Renault a brûlé 5,5 milliards d'euros durant le premier trimestre 2020
Même cause même effet. La pandémie met à mal les comptes des constructeurs automobiles et Renault n'y échappe pas. En effet, le groupe français vient de dévoiler ses comptes pour le premier trimestre 2020. Son chiffre d'affaires a plongé de 19,2 %, à 10,1 milliards d'euros sur ces trois premiers mois d'activité. Renault, qui envisage de recourir à des prêts bancaires garantis par l'Etat après avoir été dégradé par les agences de notation, a brûlé 5,5 milliards de cash sur trois mois pour la seule activité automobile. Celle-ci disposait toutefois encore de 10,3 milliards de réserves de liquidités à fin mars, a souligné Renault dans un communiqué jeudi 23 avril.
"C'est très confortable", a commenté la directrice générale par intérim, Clotilde Delbos, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes. Elle a estimé que le recours à des prêts garantis par l'Etat représentait "seulement un filet de sécurité (...), rien de plus" et que celui-ci se justifiait par les inconnues sur la durée de la crise et le rythme de la reprise. Selon la directrice générale, ce recours aux garanties de l'Etat ne remet pas en cause le plan d'économies de deux milliards d'euros sur trois ans qui doit être annoncé en mai 2020 et qui pourrait inclure des fermetures de sites. La seule condition fixée par le gouvernement français est le renoncement aux dividendes cette année, déjà annoncé par Renault, a-t-elle souligné.
Dans ce contexte, les volumes de ventes mondiales du groupe aux cinq marques (Renault, Dacia, Lada, Renault Samsung Motors et Alpine) ont chuté de 25,9 % à 672 962 véhicules, dans un marché qui a lui-même dégringolé de 24,6 % de janvier à mars. Le groupe a ainsi pu maintenir sa part de marché de 4,1%. Comme ses concurrents, Renault a suspendu ses activités dans la plupart des pays au cours du mois de mars, dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Un lent redémarrage est en cours sur certains sites industriels européens alors que plusieurs usines ont déjà repris l'activité en Russie, en Roumanie, au Portugal et en Espagne.
Comparé à son rival français PSA, les volumes de Renault, un peu moins exposés à l'Europe, ont mieux résisté mais pas le chiffre d'affaires. PSA, qui intègre l'équipementier Faurecia, avait en effet publié, lundi 20 avril, des volumes mondiaux en chute de 29 % à 627 000 véhicules tandis que l'activité avait reculé de 15,6 % sur le trimestre à 15,2 milliards d'euros.
Pour la première fois de son histoire, Renault a écoulé plus de véhicules en Russie (115 713) qu'en France (110 467) sur ces trois premiers mois. Le phénomène s'explique essentiellement par le confinement plus tardif en Russie, la France ayant vocation à redevenir le premier marché du groupe en sortie de crise. En Europe, où les volumes du groupe ont chuté de 36 %, la marque Dacia, qui vend principalement aux particuliers, a particulièrement souffert, avec des immatriculations en recul de 44,5 %. Renault indique avoir vendu 22 810 véhicules électriques, soit 17,3 % du marché, grâce à la Zoe récemment renouvelée.
Hors Europe, les volumes ont mieux résisté, chutant de 13,4 %. Outre la Russie, Renault a enregistré des succès en Inde, où son nouveau véhicule familial Triber lui a permis d'augmenter ses ventes de 3,5 % sur un marché en baisse de 22,8 %. En Corée du Sud, le nouveau SUV XM3 a permis de faire progresser les ventes de 20,1 % sur un marché en baisse de 6,8 %. (avec AFP)
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