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Constructeurs

La marque au Blitz vendue, le tonnerre gronde

Publié le 25 septembre 2009

Par David Paques
4 min de lecture
Le 10 septembre dernier, après des mois de tractations et de spéculations sur l'identité du futur propriétaire de la marque en Europe, General Motors a annoncé avoir opté pour l'offre de l'équipementier canadien Magna et...
...de la banque d'affaires russe Sberbank, pour le rachat d'Opel et Vauxhall.

Le constructeur devrait ainsi  signer les contrats scellant la vente début octobre. Fritz Henderson, le directeur général de GM, annonçant même "qu'aucun obstacle sérieux ne pourrait remettre en cause l'opération", dont le bouclage définitif est annoncé pour la fin d'année au plus tard. L'accord prévoit que Magna rachète 55 % des parts, GM conserve 35 % du capital, et que les employés prennent les 10 % restants. Pour autant, les détails du plan de restructuration ne sont pour l'heure pas encore connus. "Nous n'avons modifié notre concept depuis le 31 mai dernier", précise Siegfried Wolf, coprésident de Magna. Pourtant, les bruits courent et la polémique enfle au sujet de la nature même de ce plan.

Magna prévoit en effet de supprimer 10 500 postes en Europe, sur les 50 000 que le constructeur possède sur le vieux continent. Et c'est l'Allemagne qui devrait sans doute payer le plus lourd tribu, puisque 4 000 des 25 000 emplois basés Outre-Rhin devraient être supprimés. Pourtant, c'est bien à propos de la potentielle fermeture du site d'Anvers, en Belgique, et de ses 2 600 postes, que souffle un vent de discorde. Certaines voix s'élèvent en effet au sujet des 4,5 milliards d'euros d'aides publiques promises par Berlin au consortium Magna-Sberbank. Une subvention que certains jugent comme une tentative de pression auprès du repreneur pour préserver les 4 usines allemandes, au détriment des autres sites européens. Des relents protectionnistes qui ne sont pas du goût de tous.

La grogne monte dans les Etats membres

C'est ainsi la Belgique, par la voix de son Ministre des affaires étrangères Yves Leterme, qui semble mener la fronde. "J'ai protesté auprès de mon collègue allemand et demandé le strict respect des règles européennes". Son pays n'a en effet pas été convié à une réunion sur les garanties publiques que les Etats concernés devront apporter à la reprise d'Opel. La Belgique a même annoncé être prête à introduire une plainte officielle auprès de la commissaire européenne à la concurrence, Nellie Kroes. Selon les médias belges, l'usine d'Anvers est en effet plus rentable qu'un des sites allemands. En l'attente, le gouvernement belge s'est rapproché de ses homologues hongrois et espagnols, eux aussi concernés.

En Espagne, le Ministre de l'Industrie Miguel Sebastian se montre pour le moins circonspect. "Nous avons toujours pensé, étant donné les déclarations de General Motors, que Magna n'était pas la meilleure alternative… Nous sommes étonnés de ce changement d'avis de GM. Nous voulons demander une explication au gouvernement allemand", a t-il indiqué. Le comité d'entreprise de la marque en Espagne a même appelé à manifester à Saragosse pour protester contre le plan de Magna. Là-bas, 1 700 des 7 000 emplois de l'usine de Figueruelas pourraient être supprimés.

Même levée de boucliers en Grande Bretagne où Peter Mandelson, ministre du commerce a notamment rappelé que "la Commision ne devait rien accepter de ce qui ressemblerait à un accord politique et un quelconque lien entre des aides et le maintien d'emplois dans un pays ou sur un site en particulier", tout en spécifiant que les usines Vauxhall basées en Grande-Bretagne étaient "très rentables".

Outre la Chancelière Angela Merkel, qui s'est personnellement engagée dans ce dossier et se félicite d'avoir bouclé l'affaire quelques semaines à peine avant les élections législatives prévues le 27 septembre, ils sont aujourd'hui peu nombreux à exprimer leur pleine satisfaction. Le premier Ministre russe Vladimir Poutine, lui, est de ceux-là. Il s'est en effet réjouit lui de cet accord. Il peut. Le constructeur a indiqué récemment son intention d'ouvrir un site de production en Russie, pour l'assemblage de la nouvelle Astra, à destination des marchés russe et des pays d'ex URSS. La restructuration d'Opel-Vauxhall, qui affiche aujourd'hui des sites de production en Allemagne donc, mais aussi en Belgique, en France, en Espagne, en Pologne, en Hongrie et en Grande-Bretagne, n'a donc pas fini de faire parler.

Le Ministre de l'économie allemand affiche pourtant son optimisme et assure que "les pays abritant des sites Opel allaient s'efforcer de mettre sur pied des bases pour un financement commun". Les prochaines semaines risquent d'être fortes en négociations. Magna devrait quant à lui présenter les détails de son plan le 7 octobre prochain.

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