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Constructeurs

Note salée pour McLaren

Publié le 21 septembre 2007

Par Marc David
5 min de lecture
L'écurie de Ron Dennis perd ses points au championnat du monde des constructeurs et se voit infliger une amende de 100 millions de dollars, tandis que ses deux pilotes sont épargnés.Au jeu des transferts, mais aussi au vu des temps réalisés...

...durant les essais hivernaux, la saison 2007 s'avérait des plus prometteuses. Sans doute la plus palpitante de la décennie. Dans les faits, la première demi-saison le confirmait. La montée en puissance d'Hamilton, la répartition sensiblement égale des victoires entre les quatre pilotes des deux écuries de pointe… tous les ingrédients rêvés avaient de quoi motiver les plus blasés. Et puis, patatras. Un échange d'informations (sous la forme d'un dossier technique confidentiel de plus de 700 pages !) entre deux ingénieurs, en l'occurrence Nigel Stepney (chef mécanicien chez Ferrari à l'époque des fuites) et Mike Coughlan (chef de projet de McLaren aujourd'hui suspendu), a suffi à faire de cette saison 2007 une saison qui restera à jamais pipée. Un peu à la manière de 1983, lorsque Brabham-BMW avait triomphé de Renault eu usant d'un carburant non conforme. Bref, pour ce qui est du présent, un léger retour en arrière s'impose. Le 26 juillet dernier, le Conseil mondial de la FIA, par la voix de ses 25 membres, blanchissait McLaren, "responsable mais pas coupable" d'espionnage industriel. Une décision qui amenait Ferrari, par la voix de Jean Todt, à faire appel. D'autant qu'entre-temps, la Scuderia était en mesure d'apporter des éléments nouveaux au dossier.

L'immunité pour les pilotes, en échange de leur collaboration à l'enquête

Quels éléments ? Selon les "fuites" du moment, un échange de mails entre Fernando Alonso, pilote titulaire de l'écurie McLaren-Mercedes et Pedro De La Rosa, pilote essayeur de cette même écurie. Pas très significatif dans la mesure où, jusqu'à preuve du contraire, les pilotes ont le droit de converser (même par mails) sur les solutions adoptées par la concurrence…

Bref, nouvelle réunion du Conseil mondial le jeudi 13 septembre, soit à une date avancée par rapport à la date prévue initialement (19 septembre). Là, la sentence tombe, comme un coup de tonnerre. Jugée coupable des faits qui lui sont reprochés, McLaren-Mercedes se voit retirer tous ses points au championnat du monde des constructeurs 2007 et n'en marquera plus aucun d'ici au GP du Brésil le 21 octobre, ultime rendez-vous de la saison. De plus, l'écurie devra payer une amende de 100 millions de dollars (72 millions d'euros), somme équivalente au cinquième de son budget de fonctionnement. Toutefois, de cette somme seront déduits les dividendes qu'elle aurait dû toucher en fin d'exercice pour sa prestation sportive ; soit, au bas mot, des revenus qui diminueront de moitié le chèque relatif à l'amende. Un moindre mal, même si le montant de cette amende frôle l'indécence. Quant aux pilotes, la FIA leur avait promis l'immunité s'ils acceptaient de collaborer à l'enquête. Dans ce contexte, ils conservent tous leurs points acquis jusqu'ici. C'est heureux dirions-nous, compte tenu des risques pris sur la piste ! Et ceci en dépit du fait que, si espionnage il y a bien eu, ces pilotes en ont forcément profité, indirectement.

La FIA s'est basée sur des informations relatives à des données techniques hautement confidentielles

 
Finalement, la FIA rendait public les faits qui ont motivé la sanction, lors de la 1re journée d'essais du GP de Belgique. Pour résumer, les instances se sont appuyées, entre autres, sur plusieurs rapports de la police italienne qui dénoncent clairement la fréquence des communications (téléphoniques ou informatiques) entre Nigel Stepney et Mike Coughlan, avec une intensification de celles-ci en début de saison et notamment lors des quatre premiers Grands Prix (Australie, Malaisie, Bahreïn et Espagne). Le contenu de celles-ci ? Des informations sur la stratégie de course des Ferrari et surtout, des données techniques hautement confidentielles sur la répartition des masses, un modèle d'aileron arrière flexible, le système de freinage et même un gaz utilisé par Ferrari pour gonfler ses pneus et réduire du même coup la température intérieure et le "bullage" sur la bande de roulement. "Le Conseil mondial n'a pas la preuve que le concept entier de la Ferrari a été copié et intégré à la McLaren, stipule la FIA dans son rapport. Il est néanmoins difficile d'admettre que les informations secrètes de Ferrari transmises à Coughlan n'auront jamais influencé son jugement dans l'exercice de son travail. Il n'est pas nécessaire, pour McLaren, d'avoir reproduit les concepts Ferrari pour avoir tiré profit des connaissances de Coughlan".  

La suite ? McLaren attend de recevoir le rapport complet du Conseil mondial avant de prendre la décision de faire appel ou non, la balance penchant plutôt pour la deuxième solution. Même si Ron Dennis se borne à refuser l'évidence. "Je note que les conclusions du Conseil mondial du sport automobile montrent que nous n'avons pas fait usage de la propriété intellectuelle de Ferrari dans le but d'en tirer un avantage de compétitivité sur nos voitures", déclarait-il à Spa. Bien que touché moralement par la sanction prise à l'encontre de son écurie, le patron de McLaren a rappelé qu'il n'est pas question pour lui de quitter le navire. Une chose est certaine. La F1 ne sortira pas grandi de cette affaire, loin s'en faut.

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