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Constructeurs

Quel sera le moteur de l’industrie automobile de demain ?

Publié le 3 avril 2015

Par La Rédaction
6 min de lecture
Et si l’imprimante 3D était le tapis roulant des usines Ford du début du 20e siècle ? La production, mais aussi la conception, doivent faire face à de nouveaux défis.
Andrew Anagnost, vice-président sénior Industrie, Stratégie et Marketing chez Autodesk.

Le saviez-vous ? Ransom Olds (comme dans Oldsmobile) est celui qui a breveté le concept de “ligne de montage” et a lancé la première voiture fabriquée en masse.

C’est lorsque, un peu plus de dix ans plus tard, Henry Ford et son équipe ont révolutionné la ligne de montage en y introduisant un tapis roulant, qu’une voiture à un prix abordable est devenue pour la première fois, à la portée de la plupart des Américains.

Mais rendre plus accessible ce produit a apporté de fait un inconvénient. Cette approche nouvelle par Ford de la production de masse et des économies de coûts a donné naissance à une approche uniformisée. La Ford Model T devenait certes, accessible à tous, mais l’entreprise Ford Motor prenait alors toutes les décisions en termes de design, jusqu’à la couleur. Noir, noir ou… noir ?

Faisons un bond cent ans plus tard pour découvrir l’entreprise Local Motors. Elle vient récemment de dévoiler une voiture électrique imprimée en 3D – la Strati – pour laquelle des personnes du monde entier ont proposé leurs propres idées de design. Avec 40 000 utilisateurs et un nombre massif de nouvelles idées crowdsourcées quotidiennement, l’entreprise a adopté une approche ouverte et méconnue de la conception et la production. Ce n’est que le début de ce que sera l’industrie automobile de demain.

Ces types de changement ont un impact sur toutes les industries. Les relations entre les designers de produit, les fabricants et les consommateurs s’imbriquent de plus en plus. Le regard sur la propriété intellectuelle et l’innovation évoluent également. Dans peu de temps, nous verrons bientôt émerger le “superordinateur pour tous” (voir ci-après). La façon dont les choses sont fabriquées (comme chez Local Motors qui utilise des imprimantes 3D et des micro-usines) définit un réel changement de paradigme.

Le secteur industriel – et particulièrement celui de l’automobile – entre dans une nouvelle ère

Les murs de la propriété intellectuelle s’écroulent. Les brevets et la propriété intellectuelle resteront des éléments importants pour la société. Mais l’amplification du mouvement open source montre combien le développement communautaire peut être stimulant pour l’innovation. Le domaine privé de la recherche et du développement commence à s’ouvrir.

L’été dernier, Elon Musk a annoncé que tous les brevets de la technologie Tesla seront mis à disposition pour libre utilisation, et espérons-le, pour encourager encore plus l’innovation dans les véhicules électriques.

“Avec une production annuelle de nouveaux véhicules avoisinant les 100 millions d’unités par an et une flotte mondiale de près de deux milliards de voitures, il est impossible pour Tesla de construire des véhicules électriques assez rapidement pour faire face à la crise du carbone”, écrit Musk sur son blog dans l’annonce. “Par la même occasion, cela signifie que le marché est énorme. La concurrence n’est pas dans le petit nombre de voitures non électriques produites par Tesla, mais plutôt dans le flot immense de véhicules à essence qui sortent chaque jour des usines du monde entier”.

Si Musk n’avait pas anticipé cela, sa société aurait effectivement pu limiter la demande future des consommateurs, contrôler l’opportunité de croissance liée à la production de plus de véhicules électriques, et, surtout, sa propre croissance en tant que concurrent des véhicules énergivores.

Grâce à cette approche, les portes se sont largement ouvertes. Un Henry Ford des temps modernes peut désormais utiliser cette innovation libre de droit sur les véhicules électriques.

