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Constructeurs

Fiat de nouveau orphelin

Publié le 4 juin 2004

Par Tanguy Merrien
4 min de lecture
Moins d'un an et demi après le décès de son frère Giovanni, Umberto Agnelli s'est éteint, laissant vacant le poste de président de la firme de Turin. Celui-ci est désormais occupé par Luca Cordero di Montezemolo, numéro un de Ferrari et patron des patrons italiens. Fiat,...
Moins d'un an et demi après le décès de son frère Giovanni, Umberto Agnelli s'est éteint, laissant vacant le poste de président de la firme de Turin. Celui-ci est désormais occupé par Luca Cordero di Montezemolo, numéro un de Ferrari et patron des patrons italiens. Fiat,...

...le dernier grand constructeur mondial dont la destinée est intimement liée à celle de la famille fondatrice, vient à nouveau d'être frappé par le deuil. Umberto Agnelli est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi 28 mai des suites d'un cancer, dans sa maison des environs de Turin. Il avait succédé à la tête du clan familial à son frère aîné Giovanni Agnelli, l'Avvocato, lui aussi emporté par un cancer en janvier 2003. Umberto Agnelli, qui aurait eu 70 ans en novembre, avait pris les rênes de la firme turinoise en novembre 2003, peu après la mort de son frère, en remplacement de Paolo Fresco. Jusque-là, Umberto Agnelli était resté dans l'ombre du frère, véritable figure mythique de l'industrie et du capitalisme transalpin
d'après-guerre. Ce dernier régnait sans partage sur Fiat, dont il a été président jusqu'en 1996, puis président d'honneur. Durant cette période, Umberto gérait plus discrètement les deux holdings familiaux IFI et Ifil.
Durant les quinze mois qu'il a passés à la tête de Fiat, Umberto Agnelli est parvenu à remettre l'entreprise sur les rails. Il avait hérité d'un groupe en plein marasme, avec une dette s'alourdissant de mois en mois, une stratégie devenue illisible et un cours de Bourse en chute libre. Avec l'aide de Guiseppe Morchio, le numéro deux de la société, il a procédé à un changement radical de cap en stoppant net la stratégie de diversification de son prédécesseur Paolo Fresco. Il laisse aujourd'hui un groupe certes encore convalescent, mais qui a retrouvé la confiance du marché.
Sous sa houlette, Fiat a été recentré sur son cœur de métier, la mécanique, et en premier lieu sur la filiale automobile Fiat Auto. Mais aussi sur la branche utilitaire et poids lourds ainsi que sur le machinisme agricole. La branche assurance Toro et la filiale moteurs d'avions FiatAvio ont été cédées.





Chiffres clés

1,9 milliard d'euros : 1,9 milliard d'euros : perte nette en 2003
3,9 milliard d'euros : perte nette en 2002

Des pertes réduites

Ce plan de redressement a commencé à porter ses fruits. Au premier trimestre, le groupe de Turin a encore affiché une perte, mais en net repli. Cette dernière s'est en effet élevée à 194 millions d'euros, contre 681 millions d'euros sur la même période de l'année précédente. Sur l'ensemble de l'année 2003, Fiat était parvenu à limiter la perte nette à 1,9 milliard d'euros contre un déficit record de près de 4 milliards d'euros en 2002.
La disparition d'Umberto Agnelli ne devrait pas avoir d'incidence majeure sur la nouvelle stratégie de Fiat désormais recentrée sur l'automobile. C'est l'avis de la plupart des analystes italiens. "Cette disparition ne change rien au scénario du groupe à court et moyen terme", souligne l'un d'eux.
L'empire industriel n'est pas demeuré longtemps sans patron. Grand ami du défunt, le numéro un de Ferrari, Luca Cordero di Montezemolo, a été nommé dimanche président du groupe Fiat. Homme du sérail et symbole d'une Italie qui gagne, ce manager, décrit en interne comme "bouillonnant et exigeant", est considéré en Italie comme le fils spirituel d'Enzo Ferrari, dont il a été l'assistant de 1973 à 1977, et le dauphin de Giovanni Agnelli. Sa nomination au gouvernail de Fiat ne constitue pas une surprise et avait d'ailleurs été anticipée dès vendredi par les analystes. Luca Cordero di Montezemolo a tout récemment été élu à la tête de la confédération patronale italienne Confindustria. Ce flamboyant industriel aux allures de dandy a forgé sa renommée en relançant Ferrari et en faisant voler de victoire en victoire l'écurie de Formule 1. Il aura comme vice-président le petit-fils de Giovanni Agnelli, John Philip Elkann, qui a été désigné il y a quelques années par son grand-père pour lui succéder. Le jeune héritier âgé de 28 ans siège déjà au conseil d'administration de Fiat. Né à New York, polyglotte, il représente la cinquième génération de la famille fondatrice de Fiat, entreprise créée en 1899 par le grand-père de l'Avvocato.
Si la décision de placer ces deux hommes aux commandes de Fiat était attendue, la surprise est venue du numéro deux du groupe, Giuseppe Morchio, qui a fait savoir quelques minutes après la nomination de Luca Cordero di Montezemolo qu'il démissionnait avec effet immédiat. Selon la presse italienne, il espérait en fait être nommé au poste de président. Il a été remplacé à ce poste d'administrateur délégué par Sergio Marchione jusqu'à présent directeur général du groupe suisse de certification SGS. Ce Canadien d'origine italienne connaît bien Fiat car il siège comme membre indépendant de son conseil d'administration depuis 2003. Il devrait continuer dans la voie tracée par son prédécesseur. "Mon intention est de poursuivre et de terminer le plan de relance du groupe", a-t-il assuré. 


Cyril André

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