Jean-Philippe Imparato : "L'industrie automobile doit pouvoir utiliser toutes les technologies à sa disposition pour sa décarbonation"

On ne peut pas être plus clair. À l'occasion d'une table ronde organisée par Stellantis lors du salon de Munich (Allemagne), Jean-Philippe Imparato, à la tête de Stellantis Europe, a martelé devant la presse que l'objectif fixé par l'Europe concernant les émissions de CO2 n'était pas atteignable, "pour aucun constructeur automobile". Un message destiné à Ursula von der Leyen qui réunira les constructeurs ce vendredi 12 septembre 2025 lors d'un sommet consacré à l'industrie automobile.
"La décarbonation n'est pas un sujet pour Stellantis, poursuit-il. Mais il faut désormais passer des discussions aux actes et ne pas uniquement utiliser une technologie, en l'occurrence l'électrique, mais toutes celles qui sont à la disposition de l'industrie pour décarboner l'automobile." Et de citer, l'hybridation simple, mais aussi l'hybridation longue autonomie et les prolongateurs d'autonomie, une technologie dont dispose désormais Stellantis dans son portefeuille avec Leapmotor.
Intégrer le CO2 lors de la mise à la casse
Concernant la production de voitures électriques, Jean-Philippe Imparato souhaite que tout soit mis en œuvre pour protéger cette industrie en Europe, afin de ne pas dépendre de la Chine.
Sans rentrer dans les détails, Jean-Philippe Imparato souhaiterait intégrer dans le calcul des émissions de CO2 tous les véhicules qui sont mis à la casse et remplacés par un modèle neuf. "Le parc automobile européen ne cesse de vieillir, rappelle-t-il. Il est aujourd'hui âgé de douze ans en moyenne et seuls quatre pays sur vingt-sept ont un parc inférieur à dix ans. En parallèle, nous estimons qu'un modèle vendu entre 2010 et aujourd'hui, voit ses émissions de C02 réduites de 76 g/km. Il est donc indispensable d'accélérer le remplacement du parc." Une prime à la casse qui ne dit pas son nom ?
Un retour sur le segment A ?
Ce nouveau virage pourrait-il également passer par des plus petites voitures ? Cela pourrait être une piste de réflexion, car le directeur général de Stellantis a insisté sur le fait que le segment A s'est réduit comme peau de chagrin à cause, selon lui, de la réglementation européenne. "Ce segment s'est effondré depuis 2019, souligne-t-il. Mais les clients automobiles ont aujourd'hui besoin de ce segment."
Jean-Philippe Imparato ne cherche pas obligatoirement à obtenir des aides de la part de l'Europe, mais plutôt une prise de conscience. D'après lui, "si la direction choisie par Bruxelles n'évolue pas", cela pourrait entraîner la perte de millions d'emplois.
Réunion à haut risque
Face aux enjeux, Jean-Philippe Imparato s'avère confiant. "Je le suis de plus en plus car nous avons un discours commun avec les autres constructeurs européens, déclare-t-il. Surtout, tous les acteurs commencent à s'apercevoir de la crise qui se profile si l'on continue sur cette lancée." La réunion du 12 septembre prochain signera sans doute le début de longues négociations entre Bruxelles et les constructeurs automobiles européens.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.