Renault : François Provost vise un niveau de compétitivité semblable aux constructeurs chinois
Le futur plan stratégique du groupe Renault ne devrait pas cacher de grosses surprises. "Je serai l’homme de la continuité stratégique, car cela fonctionne", a indiqué François Provost qui a déjà largement participé, avec le plan Renaulution, à la première étape de la transformation, avec Ampere et Horse comme témoins.
La priorité absolue restant le produit et le nouveau directeur promet un plan aussi fort durant la période qui s’ouvre. Mais pour autant, le losange doit encore, selon lui, profondément accélérer sa transformation. Cela doit notamment passer par l’implémentation des meilleures pratiques internes, mais aussi celles observées chez les concurrents. Et notamment chinois.
En développant une grande partie de la future Twingo dans le centre technique chinois du losange, l’ACDC, le constructeur "sait ce qu’il faut faire", souligne le directeur général. "Nous devons maintenant le faire en Europe, avec la même efficacité", précise-t-il encore. De quoi rester compétitif et, entre autres objectifs, atteindre une réduction de 40 % des coûts des véhicules électriques.
Une baisse des coûts nécessaire et qui sera illustrée dès 2026 avec une offre complémentaire de batteries pour les voitures électriques de la marque. En effet, l’année prochaine, les R5, R4, Scenic et autres Megane auront, en plus de la NMC actuelle, une batterie LFP au catalogue. Des accus, moins chers, fournis par LG et CATL.
Plus largement, la discipline et une exécution parfaite font partie des fondamentaux que Renault ne doit jamais perdre de vue. Tout comme les domaines qu’il contrôle, c’est-à-dire le produit, la qualité, la flexibilité ou encore l’agilité.
Le travail avec les fournisseurs sera aussi crucial en les impliquant de plus en plus tôt dans les projets. L’ancien directeur des achats ne manque pas de souligner qu’il a toujours été en faveur du contenu local, mais cela ne doit pas empêcher "d’atteindre un niveau de compétitivité semblable aux chinois."
Les challenges sont donc encore nombreux, mais François Provost souligne qu’ils pèsent plus "sur les cols blancs que sur les cols bleus". L’ingénierie étant sans doute le domaine où les challenges sont les plus nombreux, et il a confié cette mission à Philippe Brunet, le nouveau directeur de l’ingénierie du groupe.
Changer le logiciel européen
Alors que s’ouvrent, le 12 septembre 2025, les discussions avec la Commission européenne, François Provost plaide pour "un renversement de logique". La décarbonation et la réglementation ne doivent pas être remises en cause mais il faut retrouver un peu de raison.
L’échéance de 2035 mais aussi les réglementations (107 seront appliquées à l’automobile d’ici 2030) sont en train de faire augmenter les prix et ainsi d'obtenir l’effet inverse de celui souhaité. En effet, le marché des voitures neuves s’effondre et le parc vieillit. Il faut absolument que les évolutions à venir permettent de retrouver des véhicules avec des tarifs abordables.
Dans tous les cas, le directeur général appelle à des changements rapides avant que l’impact sur les emplois ne soit irréversible et que l’industrie automobile européenne ne soit vraiment en péril. "C’est parfaitement faisable, pense François Provost, mais il faut que toutes les parties jouent le jeu."
Horse, le plan B
Dans l’éventualité où le plan A (la montée en puissance des voitures 100 % à batterie) ne se passe pas comme prévu, c’est-à-dire que l’électrique s’enlise, Renault a toujours dit que Horse était son plan B. "Horse est un outil unique au monde" affirme François Provost, "si nous avons besoin de PHEV ou de REEV pour ajuster notre offre, Horse est là."
Horse, qui exposait d’ailleurs à Munich, commence effectivement à trouver sa place. La société compte aujourd’hui une quinzaine de clients et les nouveautés vont s’enchaîner dans les années à venir. De bon augure pour l’autre pilier de la stratégie Renault, l’international, où le thermique (et Horse donc) a encore toute sa place.
L’international, l’autre priorité
Bien que l’Europe demeure le continent stratégique pour Renault, les ventes à l’international sont l’autre priorité. Le travail a déjà commencé avec un plan et huit modèles sur le point d'arriver, mais François Provost veut aller plus loin.
Le constructeur ne vise ni la Chine ni les États-Unis, mais l’Amérique du Sud et l’Inde. "D’ici 2030, 30 à 40 % de la croissance mondiale des ventes se fera en Inde", appuie le directeur général. Renault est présent depuis 15 ans en Inde, y dispose d’un réseau et vient de reprendre à son compte l’usine Nissan dans le pays. Il y a donc de quoi bien travailler dans ce pays à très fort potentiel.
Même chose en Amérique du Sud, autre zone stratégique. Mais là, Renault a une autre carte dans sa manche : l’accord avec Geely. Il va permettre de développer et proposer des modèles Geely et Renault, reposant sur une plateforme du constructeur chinois, encore plus compétitive. Une nécessité pour résister à la pression des autres constructeurs qui s’attaquent aussi à ce marché.
Un partenariat avec Geely qui prouve par ailleurs que Renault sait faire ce genre de chose. Même si cela n’a pas été toujours simple avec Nissan, Renault a beaucoup appris et cette maîtrise du travail à deux est un atout.
Alpine doit délivrer
Le directeur général du groupe a également évoqué Alpine et son avenir. "Là encore, ce sera la continuité", affirme François Provost. Avec une nuance toutefois. Sans remettre en cause la pertinence et le positionnement de la marque, elle doit maintenant "délivrer", a-t-il indiqué.
L’heure est toujours aux investissements, sur le long terme, mais la marque de Dieppe doit utiliser au mieux ses produits actuels, comme les A290 et A390 ou la prochaine A110, pour asseoir ses ambitions.
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