant la baisse des volumes en Europe, on peut pencher pour une aide au commerce. Ce que viennent, à demi-mots, confirmer les propos du directeur général délégué de Renault : “Je ne crois pas que les projets précédents aient suffisamment modernisé le parc roulant pour qu’il n’y ait plus de potentiel.” La piste de la prime à l’achat se ravive.

Une prime à la casse impossible à financer

Au gouvernement, on s’agite. Preuve que la sortie de Carlos Tavares n’a pas été vaine. “Cette demande n’a pas été faite officiellement au gouvernement, mais elle est parvenue jusqu’au gouvernement […] Nous avons mis à l’étude cette proposition”, a réagi dès le lendemain le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. En arguant d’une problématique de surcapacité de production, Renault est parvenu à faire entrer le débat sur le terrain social et à mettre par conséquent la pression sur le politique. “Si vous avez un contexte de chute de la demande d’automobiles, il est extrêmement difficile pour un Etat d’aller contre le vent négatif du marché”, a néanmoins recadré le ministre.

Il est d’autant plus difficile pour un Etat de soutenir toute une industrie quand lui-même est en proie à des difficultés économiques. Les dernières prévisions de la Banque de France sont pessimistes et les dernières campagnes de prime à la casse et de bonus-malus avaient respectivement coûté 1 et 1,2 milliard d’euros. De son côté, la Commission européenne n’a pour le moment pas fait mine de bouger, bien que Sergio Marchionne et Philippe Varin, les patrons des groupes Fiat et PSA, soient aussi montés au créneau.

La conférence de Carlos Tavares a par ailleurs attiré l’attention de la CFE-CGC métallurgie. La fédération, favorable au projet de Renault, tire cependant la sonnette d’alarme. Elle se dit “réservée quant à la réelle efficacité de cette mesure face à la problématique du maintien des emplois”, puisque celle-ci avantage des véhicules à faibles marges, produits pour majeure partie à l’étranger.

Les obligations des stations-service

De l’aide, Carlos Ghosn en a également réclamé aux pouvoirs publics, depuis New York. En tant que président de l’Alliance Renault-Nissan, il s’est positionné sur un enjeu bien plus grand, les véhicules électriques. “Je n’ai jamais pensé que l’industrie de la voiture électrique pourrait se développer toute seule, a-t-il déclaré devant des investisseurs et des journalistes financiers. Le rôle des gouvernements est très important.” Il appelle les gouvernements des pays développés à pousser les stations-service à s’impliquer dans le mouvement, en déployant un parc de chargeurs rapides. A la fin de son intervention, il a promis que l’offre de véhicules zéro émission laissera le choix entre les solutions aux décideurs et que, pour ce faire, il était très favorable à une implication forte des autorités en vue de développer des technologies allant en ce sens.
 

-------
ZOOM - Diesel cancérigène !

“Les preuves scientifiques sont irréfutables et les conclusions du groupe de travail ont été unanimes : les émanations des moteurs Diesel causent des cancers du poumon.” Dans son rapport, le Dr Christopher Portier ne lésine pas. Ce président d’un groupe de recherche rattaché à l’OMS a ensuite ajouté qu’ “étant donné les impacts additionnels pour la santé des particules Diesel, l’exposition à ce mélange chimique doit être réduite dans le monde entier”. Si elle n’a pas mis le feu aux poudres, cette déclaration aura sûrement servi de catalyseur. Elle pourrait en effet faire tourner le vent qui poussait les motorisations Diesel vers de nouveaux horizons, notamment les Etats-Unis. Et dans un contexte de marché déjà défavorable, ce rapport de l’OMS sonne comme une menace pour les constructeurs, notamment les français, champions du monde de la catégorie devant l’éternel. D’où, sûrement, l’appel à l’aide de Carlos Ghosn dans le domaine des véhicules zéro émission.

 

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle