Les 10 points marquants du marché automobile en juin 2022 : mais quand s'arrêtera la chute ?
Un marché annuel à moins de 1,5 million d'unités ?
Les mois se suivent et se ressemblent. En juin, le marché automobile français poursuit sa lente descente aux enfers avec 171 086 immatriculations, un volume en baisse de 14,2 %. Sur les six premiers mois de l'année, le marché recule de 16,3 %, à 771 979 unités, soit 394 464 véhicules de moins par rapport à 2019, sur la même période. Avec de tels résultats, et sauf miracle, il est peu probable que le marché automobile atteigne les 1,5 million de véhicules d'ici la fin de l'année. Les raisons ? Elles n'ont pas changé : crise des semi conducteurs, situation géo-politique, inflation. Les constructeurs automobiles assurent depuis des mois avoir des carnets de commandes qui débordent. De fait à fin mars 2022, près de 838 000 véhicules (particuliers et utilitaires) étaient en attente de livraison. Mais, pour l'instant, on ne voit toujours pas ces commandes dans les immatriculations...
Fait marquant de ce mois : près de 20 000 immatriculations ont été enregistrées sur la dernière journée du mois de juin. Le 29 juin 2022, le marché ne comptait que 152 760 unités. Les constructeurs seraient-ils en train de retrouver leur vieux démons ? Il se dit en tout cas que les allocations par pays des groupes automobiles, qui se fixent l'été pour l'année suivante, entraineraient un peu d'immatriculations sur parc afin de ne pas déshabiller trop lourdement les marques en 2023...
Des groupes dans le rouge...
Rien ne va plus chez Stellantis. Le groupe se prend les pieds dans le tapis avec une baisse de 16,9 % (53 804 unités) ; pas une seule marque du groupe n'est dans le vert, à part Alfa Romeo qui progresse de 34,4 %, mais cela ne représente que 305 véhicules. Depuis six mois, le groupe plonge de 21,1 % (251 212). C'est pire chez Volkswagen. Le groupe allemand dévisse de 36,9 % (19 010), ce qui fait plonger de 25,6 % (96 079) les résultats semestriels. Toyota n'est pas en grand forme non plus. En juin, le japonais perd 26,7 % (8 919) et 19,8 % (45 446) depuis le début de l'année.
... Mais Renault surnage
Dans ce marasme ambiant, presque tous les groupes sont donc logés à la même enseigne... Sauf Renault, Mercedes et Nissan. Le groupe français affiche un début de sourire avec une augmentation de ses ventes de 4,1 %, à 53 916 unités. Cette relative bonne santé, dans le contexte actuel, est portée par un Dacia en très grande forme. La marque roumaine enregistre en effet une insolente progression de 15,9 % en juin (17 728). Renault y contribue également avec une stratégie logistique des véhicules neufs qui porte ses fruits. La marque stocke à un seul endroit tous les VN produits avant d'attribuer les modèles au réseau. Une manière d'éviter la concurrence entre distributeurs dans un même réseau. Visiblement la stratégie est payante. Mais il ne faut pas oublier que sur les six premiers mois de l'année, le groupe recule de 10,7 %. Cela reste néanmoins deux fois moins pire que Stellantis. Sur ce mois de juin, Mercedes et Nissan ont également repris du poil de la bête avec une progression respective de 12,5 % (5 543) et 18,4 % (2 601).
Des résultats historiques pour les coréens
Et les coréens, qui affichaient jusqu'à peu des résultats insolents ? Ce n'est guère mieux pour ce mois : - 10,9 % pour Hyundai (4 474) et - 11,3 % pour Kia (4 053). En revanche, le groupe qui réunit les deux marques progresse de 3,7 % (46 925 unités) sur le semestre. Des résultats historiques qui lui permettent de se placer à la troisième place des groupes les plus vendus en France, devant le groupe Toyota (45 446). En revanche, les modifications introduites dans le nouveau bonus, même prolongé de six mois, vont impacter Kia et son nouveau Niro hybride qui affiche 18 g/km de CO2. Ce dernier ne bénéficiera plus que d'un bonus de 1000 euros. La prime de 6000 euros étant désormais réservée exclusivement aux véhicules zéro émission.
Des marques en berne
Si l'on se place au niveau des marques, les résultats sont encore plus cruels. Celles qui affichent des résultats positifs sur ce mois se comptent sur les doigts... d'une main. Par ordre d'importance, citons Dacia (17 278 unités : + 15,9 %), Mercedes-Benz (5 426 ; + 13,6 %), Nissan (2 601 ; + 18,4 %), MG (1 098 ; + 185 %) et Cupra (956 ; + 45,1 %). Si l'on veut vraiment être complet sur ce sujet, on peut étendre notre palmarès à Lynk&Co (454 ; NC), Alfa Romeo (305 ; + 34,4 %) et Alpine (195 ; + 27,5 %).
