L'œil critique de Jean-Dominique Senard
"Je considère que la taxe sur le poids est complètement inutile. La demande se porte sur des véhicules plus gros. Or, le client est roi. Je ne vois pas pourquoi on devrait le culpabiliser ainsi", a lancé Jean-Dominique Senard, le président de Renault, dans une interview parue vendredi 23 octobre 2020 dans Le Monde.
Le gouvernement a décidé d'instaurer un "malus poids" pour véhicules les plus lourds, l'une des revendications de la Convention Citoyenne pour le Climat. Les contours de ce nouveau malus, limité pour le moment aux rares voitures de plus de 1,8 tonne, seront examinés lors de la deuxième partie du vote du budget.
"On veut préserver les emplois dans la filière automobile ? Commençons par alléger la fiscalité sur la mobilité", a poursuivi Jean-Dominique Senard. "C'est sympathique de parler de moteur électrique, mais des milliers d'emplois étaient concentrés sur les moteurs thermiques. Nous (les constructeurs) nous retrouvons brutalement dans une situation où il faut régler ces questions sociales sans avoir pu les anticiper", a-t-il expliqué. Selon le président de Renault, "nous avons commis une erreur collective. On a le droit de nous demander d'évoluer, de restructurer, d'innover, mais il faut aussi nous donner les moyens d'anticiper".
Le constructeur va "tout faire pour augmenter la production en France", a assuré son PDG, après avoir "interrompu des projets d'extension à l'étranger, au Maroc en particulier et en Europe de l'Est". "Nous voulons concentrer sur la France nos productions à valeur ajoutée dans l'électrique. Il faut nous en donner les moyens. Le coût de production est un sujet. Etre aidé avec des primes à l'acquisition de véhicules électriques, c'est bien. Ce sera encore mieux si les constructeurs obtiennent un soutien pour baisser les coûts de production", a proposé Jean-Dominique Senard.
La reprise des ventes d'automobiles en Europe a permis au constructeur de limiter la baisse de son chiffre d'affaires à 8,2 % au troisième trimestre 2020. Mais le groupe français reste prudent pour la suite. En raison de la crise sanitaire, le groupe avait subi une perte colossale de 7,3 milliards d'euros au premier semestre, et annoncé la suppression de 15 000 emplois dans le monde. (avec AFP)
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