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Constructeurs

La filière automobile va-t-elle vers une sortie de route ?

Publié le 29 novembre 2023

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Le passage au 100 % électrique en 2035 ne manque pas de bouleverser l’industrie. Parmi les conséquences, le marché automobile français pourrait reculer de 25 % d’ici 2030. Dans ce contexte, le cabinet Xerfi imagine qu’une adaptation du calendrier sera nécessaire.
avenir de la filière auto
Pour le cabinet Xerfi, le calendrier 2035 devra être adapté pour éviter une sortie de route de la filière auto. ©Renault

L’interdiction de la vente de véhicules thermiques en Europe en 2035 est actée. Sauf grands revirements politiques ou crises majeures. Toutefois, cette feuille de route imposée ne sera pas sans conséquence.

 

Selon une étude du cabinet Xerfi, qui évoque même une "sortie de route possible pour la filière automobile", les défis sont énormes et pas encore vraiment appréhendés. 

 

Le cabinet limite sa réflexion au marché et non aux pertes d’emplois annoncées, ou encore aux conséquences sur la mobilité des Français. 

 

Selon les experts, et le scénario 2035 actuel, les véhicules électriques pourraient représenter 75 % du marché en 2034. Mais le marché ne serait plus ce qu’il est aujourd’hui. En effet, France Stratégie table déjà sur une chute de 25 % d’ici 2030. 

 

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Le prix des véhicules électriques reste, et restera encore de nombreuses années, un frein pour de nombreux automobilistes sachant que les grandes ruptures technologiques annoncées (comme la batterie solide) sont encore loin d’inonder le marché et leur diffusion, même à l’horizon 2035, ne permettra pas de changer la donne.

 

Partant de ce constat, Xerfi imagine que le calendrier actuel devra être adapté pour ne pas totalement fragiliser cette industrie et ainsi éviter la sortie de route. 

 

Les experts imaginent, par exemple, la prolongation des hybrides rechargeables. Selon ce scénario, en 2034 les modèles électriques représenteraient alors 50 % des ventes VP en France, 40 % des VUL et enfin, toujours pour les VUL, 30 % fonctionnant à l’hydrogène. 

 

Les raisons de cette nécessaire adaptation, afin de réussir cette transition, sont nombreuses. Il faut que l’écosystème français (et européen) ait les moyens de la réussir avec, notamment, un réseau de recharge optimal mais aussi et surtout un tissu industriel compétitif. 

 

Les usines de batteries sont un élément de cette éventuelle réussite et quatre sont déjà annoncées en France avec un potentiel de 128 GWh par an. 

 

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Si toutes les planètes ne s’alignent pas, les productions chinoises vont trouver, encore bien plus d’aujourd’hui, un terrain de jeu inespéré. Qui plus est subventionnées par les États. Il faudra sur ce point voir les effets du nouveau bonus français avec un score environnemental, dont les modèles éligibles doivent être dévoilés le 15 décembre 2023. 

 

Mais finalement, n’est-ce pas déjà pas trop tard lorsque l’on regarde l’accord entre Stellantis et Leapmotor. Faute de pouvoir lutter à armes égales, Stellantis a fait le choix d’adopter les mêmes armes que ses adversaires chinois. 

 

Quoi qu’il arrive, il lui sera difficile de produire en Europe des véhicules électriques, notamment d’entrée de gamme, à aussi bon marché que ceux qui le seront dans l’usine chinoise de Leapmotor. En revanche, c’est peut-être une bonne nouvelle pour les consommateurs français et européens aux moyens contraints. 

 

Un mur d’investissements à financer

 

Selon Xerfi, une adaptation du calendrier européen, et notamment la prolongation des PHEV, permettrait aux constructeurs de pouvoir engranger des ressources indispensables pour financer cette transition vers l'électrique. 

 

"Face au mur d’investissements qui se profile, les constructeurs ne sont par ailleurs à l’évidence pas pressés d’abandonner le thermique et l’hybride, une « vache à lait » indispensable pour financer la transition vers l’électrique" indiquent les auteurs de l’étude. 

 

Des constructeurs qui sont presque en train de changer de métier également. En tout cas, d’en ajouter d’autres. "Pour vendre des voitures électriques, les constructeurs doivent eux intégrer toujours plus la filière en amont. Et ils ne ménagent pas leur peine pour produire des batteries, des moteurs électriques et même investir dans la fabrication de semi-conducteurs et l’extraction de matières premières pour batteries" ajoute Xerfi. 

 

Ils s’occupent également de l’aval puisque certains créent ou sont actionnaires de réseaux de recharge. 

 

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La transition électrique est bel et bien engagée mais la route va être longue, tortueuse et pleine de rebondissements et surprises. Mais une chose semble sûre : le paysage automobile actuel ne sera pas celui de 2035. 

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