S'abonner
Constructeurs

Luciano Biondo, TMMF : "La reprise du travail s'appuie sur les salariés, c'est l'esprit Toyota"

Publié le 22 avril 2020

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Le 21 avril 2020, l'usine de Toyota à Onnaing, dans le Nord, a redémarré son activité. Luciano Biondo, président de Toyota Motor Manufacturing France, nous explique comment s'est déroulée cette reprise et les réactions des salariés.
Luciano Biondo, président de Toyota Motor Manufacturing France.

 

JA. Comment analysez-vous cette première journée de reprise du travail dans le site de production ?

LB. La reprise du travail s’est déroulée conformément à nos prévisions et à ce que nous avions imaginé. Notre objectif était avant tout d’accueillir les salariés dans de bonnes conditions, de partager toutes les mesures barrières prévues. Mais nous n’en sommes qu’à la première étape et l’appropriation du processus industriel a tout juste commencé. Nous voulions surtout que les salariés soient rassurés même si cette confiance est plus ou moins rapide selon les personnes. Notre démarche se base sur la mise en place des éléments indispensables à la protection sanitaire mais nous voulons également que les salariés soient force de proposition. C’est d’ailleurs une logique propre à la culture Toyota. Et c’est aussi pour cette raison que le redémarrage sera long.

 

JA. Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face ?

LB. Nous n’avons pas connu de véritables difficultés et nous avons pu nous appuyer sur un management bienveillant qui a su accompagner les salariés et être proches d’eux. Un certain nombre était d'ailleurs venu angoissé. Mais nous ne pourrons dire que nous avons gagné que lorsque l’entreprise aura repris une activité proche du rythme habituel.

 

JA. Quel est votre calendrier prévisionnel pour arriver à cette production habituelle ?

LB. Hier, nous étions 300 dans l’usine, aujourd’hui, 600 personnes sont présentes mais nous n’imaginons pas atteindre la pleine cadence avant le 11 mai. De fait, pour l’instant, notre organisation se base sur la présence de chaque salarié, deux jours par semaine, pour que tout le monde s’approprie parfaitement les nouveaux gestes.

De plus, cette reprise ne concerne que 85 % des salariés. Les 15 % restants ont soit des contre-indications médicales face au virus, soit se retrouvent face à des contraintes de gardes d’enfants. Mais tout ceux qui le peuvent sont invités à venir travailler, à s’adapter au nouvel environnement, au nouveau mode de fonctionnement avant la dernière phase qui nous amènera au rythme de la production classique.

 

JA. Quels sont les investissements consentis pour adapter les postes de travail et les mesures de protection ?

LB. Honnêtement je n’ai pas encore fait le bilan. De toute façon, cet investissement est indispensable mais il est certain que cette crise va engendrer des coûts de production supplémentaires. Je vous cite juste quelques exemples : la distribution de deux masques par jour et par salarié, la fermeture de la cantine qui nous oblige à verser une indemnité de panier, ou même la distribution de bouteilles d’eau car les fontaines ne sont pas autorisées… Tout cela induit des coûts supplémentaires mais indispensables.

 

JA. Vos fournisseurs ont-ils également tous repris leur activité ?

LB. Ils vont redémarrer leur production en fonction aussi de notre avancée. Mais nous n’avons de problème pour produire les Yaris qui en grande partie avaient été commandées avant ou même pendant la crise en France. Il faut bien comprendre que seule 15 % de notre production est destinée au marché français. Et dans beaucoup de pays du Nord de l’Europe, les concessions n’ont pas fermé et en Allemagne, elles ouvrent à nouveau.

 

JA. Comment s’est déroulé le dialogue social lors de l’élaboration du plan de redémarrage ?

LB. Quatre syndicats ont collaboré activement avec nous : FO, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC et je dois saluer leur travail. Seule la CGT a refusé ne serait-ce que de venir voir l’adaptation des postes, les mesures sanitaires mises en place. C’est dommage pour le dialogue social mais la CGT est minoritaire à Valenciennes et ne représente que 16 % des salariés.

Globalement, je ressens une certaine fierté, chez les personnes qui ont repris le travail sur ce que l’entreprise a réalisé. Je sors juste ce matin d’un comité d’entreprise où nous avons annoncé qu’en parallèle de notre métier de constructeur automobile, nous avions décidé de produire un million de masques par mois pour l’administration. Nous sommes peut-être en train de prendre les choses en main et c’est l’esprit de Toyota.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle