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Constructeurs

FCA retire son offre sur Renault, pas de fusion

Publié le 6 juin 2019

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Les différentes mises en garde politiques de l'Etat français contre la fusion entre FCA et Renault ont eu raison de la volonté de rapprochement. Fiat-Chrysler a retiré son offre... pour l'instant.
Le conseil d'administration de Renault s'était réuni dans la soirée de mercredi 5 juin 2019 pour accepter ou non la poursuite des négociations. Mais sans accord ferme, FCA a retiré son offre.

 

Fiat Chrysler (FCA) a finalement retiré, dans la nuit de mercredi à jeudi 6 juin 2019, sa proposition de fusion avec Renault pour former le numéro 3 mondial de l'automobile. Clairement, FCA pointe du doigt l'Etat actionnaire de Renault, dans cet échec des négociations. Le communiqué transmis par le constructeur italo-américain ne laisse aucun doute : "Les conditions politiques n'étaient pas réunies en France pour mener à bien un tel rapprochement".

 

Il est vrai qu'après une phase euphorique, Bruno Lemaire avait commencé à lister les conditions posées par le gouvernement pour obtenir un vote au conseil d'administration :

- la préservation des emplois et des sites industriels, ce qui semble pour le moins cohérent pour un actionnaire politique

- l'équilibre de la gouvernance entre Français et Italiens

- la réalisation de l'opération dans le cadre de l'Alliance

- la participation du futur ensemble à la constitution de l'Airbus des batteries.

 

Laisser du temps

Mais visiblement, ce n'est pas sur l'un de ces points que l'affaire a capoté. De fait, Bruno Lemaire, ministre de l'Economie et des Finances, a souhaité réunir un nouveau conseil d'administration, la semaine du 11 juin après son retour du Japon et sa rencontre avec son homologue japonais. 

Une manière de ménager l’allié de 20 ans de Renault, malmené par l’affaire Ghosn, et qui s’est abstenu la nuit dernière lors de conseil d’administration. Durant cette réunion, tous les administrateurs étaient pour la fusion, à part un représentant des salariés affilié à la CGT, qui était contre, et les deux représentants de Nissan" qui pensaient s'abstenir. Les deux administrateurs nommés par Nissan ont cependant indiqué "qu'ils pourraient dire oui avec un peu plus de temps".

 

 

Tenu à l'écart des discussions entre Renault et FCA jusqu'à l'annonce du projet il y a dix jours, Nissan, dont Renault détient 43% du capital, et qui contrôle 15% de Renault, craignait d'être marginalisé dans l'opération mais y voyait aussi des opportunités en matière de partages de technologies.  

"On regrette la décision précipitée de FCA. Depuis le début, l'Etat a souhaité que le temps nécessaire soit donné pour examiner cette opération structurante", a expliqué à l'AFP une source proche de Bercy. "Malgré des progrès significatifs, un court délai était encore nécessaire pour que l'ensemble des conditions fixées par l'Etat soit rempli".

 

Rupture ou tactique ?

Mais pour l'instant, même si certaines voix avancent une stratégie de la part de FCA, aucun autre conseil d'administration n'est en vue. "Ce retrait de Fiat est probablement plus une tactique de négociation qu’une vraie décision", nous précise cet expert du dossier "mais il va falloir que Bruno Lemaire arrête une communication excessive et surtout mouvante. Enfin, il ne faut pas oublier que Jean-Dominique Senard a été nommé par Bruno Lemaire...ils auraient dû se mettre d’accord sur la stratégie face à FCA avec que cela ne vienne sur la place publique"

 

 

Le projet prévoyait la création d'une holding basée à Amsterdam et détenue à parts égales par les actionnaires de Renault et FCA. La famille Agnelli, qui possède 29% de Fiat Chrysler, aurait vu sa part mécaniquement diluée à 14,5%, mais serait restée de loin le premier actionnaire, pesant près du double de l'Etat français qui serait tombé à 7,5% du capital.

 

L'actuel président de FCA John Elkann, petit-fils de l'emblématique président de Fiat Gianni Agnelli, était pressenti pour présider la nouvelle entité, tandis que son homologue chez Renault Jean-Dominique Senard aurait assuré la direction exécutive.

 

La fusion aurait créé un groupe de plus de 30 milliards d'euros de valorisation boursière, produisant 8,7 millions de véhicules par an. En y ajoutant les volumes de Nissan et Mitsubishi, les deux alliés japonais de Renault, l'ensemble aurait représenté près de 16 millions de véhicules par an, loin devant Volkswagen et Toyota (environ 10,6 millions chacun).

 

L'idée était d'atteindre une taille critique permettant de financer sans problème les ruptures technologiques qui bouleversent l'industrie automobile : électrification, véhicules autonomes et connectés.

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