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Constructeurs

Jaguar Land Rover, un futur électrique

Publié le 15 février 2021

Par Damien Chalon
4 min de lecture
Le groupe, dirigé par Thierry Bolloré, a annoncé un virage stratégique majeur. Jaguar deviendra une marque 100 % électrique dès 2025 tandis que Land Rover montera progressivement en puissance dans cette direction avec un premier modèle zéro émission dès 2024.
L'ambition de JLR est de devenir une entreprise neutre en carbone d'ici 2039.

 

Un peu plus de six mois après sa prise de fonction, Thierry Bolloré dévoile son plan de bataille pour Jaguar et Land Rover. L’ex-directeur général de Renault met le groupe indo-britannique, propriété de Tata Motros depuis 2008, sur la voie du 100 % électrique, avec un régime différencié pour les deux marques qu’il dirige.

 

Jaguar sera en première ligne en devenant tout-électrique à partir de 2025, ce qui impliquera une revue complète du catalogue actuel. Il est notamment annoncé que la remplaçante attendue de la XJ ne sera finalement pas de la partie, bien que le nom soit conservé pour une future proposition zéro émission. L’ambition est évidemment de capitaliser sur le positionnement premium de la marque pour lutter face aux rivaux européens comme Mercedes-Benz ou BMW, mais aussi et surtout face à la référence mondiale actuelle, Tesla.

 

Rappelons que la gamme Jaguar se compose pour le moment d’un seul modèle 100 % électrique, l’I-Pace, dont les ventes en France n’ont jamais vraiment décollé – 141 unités ont été immatriculées en 2020. Des variantes hybrides rechargeables des SUV F-Pace et E-Pace ont par ailleurs vu le jour ces derniers mois.

 

Premier Land Rover 100 % électrique en 2024

 

Pour Land Rover, la migration vers le tout électrique sera moins brutale, tout du moins plus progressive. Son premier modèle zéro émission est prévu pour 2024 avec un objectif de 60 % d’immatriculations non thermiques d’ici 2030. La marque accueillera six variantes purement électriques au cours des cinq prochaines années. L’objectif est de conserver la place de n°1 mondial du marché des SUV premium avec les familles de produits Range Rover, Discovery et Defender.

 

Ce changement stratégique impliquera des investissements massifs, de l’ordre de 2,5 milliards de livres par an dans les technologies d’électrification, avec une optimisation du nombre de plateformes, et le développement de services tels que l’abonnement flexible Pivotal qui sera déployé sur de nouveaux marchés.

 

Fort de ces nouveaux objectifs, JLR ambitionne de devenir une entreprise neutre en carbone d’ici 2039 et d’être l’un des constructeurs de luxe les plus rentables au monde. La prochaine étape sera le développement de la technologie hydrogène avec la mise à la route des premiers prototypes d’ici un an.

 

Incertitude sur l'emploi

 

Mais le groupe prévient que sa transformation va entraîner une réduction sensible de ses activités hors production au Royaume-Uni. Il ne donne pas plus de détail sur les répercussions en termes d'emplois. Interrogé lors d'une conférence de presse en ligne, M. Bolloré n'a pas répondu sur les réductions d'effectifs. "Il y a une adaptation permanente de nos collaborateurs (...) Nous nous adaptons à grande vitesse" au basculement vers le numérique et l'électrique, selon lui.

 

Le constructeur assure ne pas vouloir fermer d'usine. Celle de Solihull (centre de l'Angleterre), où sont également fabriquées des Land Rover, abritera la plateforme 100 % électrique de Jaguar. Mais ce choix soulève des questions sur celle de Castle Bromwich dans la même région des Midlands, qui fabrique certains modèles de Jaguar.

 

 "Nous explorons les moyens de repositionner Castle Bromwich", prévient M.Bolloré, assurant que le groupe avait "plein d'idées" pour cette unité. Le syndicat Unite, le premier du pays, estime que les annonces du groupe sont une "bonne nouvelle dans ces temps économiques difficiles" pour les 40 000 employés britanniques. Il indique avoir reçu l'assurance qu'aucun site ne fermera et qu'il n'y aura pas de licenciements.

 

Le constructeur dévoile sa nouvelle stratégie alors qu'il a été durement frappé par la pandémie de Covid-19, comme l'ensemble du secteur, et peu après l'accord commercial avec l'UE, crucial pour l'industrie automobile. Il avait annoncé l'an dernier la suppression de 1 100 emplois intérimaires au Royaume-Uni et avait dû se tourner vers des banques chinoises pour obtenir un prêt de 560 millions de livres, alors qu'il n'était pas éligible aux prêts des pouvoirs publics au Royaume-Uni.

 

Avant la crise sanitaire, le groupe avait dévoilé en 2019 un plan de restructuration qui prévoyait déjà de réduire les effectifs de 5 000 postes. Jaguar Land Rover a fabriqué près de 244 000 voitures sur le sol britannique en 2020 dans trois usines, soit une baisse de 36,7% sur un an, selon les chiffres de l'association sectorielle SMMT. Il s'est classé juste derrière le japonais Nissan et ses plus de 245 000 véhicules, fabriqués dans une seule usine à Sunderland (nord-est de l'Angleterre). (avec AFP)

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