Reinhard Jung, P-dg de Skoda
Journal de l'Automobile. Comment vivez-vous la crise économique actuelle ?
Reinhard Jung. Depuis près de 20 mois, la crise, partie des Etats-Unis, a touché la production, qui a chuté de 59 millions à 51 millions de véhicules produits entre 2007 et 2009. Pour autant, nous espérons avoir atteint le point bas et nous tablons sur une production globale à 52 millions de véhicules, dès l'année prochaine. Mais il faut voir que, sans la crise, les estimations globales étaient de 62 millions de véhicules produits pour 2010. Les pertes, ou le manque à gagner, dus à la crise, sont donc estimés à 22 millions de véhicules, entre 2007 et 2010 dans le monde. C'est très dur.
JA. Comptez-vous toujours progresser l'année prochaine, ou bien certains marchés vont-ils entraver vos plans ?
RJ. Pour 2010, on espère faire au moins aussi bien que cette année, mais il faudra surveiller plusieurs facteurs. Par exemple, on imagine que le marché allemand va perdre un million de voitures entre 2009 et 2010. Mais nous pourrons compter sur les lancements de nouveaux produits chez Skoda, qui, vendus pour la première fois en année pleine, devraient permettre de limiter certains effets pervers de la prime à la casse. Enfin, nous attendons aussi beaucoup du marché chinois.
JA. Quelle est votre stratégie de développement produits ?
RJ. Depuis 3 ans, Skoda voit l'image de sa gamme progresser, avec notamment le Yeti, la Superb, la Superb combi… Mais, pour cela, nous avons dû faire des concessions sur le positionnement historique de la marque. Il nous manque donc encore clairement deux véhicules, en Europe de l'Ouest. Dès 2012, nous lancerons un modèle dont le gabarit se situera entre la Fabia et l'Octavia. Celle que l'on nomme pour le moment A Entry aura pour ambition de concurrencer les modèles low-cost de nos concurrents. Mais attention, ce ne sera pas une Logan ! L'objectif de Skoda n'est pas de proposer moins d'équipements pour moins cher, mais plutôt de proposer plus, à tarif égal. C'est très différent. Ainsi, cette nouvelle berline, qui remplacera l'Octavia Tour, sera proposée entre 10 000 et 12 000 euros. Plus cher que le prix de base de la Logan, mais conforme aux tarifs habituellement constatés pour ce modèle…
JA. Et le second véhicule ?
RJ. Notre gamme souffre de l'absence de petits véhicules. Cette année par exemple, nous n'avons pas pu bénéficier de l'effet prime à la casse. Ce créneau a donc profité aux marques françaises.
En conséquence, nous allons renforcer notre gamme sur les segments inférieurs. Dans deux ans, nous devrions présenter notre premier véhicule du segment A00, développé sur la base du modèle Up de Volkswagen. L'auto sera produite dans l'usine VW de Bratislava, là même où nous produisons l'Octavia.
JA. Comment se portent les activités de Skoda sur le marché français ?
RJ. En France, Skoda se porte bien, si l'on prend en compte la crise économique. L'année 2009 fut très importante pour nous, car c'était une année charnière, où nous positionnions pour la première fois la marque sur certains segments. Ainsi, le Yeti, petit 4X4 SUV est venu étoffer la gamme. Et puis aussi, la Superb Combi, grosse berline break, dont nous commençons la commercialisation. Grâce à ces nouveaux modèles, nous espérons une belle pénétration en Europe de l'Ouest et sommes confiants pour 2010.
JA. Etes-vous satisfait du réseau hexagonal ?
RJ. Actuellement, le réseau France représente 207 réparateurs agréés et 137 concessionnaires. Il nous faut l'étoffer. Et, malgré la crise, Skoda souhaite poursuivre ses investissements dans ce domaine, surtout dans les grandes villes, où nous devons nous renforcer. Notre objectif consiste à faire progresser la satisfaction client, vecteur d'image. Et nous avons déjà entamé le chantier, puisque la dernière enquête JD Power nous gratifie de 5.4 % en plus en termes de satisfaction client.
ZOOMBelle réussite Si Vaclav Laurin et Vaclav Klement, les deux fondateurs de Skoda, en 1895, pouvaient voir ce qu'est devenue leur entreprise en un peu plus de 100 ans, nul doute que la fierté le disputerait à l'admiration. Comment leur petite structure, créée, au départ, pour vendre des cycles, puis des motocycles, a-t-elle pu entrer dans le giron de l'un des tout premiers constructeurs automobiles mondiaux, et vendre pas moins de 674 000 voitures à travers le monde en 2008. |
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