PSA est bel et bien malade !
Les deux rapporteurs confirment que PSA ne peut faire l'économie de ce vaste plan menant à la fermeture de l'usine d'Aulnay et à la suppression de 8 000 emplois au global. Après avoir fait un état des lieux, pour tenter de mieux appréhender la situation du groupe français, en s'arrêtant sur les causes structurelles et conjoncturelles qui ont conduit le constructeur dans cette situation d'urgence, le rapport est prudent, mais clair : "En ce sens, la nécessité, dans son principe, d'un plan de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs n'est malheureusement pas contestable."
Cependant, les ingénieurs des Mines n'ont pas fait que constater les dégâts et avancent les raisons de cette débâcle en listant les erreurs stratégiques des dirigeants de PSA. Pour Emmanuel Sartorius et Jacques Serris, la première erreur est liée à "l'outil de production surdimensionné". Pour eux, les objectifs de fabrication étaient trop ambitieux durant la décennie 2000 où le Français visait la barre des 4 millions de véhicules. La production se limitera à 3,6 millions. En 2011, le taux d'utilisation des usines européennes de PSA s'est limité à 61,4 %.
Ils mettent donc en avant un tissu industriel trop large, mais aussi hétérogène, qui les amène à se demander pourquoi la décision de fermer Aulnay a été prise. Pour eux, parmi les choix possibles et écartés trop rapidement, il y avait l'usine de Madrid, en Espagne, "qui souffre pourtant de nombreux défauts (usine ancienne, de faible capacité, en ville, éloignée des fournisseurs)". Le rapport estime que PSA aurait dû mener une réflexion plus large sur l'avenir de ses sites industriels "qui laisserait aujourd'hui davantage d'options pour faire face".
Naturellement, le rapport pointe la dépendance de PSA au marché européen (58 % de ses ventes) et, par voie de conséquence, son internationalisation trop faible et trop tardive. Il souligne que l'avenir de PSA "sur le moyen et long terme, passe par une stratégie d'alliance avec un grand constructeur mondial". L'accord avec GM pourrait être celui-là, mais il est encore trop tôt pour pouvoir en juger.
Ensuite, parmi les autres griefs faits aux dirigeants, le rapport met l'accent sur les rachats, entre 1999 et 2011, de ses propres actions, mais aussi la distribution de dividendes (6 milliards au total sur ces deux postes). Selon les rapporteurs, le constructeur aurait dû investir davantage dans son développement, notamment à l'international où tout s'est joué ces vingt dernières années. Chose que PSA a tenu à commenter en rappelant que le groupe avait investi plus de 40 milliards entre 1999 et 2011.
Enfin, si les ingénieurs des Mines justifient en quelque sorte le plan de redressement de PSA, ils affirment que ce plan seul ne pourra pas régler tous les problèmes : "Il doit aussi constituer un gage de redressement et de développement pour l'entreprise, seul à même d'écarter, à conditions de marché constantes, la perspective d'une autre plan dans un avenir plus ou moins proche."
PSA peut donc entamer sa vitale restructuration, à moins qu'un autre rapport, rendu lui en novembre prochain, n'aille pas dans le même sens. En effet, le cabinet Secafi, mandaté par le Comité central d'entreprise de PSA, doit lui aussi enquêter sur la santé financière du groupe et sa stratégie.
En attendant, PSA va pouvoir avancer, mais le gouvernement sera vigilant. En effet, le ministère d'Arnaud Montebourg a fait savoir que, "sur la base de ce rapport et en écho aux positions constantes du gouvernement, le ministre du Redressement productif en appelle à un dialogue social exemplaire et transparent afin d’examiner les différentes options, visant à renégocier, reformater et réduire ce plan social. Le plan de redressement devra être strictement proportionné à la situation réelle du groupe pour limiter les conséquences négatives sur l’emploi. Chaque salarié concerné par le plan devra trouver une solution d’emploi. L’activité des sous-traitants directs et indirects concernés devra être préservée".
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