Jean-Dominique Senard (Renault) : "Il n’y aura pas de réussite du groupe Renault sans la réussite de l’Alliance"
Près de 900 actionnaires du groupe Renault étaient attendus cet après-midi du 12 juin 2019 au Palais des Congrès de la Porte Maillot à Paris. Un nombre en hausse de 50 % par rapport à l’assemblée générale 2018. À cette date, leur préoccupation portait sur la rémunération de Carlos Ghosn. Un an plus tard, les sujets sont bien différents.
Il faut dire que la vie du constructeur français est loin d’être un long fleuve tranquille depuis novembre 2018. Carlos Ghosn a été arrêté à Tokyo et l’on parle de 2020 pour une date de procès. Un nouvel homme fort, Jean-Dominique Senard, a depuis été nommé à la présidence de Renault et de l’Alliance, à la demande de Bruno Le Maire, ministre de l’Economie.
Alors que ce dernier s'est efforcé de retisser les liens et de rétablir la confiance avec le partenaire de l’Alliance, Nissan, celle-ci s’est de nouveau dégradée avec l'éventuelle fusion avec FCA dont les premiers travaux se sont déroulés sans Nissan. Dans ce contexte de crispation majeure, ce rendez-vous parisien ressemble plus à un passage d’examen pour Jean-Dominique Senard qu'à une simple réunion d’actionnaires.
Le nouveau patron n'a d’ailleurs pas caché les enjeux. "C’est une assemblée particulière car la première en tant que président de l’Alliance" a-t-il avancé lors de son discours d’introduction. "Les premiers conseils de l’Alliance se sont formidablement bien déroulés. A tel point que j’ai eu le sentiment que tout le monde était sur le même bateau. Mais la priorité est d’aller vers une Alliance renforcée. Tout n’est pas parfait. Nous pouvons être plus agiles, plus efficaces mais nous avons conscience des évolutions nécessaires. Il va falloir réfléchir à la raison d’être de l’Alliance. Les défis sont grands. Il n’y aura pas de réussite du groupe Renault sans la réussite de l’Alliance. Je n’ai pas demandé à être président de cette entreprise mais j’avais le souhait de la servir. J’ai découvert la passion de toutes les collaboratrices et tous les collaborateurs. Nous avons tout pour réussir. Après une période de remous, l’Alliance prend un nouveau départ qui doit se confirmer. La priorité est la restauration de l’Alliance dans un respect mutuel et un climat de confiance".
Vote sur les rémunérations
Cette réunion doit également permettre de voter pour constituer un nouveau conseil d’administration du groupe Renault et d’entériner les décisions prises, depuis le début de l’année. Ainsi, doivent être votées, la nomination de Jean-Dominique Senard au poste de président du conseil d’administration, la démission de Carlos Ghosn et les nominations de Thomas Courbe et d'Annette Winkler, l'ancienne patronne de Smart.
Cette gouvernance renouvelée est un signal très fort pour la confiance à l’intérieur de l’entreprise. "Nous allons permettre une meilleure responsabilisation des organes de gouvernance", a précisé Jean-Dominique Senard avant de passer au vote concernant la rémunération des membres du conseil. Celle de Carlos Ghosn se voit largement amputée par le conseil qui demande aux actionnaires de voter contre les éléments de rémunération variable, des droits des actions, les indemnités de non-concurrence et le régime de retraite.
Jean-Dominique Senard percevra, après le vote des actionnaires, une rémunération fixe de 450 000 euros bruts et pas de rémunération variable, ni d'attribution d’actions. Thierry Bolloré, le directeur général du groupe, va recevoir 900 000 euros de rémunération fixe, en baisse de 10 % par rapport à celle de Carlos Ghosn l’année précédente. Une rémunération variable pouvant atteindre 1,1 million d’euros est proposée par le conseil et l’attribution de 50 000 actions de performance.
Catherine Leroy
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