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Constructeurs

"Nous attaquons notre cycle vertueux"

Publié le 30 octobre 2012

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
Maxime Picat, directeur général de Peugeot - Le nouveau directeur général de Peugeot s’est prêté à l’exercice de la table ronde. Sans surprise, il distille des idées d’internationalisation pour relancer les volumes.
Maxime Picat, directeur général de Peugeot - Le nouveau directeur général de Peugeot s’est prêté à l’exercice de la table ronde. Sans surprise, il distille des idées d’internationalisation pour relancer les volumes.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Vous reprenez les commandes de la marque Peugeot, quels sont les principaux chantiers ?
MAXIME PICAT.
Nous devons poursuivre notre internationalisation du plan produit pour répondre aux attentes des clients, qui sont parfois communes et parfois spécifiques. On le voit au travers de 301 et de 208 Concept. Peugeot doit également monter en gamme, avec des véhicules tels que RCZ ou 208 GTI et XY. Nous n’essayons pas d’intercaler nos produits et devons mener une réflexion pays par pays, nous ne sommes pas dans une démarche low cost.

JA. Comment maintenir les parts de marché en Europe ?
MP.
Nous attaquons notre cycle vertueux avec la 208. Elle totalise déjà plus de 120 000 commandes, avec des pénétrations en Diesel qui sont absolument excellentes, mais aussi des blocs essence, dont le trois-cylindres, qui ont de bons résultats. La 208 se classait 2e voiture sur le marché européen en août, elle nous servira clairement à rebondir. Notre conviction est qu’il n’y a pas de place pour un constructeur généraliste moyen et que l’ensemble de la gamme doit monter. Preuve en est, nos finitions d’entrée de gamme ne se vendent pas. D’ailleurs, sur tous nos derniers lancements, sans exception, nous nous sommes trompés dans notre mix produit et les niveaux 3 et 4 se sont à chaque fois révélés plus forts que prévu. Cet appel du haut de gamme des clients témoigne du potentiel.

JA. Le marché de la berline n’est pourtant pas bon…
MP.
C’est vrai. Néanmoins, nous sommes en croissance de 20 % par rapport à une année 2011 où il ne nous manque que le mois de janvier. Au mois d’août, en France, les hybrides ont représenté 10 % des commandes de 3008 et 20 % des 508. Nous allons plus vite que le planning, notamment grâce aux incitations gouvernementales.

JA. Au regard de vos plans, quelle niche de produit vous fait toujours défaut ?
MP.
Sans pouvoir identifier clairement lequel, il nous manque peut-être un produit, mais l’effort de réflexion doit se focaliser sur bien d’autres priorités car il faut souligner une chose : Peugeot profite actuellement de la gamme la plus riche de son histoire, en Europe. Et il y a dans les cartons des voitures permettant de combler certains trous. La 301 et la 208 Concept en sont de bonnes illustrations, tout comme la 208 en Amérique latine ou un SUV crossover sur une base modifiée de 3008, en Chine. Ce sera d’ailleurs un véritable feu d’artifice de nouveautés en Chine dans les prochaines années.

JA. Au rayon de la technologique, quelles sont les priorités ?
MP.
Nous avons des préoccupations d’ordre énergétique. Peugeot veut réduire la consommation et, à la lecture de nos récents résultats, la voie de l’hybridation reste la meilleure. A côté de cela, nous misons sur la connectivité, comme sur la 208, l’allégement des voitures et le travail sur les matériaux, comme sur l’Onyx. Nous avons des pistes, il est encore trop tôt pour en parler.

JA. Petite parenthèse, vous évoquez 301, quels en seront les volumes ?
MP.
L’ordre de grandeur serait de 150 000 unités par an. Elle sera produite en Chine, dans une usine spécifique avec Dongfeng, et certainement au Brésil, car c’est une plate-forme A. On parle là d’un produit qui couvre 50 % de la demande sur un marché chinois de 5 millions d’unités.

JA. Quid des niveaux de stocks européens ?
MP.
Nous avons beaucoup travaillé les stocks en fin 2011. Nous sommes proches du niveau le plus bas que nous ayons connu ces dernières années. L’outil industriel a été adapté. La santé financière des distributeurs est disparate selon les pays* et les équipes locales ont pour consigne de mener des actions. Il nous est impossible de diriger cela depuis Paris.

JA. Qu’en est-il du plan d’internationalisation du VUL ?
MP.
Le véhicule utilitaire reste un marché extrêmement varié à l’échelle mondiale. Notre internationalisation sera d’autant plus difficile sur ce segment de produit. Les grandes zones n’ont rien à voir entre elles. Notre gamme est plus adaptée à l’Europe et, dans une autre mesure, à l’Amérique latine.

JA. A quel point vous suivent les banques ?
MP.
Vous dire que l’image n’est pas écornée serait illusoire. Ce qui compte néanmoins, c’est la confiance dans les engagements du plan “Rebond” qui a été communiqué par Philippe Varin. Nos financements sont assurés, mais il va falloir travailler pour revenir dans le CAC 40. Nous avons des coopérations solides, dont celle avec GM qui nous aidera à tirer les prix vers le bas. En plus d’un plan d’achat de fournitures pour 100 milliards d’euros, via une coentreprise, nous avons des projets de plateformes communes dont nous reparlerons prochainement.

JA. Une introduction sur le marché nord-américain est-il envisageable ?
MP.
L’alliance entre GM et Peugeot est une alliance globale qui porte sur le monde entier. Toutefois, elle ne remet pas en question notre indépendance stratégique. Nous avons listé des zones de développement prioritaire, dont la Chine, la Russie et l’Amérique latine. Le ticket d’entrée sur le marché nord-américain reste extrêmement élevé et pour le moment, avec GM, nous regardons ce que nous savons faire sur les zones précédemment énumérées.

JA. Vous revenez tout juste de Chine, quel est votre retour d’expérience ?
MP.
Après Audi et Mercedes, Peugeot est la troisième marque la plus dynamique sur le marché, avec 28 % de croissance sur un marché de + 7 %. Nous vendons 210 000 voitures et Citroën 220 000 unités, sachant que nous avons démarré plus tard.

JA. Pourtant, Volkswagen y avance plus vite que vous…
MP.
Je pense que la clé, c’est le produit. La Chine demande des grandes voitures tricorps, spacieuses, alors que Peugeot s’est spécialisé dans les bicorps, compactes et Diesel. Notre priorité sera le produit et les relations avec les partenaires qui se sont améliorées. Nous augmentons en parallèle le réseau de distribution qui s’enrichit de 80 sites par an. Nous avons des résultats de qualité qui sont parmi les meilleurs.

* Lire entretien en cliquant ici.

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