Un superordinateur pour tout le monde. Dans un futur proche, un designer ou un ingénieur qui a une bonne idée pourra se pencher sur de multiples versions de son idée d’origine (certaines d’ailleurs suggérées par l’ordinateur lui-même) et faire un choix quant au design beaucoup plus en amont qu’auparavant. Est-ce que cela va fonctionner ou non ? Puis-je l’usiner ? Est-ce que cela va tenir aussi longtemps que ça doit l’être ? Autant de questions auxquelles mettre fin car vous en connaîtrez les réponses bien en avance de phase.

Mais attendez une seconde. Vous vous demandez probablement comment ceci va fonctionner. Tout le monde sera équipé d’un “superordinateur”, même s’il ne s’agit que d’un simple ordinateur portable. Le superordinateur absolu ne permet pas simplement d’accéder au cloud. C’est le cloud lui-même, agrémenté d’une galaxie entière d’information, d’algorithmes et d’aspects collaboratifs.

Prenons l’exemple d’un objet qui semble simple (mais qui est en fait extrêmement complexe) comme la poignée intérieure d’une voiture de luxe. Au-delà de l’objet en lui-même il y a de multiples éléments à prendre en compte comme l’esthétique, les matériaux, la taille, les composantes mécaniques, la durabilité. Le concepteur et le fabricant savent bien en amont si la machine permettra (ou non) de produire cette poignée.

C’est la fin de longues journées de programmation et reprogrammation, souvent à l’origine en maux de tête pour le concepteur industriel et l’ingénieur mécanique.

Allons plus loin. Le superordinateur permettra de répondre à des questions que vous ne vous seriez jamais posées. Le tout se résume à des algorithmes follement intelligents. Et si cette machine vous faisait cette suggestion : “Pourquoi n’essayeriez-vous pas cette nouvelle forme de poignée qui s’adapterait mieux à la taille d’une main humaine ?” Vous n’avez pourtant pas posé cette question, mais l’ordinateur vous a fourni une solution incroyable.

Ne vous inquiétez pas, nous ne sommes pas dans un remake du film “2001, Odyssée de l’espace”. Au-delà des algorithmes, le facteur humain dans le design et dans la production va prendre de l’ampleur. Lancez-vous, vous pouvez trouver des talents partout. La collaboration internationale va atteindre de nouveaux sommets. Tout le monde peut accéder à un expert produit en Australie… ou un partenaire commercial à Singapour… ou encore un fabricant à Détroit.

Tout ceci sera bientôt possible grâce au cloud et une toute nouvelle galaxie d’information.

Fabriquer dans votre propre jardin. Par ailleurs, il n’est plus indispensable de produire quelque chose à des kilomètres d’ici.

Des “micro usines” qui intègrent la recherche et la production sous un même et petit toit et la “production à la demande” (produire ce que vous voulez, quand et où vous le souhaitez) émergent également. Il y aura bientôt un écosystème entier connecté à n’importe quel outil dont vous aurez besoin et qui vous permettra de produire localement, rapidement et à l’échelle.

Bien sûr, les imprimantes 3D font la Une. Mais c’est à juste titre. Preuve en est avec la Strati, la voiture de Local Motors imprimée en 3D en quelque 44 heures lors du salon de l’auto de Détroit le mois dernier.

D’après vous, est-ce que pour moi toutes les voitures seront pour autant imprimées en 3D à l’avenir ? Pas du tout. L’utilisation industrielle de l’impression 3D est le véritable élément qui change la donne, et la technologie va donner lieu à de nouveaux changements dans la production – tout comme Ford avait innové avec les lignes de production d’Olds.

Le chemin à parcourir. En ayant tout ceci à l’esprit (de la propriété intellectuelle au superordinateur via la “nouvelle” production), voici le résultat. Ce qu’il faut pour lancer un produit sur le marché ne sera plus jamais pareil. Tout comme l’histoire l’a démontré avec l’évolution du design et la production de voitures, il est temps de boucler à nouveau votre ceinture. La route sera peut-être cahoteuse mais la destination sera assez incroyable.
 

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