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Constructeurs

Recharge électrique : l'épine dans le pied de l'Europe

Publié le 9 janvier 2020

Par Alice Thuot
4 min de lecture
Selon les projections du think tank Transport & Environment, l’Europe a besoin de 15 fois plus de points de charge publics d’ici à 2030. Un investissement massif certes, mais aussi une opportunité.
Selon les projections du think tank Transport & Environment, l’Europe a besoin de 15 fois plus de points de charge publics d’ici à 2030. Un investissement massif certes, mais aussi une opportunité.

 

L’électrique fait son nid en Europe. Et les derniers chiffres publiés par l’ACEA le prouvent : de janvier à octobre 2019, les ventes d’électrifiés se sont accrues de 43,2 %, culminant à plus de 636 000 exemplaires. Dans le détail, les modèles 100 % électriques ont représenté près de 200 000 immatriculations, volume en hausse de 102,5 %, tandis que les hybrides ont vu leur volume progresser de 42,6 % avec plus de 308 000 exemplaires ayant trouvé preneur.

 

Les hybrides rechargeables ont quant à eux représenté près de 110 000 unités, en recul toutefois de 7,1 %. Une progression à marche forcée, alors que les constructeurs doivent se conforter dès 2021 à un objectif personnalisé de rejet moyen de leurs VP neufs. Régulièrement, ce sont ces mêmes constructeurs qui, par la voix de leurs dirigeants, s'élèvent pour dénoncer la pression de Bruxelles sur leur orientation technologique, mais aussi l’inaction des pouvoirs publics en matière de recharge, pourtant identifié comme l’un des principaux écueils à cette technologie.

 

3 millions de bornes nécessaires en 2030

 

C’est précisément sur ce point que s’est penché Transport & Environnement : le think thank estime que quelques 1,3 million de bornes de recharge publiques seront nécessaires à l’horizon 2025, puis 3 millions d’ici 2030 pour les 44 millions de véhicules électriques et hybrides rechargeables estimés. Ce volume n’a pas été calculé au hasard mais correspond au niveau d’immatriculations d’électriques nécessaire si l’Union européenne souhaite respecter son engagement de devenir climatiquement neutre d’ici 2015.

 

Le chemin à parcourir est donc colossal, puisque cela représente 15 fois plus de bornes qu’aujourd’hui. 185 000 chargeurs public sont actuellement disponibles dans l’Union, ce qui, en soit, est suffisant pour le parc actuel mais ne le sera plus dans les mois à venir lorsque le marché de l’électrique prendra son envol, sous l’impulsion des nouveautés lancées. Pour T&E, le levier le plus efficace et donc prioritaire réside dans la recharge à domicile et sur le lieu de travail. « Entre 20 et 30 % de ces bornes devront être situées dans des zones défavorisées et moins densément peuplées afin de garantir l’accès à chacun de ces véhicules zéro émission », a déclaré Lucien Mathieu, analyste chez T & E.

 

 

 

Un investissement de 20 milliards d'euros

 

Pour financer les infrastructures nécessaires, T&E estime que l'Europe devra débloquer une enveloppe de 20 milliards d'euros sur les 11 prochaines années, soit 1,8 milliard d'euros par an en moyenne, en investissements aussi bien privés que publics. Avec la possibilité de profiter des 1 000 milliards d’euros d’investissements prévus dans le cadre du Pacte Vert pour les projets durables.

 

« Côté transports, le Green Deal ne peut se produire qu'avec une infrastructure pour les zéro émission. Cela signifie investir de l'argent dans la mise en place du réseau de chargeurs publics, aux domiciles et au travail, et non dans la construction de nouveaux gazoducs. Jusqu'à présent, le nombre de points de charge a suivi le rythme de la demande, mais la vague électrique doit être anticipée en étendant considérablement le réseau de charge », souligne Lucien Mathieu.

 

Une opportunité pour le secteur

 

Autre levier qui pourrait bien accélérer de manière décisive le déploiement des bornes : la révision prochaine de la directive de l'UE sur les infrastructures de carburants alternatifs. Revue cette année, celle-ci devrait muer en un règlement fixant des objectifs ambitieux pour le déploiement rapide et harmonisé des chargeurs dans toute l'Europe. Ce qui pourrait bien constituer l’opportunité idéale pour les entreprises et les professionnels

 

« Le passage aux véhicules électriques créera une opportunité de marché de plusieurs milliards d'euros pour l'industrie européenne dans les travaux de réseau, de fabrication, d'installation et de maintenance de la recharge publique. L'UE doit faire tout ce qu'elle peut pour lutter contre l'urgence climatique tout en soutenant l'emploi en Europe », conclut Lucien Mathieu.

 

 

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