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Constructeurs

L'offensive électrique et la problématique des terres rares

Publié le 21 février 2018

Par Christophe Jaussaud
3 min de lecture
Si l'avènement des VE semble inéluctable aujourd'hui, son développement fait notamment naître une problématique d'approvisionnement en terres rares nécessaires pour les batteries ou les moteurs.
Toyota vient de développer un nouveau moteur à aimant permettant de réduire la quantité de néodyme, une terre rare, de 20 à 50 %.

 

La guerre du VE ne sera pas que commerciale. Cobalt, néodyme, lanthane, cérium, lithium, etc., autant de matériaux précieux, de terres rares, qui sont et seront nécessaires au développement des véhicules électriques. Alors que le marché du VE n'a pas encore vraiment explosé, certains matériaux comme le cobalt sont déjà au centre des tractations. Ainsi, la tonne de cobalt vient d'atteindre 82 000 dollars à la Bourse de Londres, son plus haut historique.

 

Et ce prix devrait encore croître avec l'explosion attendue de l'offre de VE à l'horizon 2020 puisque ce métal permet de produire des batteries plus légères et plus résistantes. Naturellement, les constructeurs se positionnent sur ce marché, comme l'a indiqué Ivan Glasenberg, le directeur général de Glencore, à Bloomberg. Ce géant suisse des matières premières est en effet en discussion avec Volkswagen et Tesla au sujet de la fourniture de cobalt. Conscient du potentiel, le Suisse compte ainsi augmenter la production de ce minerai de 27 000 tonnes en 2017 à 63 000 en 2020.

 

Afin d'éviter ces pénuries annoncées, les constructeurs font tourner leurs centres de R&D à plein pour trouver des solutions de remplacement. Ainsi, Toyota a annoncé avoir développer une technologie permettant de réduire l'utilisation d'un métal de la famille des terres rares jusqu'ici essentiel dans le développement des moteurs électriques. L'innovation, présentée comme "une première au monde", est destinée à répondre au risque de pénurie et à réduire les coûts dans la perspective du développement des véhicules électrifiés.

 

Les moteurs à aimant permanent comportent environ 30 % de terres rares, principalement du néodyme, a expliqué Akira Kato, un responsable R&D du constructeur lors d'une conférence de presse à Tokyo. Or, "même les prévisions les plus optimistes anticipent des pénuries d'approvisionnement" de cet élément chimique à partir de 2025, souligne Toyota. Le groupe a donc développé un nouvel aimant réduisant la présence de néodyme de 20 à 50 %, en le remplaçant par du lanthane et du cérium, qui sont également des terres rares, mais beaucoup plus abondantes et d'un coût très inférieur (de 5 à 7 dollars le kilo, contre 100 dollars pour le néodyme).

 

La difficulté, a expliqué M. Kato, est de maintenir, malgré ce changement de composition, le même niveau de performance de moteur, ce que Toyota assure être parvenu à faire grâce à de nouvelles technologies présentées comme inédites. Il faudra cependant encore dix ans pour aboutir à une mise en application pratique pour les moteurs de véhicules électriques, a précisé le groupe. Par le passé, les autorités japonaises ont incité les entreprises de l'archipel à réduire l'utilisation de terres rares, qui regroupent 17 minéraux et sont quasi-exclusivement produites en Chine.

 

L'annonce de Toyota intervient en pleine offensive du constructeur dans l'électrique : il avait dit en décembre vouloir réaliser d'ici 2030 au moins 50 % de ses ventes dans cette technologie, en incluant les hybrides (carburant/électrique) dont il fut le pionnier avec la Prius lancée en 1997. Outre les recherches sur les aimants permanents, il travaille avec son compatriote Panasonic sur les batteries de nouvelle génération, qui permettraient une plus grande autonomie de conduite à moindre prix. (avec AFP).

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