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Constructeurs

Jim Hackett se pose en cost-killer chez Ford

Publié le 4 octobre 2017

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Après quelques mois d'observation, Jim Hackett, le nouveau patron de Ford, vient de dévoiler un plan qui prévoit d'importantes réductions de coûts et des réorientations stratégiques, notamment en Chine.
Au-delà des choix énergétiques favorisant le développement de l'électrification, Ford va aussi se recentrer sur des modèles à plus forte marge, pick-up et SUV en tête. Ci-dessus, le blockbuster américain, le célèbre Ford F-150.

 

Ford a enregistré un bon mois de septembre sur le marché américain, avec des ventes en progression de 8,7%, à 222248 unités, dont 169544 à particuliers, mais l'heure n'est toujours pas à l'euphorie, loin de là. Après avoir poussé sans ménagement Mark Fields vers la sortie, les actionnaires sont exigeants. Dès lors, le nouveau patron, Jim Hackett, était attendu lors de sa première présentation d'envergure aux analystes boursiers et aux investisseurs. 

 

"Nous devons accepter que ce qui a fait notre succès par le passé, tout au long du 20e siècle en fait, n'est plus une garantie de réussite pour le futur", a notamment lâché Jim Hackett, avant de détailler un plan d'économies significatif portant sur un total de 14 milliards de dollars. D'ici 2022, une enveloppe de 1,7 milliard de dollars dédiée à l'optimisation de motorisations thermiques sera réduite à 1,2 milliard de dollars au profit du développement de solutions électriques, hybrides et 100% VE. Toujours à un horizon cinq ans, 4 milliards de dollars d'économies sont programmés sur les coûts d'ingénierie et 10 autres milliards sont annoncés sur le front des produits et des matériaux. Cela se traduira notamment par une réduction drastique du nombre des combinaisons produits et des options. Par exemple, sur un modèle comme l'Escape, le nombre des combinaisons sera réduit de 90% !

 

Le plan de réduction des coûts prévoit aussi un volet industriel : optimisation du réseau industriel, via le big data ou la réalité virtuelle notamment, et priorité donnée aux zones faisant valoir de faibles coûts de main-d'œuvre, la localisation de la Focus en Chine en étant une parfaite illustration. Parmi les arbitrages budgétaires, relevons aussi que 7 milliards de dollars seront réattribués au développement de pick-up et de SUV. Soit des modèles à plus haut niveau de marge. Aux Etats-Unis, l'accent sera porté sur de véritables véhicules off-road, tandis qu'en Chine, les SUV seront privilégiés, surtout les – très prisées – versions vastes et spacieuses à trois rangées, ainsi que les modèles électriques, nous y reviendrons. Parallèlement, les berlines et les compactes seront moins nombreuses dans la gamme, même si, pour l'heure, la direction de Ford n'envisage pas d'abandonner un seul segment.

 

Par ailleurs, Ford va donc augmenter ses budgets consacrés aux véhicules électriques et prévoit notamment de lancer treize nouveaux modèles dans les cinq prochaines années (hybrides ou 100% électriques). Comme pour les autres constructeurs, cette volonté est principalement motivée par l'inflexion politique sur le volet des émissions polluantes prise par plusieurs marchés et non des moindres, puisqu'il s'agit de l'Europe, de l'Inde et de la…vChine ! D'ailleurs, sur ce point, en Inde, un partenariat est à l'étude avec Mahindra & Mahindra, tandis qu'en Chine une co-entreprise est envisagée avec Anhui Zotye Automobile Co.

 

En outre, Jim Hackett a confirmé que la connectivité allait progressivement et rapidement se généraliser à l'ensemble de la gamme, passant ainsi de 55% actuellement à 90% d'ici 2020, et à 100% aux Etats-Unis dès 2019. En parallèle, le programme tendant à l'autonomisation des véhicules est naturellement confirmé. Il ne prendra pas la forme de la base Fusion actuellement déployée. "Les partenariats et les phases de tests vont s'intensifier", souligne Jim Hackett. Le terme de 2021 n'a pas varié, Ford ne promettant donc pas d'accélérer les choses.

 

Enfin, Jim Hackett a aussi confirmé les objectifs financiers pour l'exercice, notamment 9 milliards de dollars de profit avant impôts. Sans perdre de vue, à plus long terme, le seuil des 8% des marge opérationnelle. Si les efforts de rigueur ont été appréciés, l'annonce de Jim Hackett n'a pas séduit outre mesure les places de marché. De leur côté, les actionnaires restent dans une posture attentive. Et nous noterons aussi au passage que certaines lignes directrices de "One Ford" appartiennent bel et bien au passé, le marché chinois ramenant notamment tout le monde à un grand pragmatisme…

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