Un Top 5 des modèles qui n'évolue pas
Avec les problèmes de disponibilités des modèles, le Top 5 des modèles les plus vendus varie énormément. Néanmoins, pas de changement du podium pour ce mois-ci. La Peugeot 208 reste le modèle le plus immatriculé (11 490 unités, + 29,7 %), suivie par la Renault Clio (10 493 ; + 9,4 %) et la Dacia Sandero (9 345 ; - 6,3 %). Le Renault Captur s'octroie la quatrième place (7 806 ; - 9,3 %), suivi par la nouvelle Peugeot 308 (5 784 ; NC). A noter que la première Citroën, la C3, pointe à la 7ème place (4 675 ; - 32,4 %).
L'électrique : 12,8 % des immatriculations
Les variations du mix énergétique n'évoluent pas beaucoup. L'électrique, et dans une moindre mesure le GPL et l'E85, continuent à enregistrer des immatriculations à la hausse alors que les autres énergies baissent. Avec 21 888 unités, l'électrique gagne 4,7 %. Cette énergie représente une part de marché de 12,8 %. Toujours porté par Dacia, et ce malgré des problèmes de disponibilités, le GPL enregistre une progression de 23,5 % (7 767), soit une part de marché de 4,5 %. Enfin, le bioéthanol, disponible que chez Ford, Land Rover et Jaguar, couvre 1,2 % du marché (2 705). Pour les autres énergies, l'hybride rechargeable peine (11 964 ; - 27,5 %) avec une part de marché de seulement 7 %. Le diesel enregistre une chute de 25,6 % (30 385) avec une part de marché de 17,8 %, derrière l'hybride qui enregistre une pénétration de 19,9 % (33 970 ; - -6,7 %). Enfin, l'essence reste dominante ,avec 36,8 % du marché (63 037 ; - 19,5 %).
Le VO creuse le déficit
Avec un total de 453 583 immatriculations en juin 2022 tous canaux confondus, le marché des véhicules d'occasion s'effondre de 17,9 % en comparaison à l'an passé. Renault dévisse de 21,5 %, à 83 849 unités, quand Peugeot et Citroën fondent respectivement de 19,3 % (79 539 VO) et 19 % (47 933 VO). A l'issue du premier semestre, les remises à la route sont en berne de 12,4 %, à 2 732 773 unités. Toutes les marques majeures sont dans le négatif, à l’exception de Hyundai qui avec un cumul de 32 130 VO, achève la période en progression de 1,3 %. A noter que, crédités de 981 912 transactions après 6 mois (-8,7 %), les professionnels pèsent 35,9 % du marché.
Un premier semestre noir pour les VUL
En cette période sombre pour le marché automobile, les utilitaires légers sont sans doute les plus touchés. Le premier semestre 2022 s’est achevé sur un repli monstrueux de 24,4 %, à seulement 183 262 immatriculations. Le mois de juin a été du même acabit que les précédents avec 36 426 mises à la route, un volume inférieur de 21,9 % par rapport à juin 2021. D’autres chiffres témoignent du chaos qui règne sur ce marché des VUL. Fiat plonge par exemple de 47,2 % au premier semestre, à 11 373 mises à la route. Renault est à -31,9 %, Peugeot à -24,1 % et Mercedes-Benz à -23,1 %. Le seul membre du top 10 à basculer dans le vert sur le semestre est Toyota, à +3,1 % et 5 365 immatriculations.
Des particuliers et des sociétés qui résistent (un peu)
Aucun canal de distribution ne progresse en ce mois de juin. Néanmoins, celui des particuliers s'en tire le mieux avec une baisse de "seulement" 3,2 % (80 442 unités). Ce canal pèse même 47 % des immatriculations totales sur le mois et 45,1 % sur les six premiers mois de l'année. Renault ressort tout en haut de l'affiche sur ce canal avec une part de marché de presque 22 % en juin et de presque 17 % au bilan du semestre. Si l'on inclut Dacia, les deux marques possèdent au total un tiers du marché des particuliers. Une belle prouesse ! Peugeot, pourtant habitué à performer sur ce canal, n'arrive qu'en troisième position avec 39 530 immatriculations aux particuliers sur un total de 128 211, soit 30%. La gestion de la crise des semi-conducteurs dans les deux groupes ne voient pas les mêmes effets.
Le canal des locations longue durée (20 730 ; - 3,1 %) et pour les ventes à sociétés (26 251 ; - 4,5 %) résistent également malgré la baisse des remises accordées par les constructeurs à ces clients. En revanche, c'est la Bérézina pour la location courte durée. Les immatriculations ont reculé de 47,5 % (15 323). Conséquence, les prix des location s'envolent ; cet été, cela sera dur de louer une voiture à un tarif acceptable. Enfin, les véhicules de démonstration qui étaient le terrain de jeu préféré des constructeurs dans le monde d'avant pour équilibrer leur part de marché perd 27,2 % (23 433).
(avec Damien Chalon, Catherine Leroy & Gredy Raffin)
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.