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Constructeurs

La crise est-elle terminée ?

Publié le 3 septembre 2010

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Alors que les résultats financiers du 1er semestre 2009 étaient bien souvent mauvais, voire catastrophiques pour certains avec des pertes pouvant atteindre plusieurs milliards, un an plus tard, quasiment tout le monde est revenu...
...dans le vert. Mais attention au second semestre.

La crise ne serait-elle plus qu'un vieux souvenir ? Pas vraiment, mais à la vue des résultats semestriels de beaucoup de constructeurs elle n'est plus aussi palpable ou du moins, les plans mis en place pour mieux la traverser portent leurs fruits, soutenus par une croissance de ventes mondiales.
Pour mémoire, au 1er trimestre 2009, Renault affichait 2,7 milliards de perte et PSA pas loin d'un milliard. Un an plus tard, le Losange a dégagé 823 millions d'euros de résultat net et PSA 680 millions. Leurs ventes ont augmenté de plus de 20 % sur la planète. Même croissance pour le Groupe Volkswagen qui affiche un bénéfice net trimestriel de 1,25 milliard. Idem chez Daimler, où un bénéfice de 1,3 milliard au deuxième trimestre 2010 vient remplacer une perte d'un milliard un an plus tôt. Ford, quant à lui, a affiché un cinquième trimestre positif consécutif avec un bénéfice de 2,6 milliards de dollars. Fiat est également repassé dans le vert au deuxième trimestre avec 113 millions d'euros de bénéfice net. Nissan a, quant à lui, affiché un gain de 920 millions d'euros sur le premier trimestre de son nouvel exercice, grâce encore une fois à une augmentation de ses ventes de près d'un tiers.

L'Europe doit digérer l'arrêt des primes

Il est donc clair que le premier semestre 2010 a été bon. "Même bien meilleur que prévu", affirme Carlos da Silva, analyste automobile pour IHS Global Insight, "mais le second sera a priori aussi noir qu'on le prévoyait." Pour Emmanuel Bulle, analyste automobile chez Fitch, le second semestre sera effectivement "beaucoup plus difficile, notamment du fait de l'arrêt des primes à la casse, surtout en Europe". Mais "la performance toujours très solide des marchés émergents, Chine et Brésil en tête, devrait largement contrebalancer les éléments négatifs en Europe." Une Europe où l'arrêt des systèmes d'incitation se fait logiquement sentir mois après mois, renforcé par un effet base de données important.

Même si le marché affichait encore une croissance de 1 % à fin juin, une chute annuelle de 7 % est toujours le scénario qui tient la corde chez de nombreux constructeurs dont PSA. Et les ventes du mois de juillet semblent le confirmer. L'Allemagne, abonnée aux replis depuis décembre dernier, a encore enregistré - 30 % en juillet. En Espagne, la situation est encore plus délicate avec la fin de la prime à la casse qui se combine avec une hausse de la TVA. Ainsi, en juillet, le marché a reculé de 24 %, avec une chute de 50 % sur le canal des particuliers. Mais c'est surtout le niveau de commande en repli de 60 % qui inquiète l'Anfac, craignant "des conséquences graves pour les plans de production de la seconde moitié de l'année." La situation est moins alarmante en Grande-Bretagne et en Italie, mais la baisse est bien là avec respectivement 13,2 et 25,6 % de recul en juillet. Si la Grande-Bretagne affiche encore une croissance de plus de 15 %, au cumul, nos voisins transalpins reculent déjà de 1,48 %.

Un essoufflement de la croissance chinoise

Quant à la France, la décision de mettre fin progressivement à la prime à la casse semble jouer son rôle avec une baisse des ventes, certes attendue, mais plus lente que chez nos voisins. Ainsi, en juillet, bien que la prime à la casse soit passée de 700 à 500 euros, il s'est tout de même immatriculé 169 804 unités, soit une baisse de 12,9 %. Au cumul, depuis janvier, le marché hexagonal affiche encore une croissance de 2,8 %. Pour le CCFA, ce trend va conduire le marché 2010 à un chiffre voisin de 2 millions d'unités, "c'est-à-dire le marché français tel qu'on le connaît depuis 15 ans" estime François Roudier, avant d'ajouter : "On retrouve un marché qui, à la fois dans son volume et dans sa répartition, redevient le marché français traditionnel."

Il faudra donc que les constructeurs aillent chercher la croissance ailleurs que sur notre continent. Dès lors, ceux qui sont largement présents en Chine sont plutôt optimistes. En effet, le marché chinois a gagné en 7 mois 42,7 %, à 10,3 millions d'unités. Cependant la croissance des ventes semble s'essouffler depuis quelques mois avec "seulement" 14,4 % de mieux en juillet, contre 23,5 % en juin, 28,4 % en mai, 34 % en avril et 55,8 % en mars. Le Brésil sera l'une des autres locomotives mondiales en attendant l'Inde. En effet, ce pays sera un nouveau vecteur avec un marché qui devrait tripler d'ici dix ans pour atteindre 6 millions d'unités. En attendant, le marché indien a progressé de 38 % en juillet et les analystes s'attendent à une hausse de 15 % sur l'année.

La crise semble donc être un brin dissipée, mais pourtant, si la reprise est bel et bien réelle à l'échelle de la planète, les contrastes sont importants et de nombreuses situations demeurent encore fragiles.

Photo : Le marché chinois a progressé de 42,7 % depuis le début de l'année. Cependant, cette croissance ralentit avec "seulement" 14 % de mieux en juillet contre 55 % en mars.

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