Le vert au front

... l'annonce de Rick Wagoner validant la fermeture de quatre sites de production de trucks sur le continent américain prend assurément valeur de symbole. L'explosion du prix des carburants n'est pas jugée conjoncturelle. Par conséquent, la modification du comportement des consommateurs est, elle aussi, durable. Dès lors, GM n'ajuste pas sa politique de production, mais fait un choix stratégique plus radical. D'aucuns critiquent le manque d'anticipation, voire de clairvoyance, de la direction du groupe. C'est sans doute trop simpliste. Pour un groupe dans le rouge, anticiper et se priver des marges importantes réalisées sur les trucks n'aurait guère eu de sens. GM est allé au bout d'une logique économique. En outre, cette annonce intervient au moment exact où ce segment de marché est en chute libre, ce qui permet de jouer sur l'état de crise dans le cadre des négociations avec les syndicats… En revanche, ce new-deal ne va pas faciliter la vie de constructeurs américains nageant dans l'abysse de pertes vertigineuses. GM a beau tenter le coup de comm'de la Volt, ce modèle ne donnera pas une longueur d'avance au groupe et s'inscrira simplement dans un jeu concurrentiel classique. Ford a de facto reporté sine die le retour aux bénéfices. Et Chrysler joue plus sa survie, tout en comptant les rapaces cosmopolites tournoyant au-dessus de ses usines américaines… En fait, pour sortir du rouge, tous misent sur le vert. Le mélange additif entre ces deux couleurs primaires aboutit à du jaune. Symboliquement, Toyota et Honda ne seraient pas les derniers à s'en réjouir…