Les Big Three produisent mieux

...7 ans, le groupe Chrysler a réduit le temps moyen de fabrication d'un véhicule de 14 heures ! Ainsi en 2007, avec 30,37 heures par unité, il fait jeu égal avec Toyota. "Grâce à des process plus cohérents et plus efficaces, ainsi que le départ de dizaines de milliers d'ouvriers, les Big Three ont presque effacé en 2007 leur déficit de productivité vis-à-vis de leurs concurrents japonais, commente Ron Harbour, l'auteur de l'étude, malgré une production et des parts de marché déclinantes. Améliorer la productivité alors que les volumes diminuent est un tour de force." Et l'usine Chrysler de Toledo South en est peut-être le symbole. En effet, depuis début 2007, ce site historique de la marque Jeep, produit selon une nouvelle organisation (voir JA N°987 de 26/01/2007) que nous avions découverte le temps d'une visite. La production de la Jeep Wrangler a ainsi été revue de fond en comble avec notamment l'intégration et la responsabilisation des partenaires. Mais tout cela à un coût : 3,9 milliards de dollars ont été investis sur 5 ans. Un autre élément, souligné par le rapport Harbour, est également venu jouer un rôle essentiel. A l'époque, syndicats et Etat de l'Ohio avaient suivi faute de quoi l'avenir s'annonçait bien sombre. Un point toujours d'actualité à l'échelle du pays. "Les nouvelles conventions collectives conclues par GM, Ford et Chrysler avec le syndicat des salariés de l'automobile vont encore réduire la différence de coût du travail entre les constructeurs de Detroit et leurs rivaux étrangers sur les trois prochaines années", affirme Ron Harbour. Selon son étude, l'écart qui atteignait près de 1 200 dollars ces dernières années n'est plus que de 606 dollars par véhicule aujourd'hui. Il estime même qu'à fin 2011, notamment suite aux effets des conventions, cet écart ne serait plus que de 97 dollars. Pour autant, les derniers développements chez GM nous ont montré que des retournements étaient possibles. En effet, quelques semaines après avoir signé une nouvelle convention avec les ouvriers canadiens, GM a annoncé la fermeture de l'une des usines d'Oshawa pourtant sur le podium des plus productives.

Productivité n'est pas automatiquement synonyme de rentabilité

Cette amélioration du rendement et des coûts pourrait même amener les constructeurs à réintégrer la fabrication de certaines pièces "délocalisées" chez des sous-traitants pour cause de salaires et charges trop élevés. Mais cette hypothèse semble peu probable car les constructeurs américains ont encore de nombreux défis à relever notamment dans l'offre produits. Ils devront être moins gloutons, plus respectueux de l'environnement mais aussi plus rentables afin de pouvoir compenser la rentabilité perdue suite à l'effondrement des ventes de trucks. Car, si la productivité est bonne, les constructeurs américains sont encore loin de la rentabilité de leurs principaux concurrents asiatiques sur le sol américain. En 2007, Nissan et Honda ont enregistré un bénéfice avant impôts de 1 641 dollars par unité (en hausse). Celui de Toyota, en baisse, s'est limité à 922 dollars. Alors que ceux des Big Three restaient dans le rouge. Ainsi, même si l'amélioration est sensible durant l'année 2007, Ford a clos l'exercice avec - 1 467 dollars par unité, - 729 par GM et - 412 pour Chrysler.

Photo : L'usine Chrysler de Toledo South est la plus productive des usines US. La Wrangler, qui en sort, détient également la palme de la voiture la plus rapidement assemblée avec 13,57 heures.