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Constructeurs

Le pavé dans la mare

Publié le 8 octobre 2004

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Confronté comme la Formule 1 a des problèmes de coûts, le championnat du monde des rallyes fait l’objet d’une profonde réflexion. Gare aux dérapages… Diffusée (très discrètement) lors de la deuxième journée presse du Mondial, l’information a fait l’effet d’une bombe. Sans...
Confronté comme la Formule 1 a des problèmes de coûts, le championnat du monde des rallyes fait l’objet d’une profonde réflexion. Gare aux dérapages… Diffusée (très discrètement) lors de la deuxième journée presse du Mondial, l’information a fait l’effet d’une bombe. Sans...

...doute inquiète par les perspectives d’un plateau WRC réduit en 2005 (à ce moment, seuls Peugeot, Citroën et Subaru avaient confirmé leur engagement ferme), la FIA a décidé de prendre les devants. Concrètement, les constructeurs impliqués dans le championnat du monde des rallyes (et ceux “qui pourraient l’être à l’avenir”) ont reçu un courrier signé par Shekhar Mehta et Gabriel Gadringher, respectivement présidents de la commission WRC et de la commission des constructeurs au sein de la FIA. Dans les grandes lignes, ce courrier est destiné à connaître l’avis des constructeurs sur l’abandon dès 2006 de la réglementation technique dite “World Rally Cars” (WRC) au profit de la formule Super 2000 (S2000). Celle-ci repose sur des voitures à moteur 2 litres atmosphérique (les WRC utilisant un turbo) et à quatre roues motrices, dépourvues des nombreux dispositifs électroniques et hydrauliques coûteux tels les boîtes de vitesses robotisées et les différentiels pilotés. Bref, des mesures qui, en fonction des opinions de chacun, devraient être votées par le Conseil mondial lors de sa réunion du 13 octobre prochain. Un laps de temps particulièrement court s’il en est, dans la lignée de certaines décisions prises avec précipitation ces derniers temps. Le ridicule ne tue pas, c’est bien connu !

Avec le maintien de Skoda et le retour de Mitsubishi, les effectifs sont à la hausse

Et surtout, ce genre de décision prise à la “va-vite” n’est pas forcément fondée à l’heure où nous écrivons ces lignes, dans la mesure où la situation a évolué sérieusement.
Certes, l’incertitude quant au maintien de l’engagement de Ford demeure toujours. Entre parenthèses, Jost Capito, le patron de Ford Motorsport Europe, irait plutôt dans le sens du projet S2000. Mais, au-delà de cette prise de position, deux bonnes nouvelles viennent de “tomber”. Malgré ses difficultés économiques, Mitsubishi sera bien présent en 2005, sur la totalité des épreuves. Pour mieux préparer son retour, deux Lancer WRC04 seront même engagées au prochain rallye de Catalogne (du 29 au 31 octobre), 15e manche du championnat du monde 2004. De même, Martin Muehlmeier, le directeur sportif de Skoda Motorsport, a annoncé que la marque tchèque, qui engageait jusqu’ici sa Fabia au coup par coup, disputera un programme complet l’an prochain et ce, quel que soit le nombre d’épreuves. Les effectifs sont donc à la hausse… Quant à parler de restriction budgétaire, nécessaire pour la survie à long terme de la discipline, certains campent sur leurs positions. Celle de Peugeot est connue. Plutôt favorable à l’engagement d’une troisième voiture, le Lion, par la voix de Corrado Provera (directeur de Peugeot Sport), a toujours prôné le maintien à 14 rallyes, et non le passage à 16, d’autant plus que les deux épreuves ajoutées au calendrier par la FIA, en l’occurrence le Japon et le Mexique, sont des épreuves lointaines. Donc coûteuses. Rencontré sur le Mondial lors de la première journée presse, Guy Fréquelin, le patron de Citroën Sport, explique pour sa part : “La première des choses est que le championnat du monde n’est pas médiatisé à sa juste valeur, et ce en dépit du travail fantastique réalisé par David Richards et sa société ISC. Nous devons faire en sorte que les retombées soient suffisantes pour que les constructeurs ne se posent pas la question de savoir s’ils doivent s’engager ou non.” Il poursuit : “Le deuxième point est la gestion de la crise actuelle. Pour nous, la seule solution serait de réduire le nombre d’épreuves obligatoires. Je m’explique. En accord avec la FIA, on pourrait envisager de déterminer un nombre d’épreuves obligatoires (par exemple, 12 sur 16), sans infliger de pénalités financières aux constructeurs qui ne participeraient pas aux épreuves les moins intéressantes à leurs yeux, et qui en profiteraient pour effectuer un travail de développement en parallèle.” Autre aspect. Selon lui, la suppression de l’électronique ne va pas dans le sens de l’actualité, les automobiles de série actuelles étant justement “bardées” d’électronique. En outre, aux dires des ingénieurs, cette suppression de l’électronique, notamment au niveau du pilotage des différentiels, ne favoriserait pas une réduction des coûts. En effet, le remplacement des ponts pilotés déboucherait sur un très gros travail de développement de ponts mécaniques en différentes configurations, en fonction du type de terrain. Guy Fréquelin reprend : “En revanche, le fait d’effectuer deux courses avec le même moteur représente incontestablement une économie directe, comme celle de réduire le nombre de boîtes de vitesses par rallye (deux autorisées aujourd’hui, NDLR).” Bref, comme en F1, les constructeurs se doivent de trouver des solutions… sous peine de s’en voir imposer par les instances sportives.


Marc David

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