Les GTE et e-tron à la conquête de la Chine
“Nous sommes leader en volume, certes, mais nous le sommes aussi sur de nombreux autres thèmes tout aussi importants comme la mobilité, la connectivité ou la sécurité, a lancé Jochem Heizmann, membre du directoire de Volkswagen AG en charge de la Chine. Nous voulons jouer un rôle plus large que celui d’un simple constructeur automobile.” Et le dirigeant de prendre appui sur la mobilité pour asseoir son idée : “Pour nous, la mobilité s’entend d’une manière durable et, pour ce faire, le groupe va localiser 15 modèles électriques ou plug-in hybrides en Chine.” Les modèles à arborer les logos GTE, e-tron ou E-Hybrid vont donc être nombreux. Ainsi, l’Audi A3 Sportback e-tron et la Golf GTE sont déjà dans les starting-blocks, avant que n’arrivent en 2016 la Passat GTE, l’A6L e-tron ou encore le Q7 e-tron qui cachera une mécanique essence, contrairement à l’Europe où le gros SUV aux anneaux a choisi un bloc Diesel. Le groupe a également précisé que les SUV seraient au cœur de sa croissance future, qu’il va alimenter avec une enveloppe de 22 milliards d’investissements. Des euros qui vont aussi permettre à Volkswagen de disposer d’une capacité annuelle de production installée localement de 5 millions en 2019. En effet, en plus des 18 usines actuelles, trois nouvelles vont ouvrir dans les années à venir avec celle de Changsha en 2015, et celles de Qingdao et Tjanjin en 2017 et 2018.
“Le potentiel de croissance du marché Premium est encore important”
Pour l’année 2015, SAIC-VW, l’une des deux JV du groupe en Chine, va lancer pas moins de 9 nouveaux modèles, et ce chiffre devrait grimper jusqu’à 20 nouveautés d’ici 2020. De quoi, en attendant les plug-in, faire croître les volumes après une année 2014 durant laquelle le groupe a totalisé 3,67 millions d’unités (+ 12,3 %). Depuis le début de l’année, la croissance est au rendez-vous avec 898 400 unités (+ 2 %), mais le groupe fait moins bien que le marché (+ 12 %). Cela étant, toutes les marques ne sont pas logées à la même enseigne et, une fois de plus, Audi ne connaît pas la crise avec des ventes en hausse de 7 % sur le premier trimestre alors que la croissance du seul marché Premium s’est limitée à 5 %. De quoi rendre optimiste Luca de Meo, membre du directoire d’Audi AG en charge des ventes et du marketing, qui estime que “le potentiel de croissance du marché Premium est encore important puisqu’il ne représente aujourd’hui que 9 % en Chine contre environ 15 % sur les marchés matures”. Quant à Skoda, avec la nouvelle Fabia mais surtout la nouvelle Superb, “taillée pour la Chine”, selon Winfried Vahland, le patron de Skoda, la marque tchèque ne manque pas d’ambition et tentera de faire mieux que les 281 400 ventes de l’année 2014 (+ 24 %).
“Le groupe ne manquera pas la vague des SUV”
On pourrait encore ajouter les ambitions de Ducati, Bentley, Bugatti, Lamborghini ou Porsche, et même celles de Scania et MAN, mais à chaque fois l’orientation serait la même. Jochem Heizmann n’imagine la croissance qu’en Chine, même s’il convient que des années à + 30 % sont de l’histoire ancienne. Il imagine plutôt, dans le futur, un taux de croissance moyen compris entre 5 et 8 %, ce qui, compte tenu du volume global du marché chinois, reste enviable. Mais il faudra être sur les segments les plus porteurs. Aujourd’hui, ce sont les SUV et les MPV, et l’on ne peut pas dire que l’offre du groupe en la matière soit des plus pléthoriques. Les SUV représentent certes 30 % des ventes d’Audi, mais pour Volkswagen ou Skoda, le Tiguan, le Touareg et le Yeti se sentent un peu seuls. “Le groupe ne manquera pas la vague des SUV en Chine et ailleurs”, promet toutefois Jochem Heizmann. Quant à la vague “low cost”, la réponse est invariablement la même : “Nous travaillons sur une famille de “Budget Car”, le développement est en cours, mais je ne peux vous donner aucune date de lancement.”
Si les volumes restent importants, la rentabilité l’est tout autant. Pour mémoire, lors de la présentation des résultats financiers du groupe en mars dernier, Martin Winterkorn avait indiqué que la part des JV de Volkswagen avait permis de dégager un résultat opérationnel de 5,2 milliards d’euros, en croissance de 900 millions. En sera-t-il de même en 2015 ? Difficile de le préjuger, mais une chose est sûre, le marché chinois évolue et change peu à peu. En effet, d’un marché de demande, avec plus de 65 % de primo-accédants, il montre, depuis le début de l’année, les signes d’un marché d’offre avec pour conséquence directe l’apparition de rabais.
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FOCUS
Le financement en Chine
Les cartes bancaires et les crédits remplacent peu à peu les liasses de liquide. “Le taux de pénétration des crédits automobiles gonfle vite. En 2014, 19 % des acheteurs de voitures souscrivaient un crédit, contre 17 % en 2013”, observe Lin Huaibin, du cabinet IHS Automotive. Ils étaient moins de 10 % en 2010. La marge potentielle de progression est immense : en France comme aux Etats-Unis, 70 % des achats de voitures neuves sont à crédit. Même si la part du crédit est encore faible, en chiffres cela donne le vertige : le régulateur bancaire a révélé mi-2014 que les prêts accordés à des particuliers par les 17 sociétés de finance automobile autorisées dans le pays s’élevaient à 195 milliards de yuans (29,6 milliards d’euros)… contre 1,3 milliard de yuans en 2005.
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La production chinoise en 2014
Plus de 23,4 millions de VP et VUL ont été produits en Chine l’année passée. C’est 8,9 % de plus qu’en 2013 selon le cabinet Inovev. Premier marché mondial, la Chine est aussi et logiquement le premier producteur de véhicules de la planète. Une place d’ailleurs acquise depuis 2009. Cela étant, à l’image des ventes en 2014, le rythme de croissance de la production a été moindre avec 8,9 % en comparaison avec les 14,7 % de gagnés en 2013. Mais quoi qu’il arrive, la croissance chinoise de 2014 est largement supérieure à celle de la production mondiale qui s’est limitée à +3,3 %. Les JV avec les constructeurs étrangers ont représenté 60 % de la production totale en 2014, et même 70 % si l’on se limite aux VP. Le leader reste le Groupe Volkswagen avec 15 % de la production VP-VUL, vient ensuite GM avec 14 % puis Hyundai-Kia avec 8 %. Le seul constructeur chinois du Top 5 est ChangAn à la 4e place. Sur ces quatre dernières années, la croissance moyenne de la production chinoise a été de 10 % par an, ce qui équivaut à environ 2 millions d’unités supplémentaires par an. Un volume annuel additionnel qui devrait rester d’actualité d’ici à 2020. Selon ce scénario, la production chinoise atteindrait alors 35 millions d’unités à cette date, soit le tiers de la production mondiale.
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