S'abonner
Constructeurs

Les défis de la nouvelle gouvernance de Renault

Publié le 24 janvier 2019

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Jean-Dominique Senard, nouveau président de Renault et Thierry Bolloré, directeur général, prennent la barre du constructeur français dans un contexte difficile. Les défis sont nombreux.
Jean-Dominique Sénard, président de Renault et Thierry Bolloré, directeur général, à l'issue du conseil d'administration, le 24 janvier 2019.

 

Alors que le conseil d'administration de Renault, réuni ce 24 janvier 2019 au matin a entériné la nomination de Jean-Dominique Senard au poste de président de Renault et celle de Thierry Bolloré en tant que directeur général de plein droit (il exerçait cette fonction par intérim depuis l'arrestation de Carlos Ghosn le 19 novembre 2018), les défis que devra relever ce nouveau tandem sont nombreux.

 

Pacifier les relations avec Nissan

 

Il s’agit sans doute du dossier le plus sensible de la nouvelle direction de Renault. Les relations avec les partenaires, notamment Nissan, qui est à l’origine de l’arrestation de Carlos Ghosn, vont-elles se pacifier ? La crise initiée par l’incarcération du patron de l’Alliance au Japon a révélé un problème de confiance entre les différents partenaires. La nouvelle direction devra éviter une guerre des clans entre anciens du système Ghosn et les lanceurs d’alertes japonais, notamment le directeur général de Nissan, Hiroto Saikawa.

 

Il faudra ensuite aplanir les différends au niveau capitalistique. Pour rappel, l’Alliance s’est construite autour des trois constructeurs Renault, Nissan et Mitsubishi, mais est aussi ficelée par un enchevêtrement de participations croisées. Petit récapitulatif : en 1999 Renault reprend Nissan au bord de la faillite. Le Français prend alors 43 % du capital du japonais et s’octroie 22 % de droits de vote. Nissan met alors la main sur 15 % du Français, mais sans droits de vote. En 2017, Mitsubishi est intégré à l’Alliance via Nissan, ce qui se traduit par une prise de participation de capital du nouveau venu par Nissan de 34 %. Voici sur quoi repose aujourd’hui cette Alliance unique dans le secteur automobile (voir infographie en fin d'article.)

 

Préserver l'Alliance

 

Nissan, par l'intermédiaire de Hiroto Saikawa, s'est récemment voulu rassurant quant à l’avenir de l’Alliance mais n’a pas exclu un rééquilibrage des forces. Début janvier, le directeur général déclarait à l’AFP que, « dans l’immédiat, nous n’avons rien à changer, mais peut-être à l’avenir, pour les futurs dirigeants, il faut s’interroger sur la pérennité du système actuel. Nous devrions peut-être le revoir ».

 

Le constructeur japonais ne digère toujours pas le fait que l’Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15 % du capital, dispose de 22 % des droits de vote. Un autre élément pointé du doigt est l'évolution du rapport de force entre les deux constructeurs, qui s’est inversé depuis 1999. Nissan contribue désormais à la moitié du volume de ventes de l’Alliance, soit 5,81 millions de VL contre 3,76 millions pour Renault et 1,03 pour Mitsubishi. Une tendance qui se retrouve également dans le chiffre d’affaires, de 100 milliards d’euros pour Nissan soit deux fois plus que Renault.

 

En France, l'évolution de la gouvernance n'est pas à l'ordre du jour. Elle n'est clairement pas envisagée. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a affirmé qu’il n’était pas question de changer les grands équilibres de cet attelage, jusqu’ici synonyme de réussite. « Il y a aujourd'hui un partage qui me paraît le bon, il y a un équilibre qui est le bon. Il y a des participations croisées entre Renault et Nissan qui ne doivent pas changer », a-t-il déclaré sur LCI.

 

Il revient maintenant à Jean-Dominique Senard d’apaiser ces tensions afin d’assurer la pérennité de l'Alliance, jusqu’ici vaillante, mais qui semble aujourd’hui vaciller, attaquée sur ses fondements. Le conseil d’administration a indiqué que « le président du conseil d’administration de Renault sera l’interlocuteur principal du partenaire japonais et des autres partenaires de l’Alliance pour toute discussion sur l’organisation et l’évolution de l’Alliance ».

 

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle