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Constructeurs

Entretien avec Patrice Franke, directeur Audi

Publié le 25 janvier 2008

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Audi reste abonné à la croissance. Pour la pérenniser, le constructeur a engagé un vaste plan de travail avec son réseau. L'échéance de cette réorganisation approche et les distributeurs indécis vont devoir choisir. Journal...

...de l'Automobile. Votre objectif 2007 était de 45 500 unités, finalement vous réalisez plus de 49 000 immatriculations. Comment expliquez-vous ce bon résultat ?
Patrice Franke. Effectivement avec 48 433 VP et 693 VUL, nous atteignons 49 126 immatriculations sur l'année. Deux facteurs expliquent ces bons résultats. Le premier est lié au marché alors que le second est spécifique à Audi. Les segments premium connaissent une véritable croissance en France et cela va continuer. C'est une tendance de fond. Rien qu'en 2007, cet ensemble premium a progressé de 14 %. Le deuxième facteur est propre à la marque Audi avec des produits de plus en plus nombreux et qui plaisent. Même l'A4 en fin de vie a enregistré une très bonne performance.

JA. En décembre les chiffres du Q7 et de l'A8, notamment, ont plus que doublé. Avez-vous immatriculé davantage pour éviter le malus ?
pf. Un certain nombre de concessionnaires mais aussi de clients ont effectivement anticipé leur immatriculation. Toutefois, le taux de progression d'Audi, "seulement de 25 %", est relativement bas par rapport à d'autres marques. Pour nous, cela n'aura pas vraiment d'incidence sur les immatriculations de janvier.

JA. Pour la première fois depuis bien longtemps, la marque BMW est devant vous.
pf. La vente automobile est un équilibre entre vos capacités de production, de livraison, le prix auquel vous vendez les voitures, la demande, etc. Ce n'est jamais agréable de se faire dépasser. Toutefois, ils ont réalisé de nombreux efforts et mis beaucoup d'aides pour obtenir ce résultat. Nous nous sommes demandés si nous allions jouer le jeu ou pas mais il fallait surtout savoir si nous avions la production pour répondre. La décision a été relativement simple : nous n'avions pas les voitures ! Notamment sur le segment de l'A4 où se fait la différence.

JA. Quelles sont vos ambitions pour 2008 ?
pf. Nous voulons atteindre 50 000 unités cette année. L'A4 mais aussi l'A3 joueront une nouvelle fois un rôle important avec respectivement près de 17 000 et 15 000 unités.

JA.
La mise en place des mesures du Grenelle fait-elle naître des craintes particulières ?
pf. Nous craignons surtout des hésitations, du moins des interrogations. En effet, cette réglementation a été publiée d'une façon extrêmement rapide et assez désordonnée. Il est possible et même probable qu'à court terme, des clients, notamment les sociétés, s'orientent vers des motorisations plus petites et moins émettrices de CO2. A plus long terme, nos ingénieurs apporteront de nouvelles solutions. L'optimisation des solutions existantes donne déjà de beaux rendements notamment sur les mécaniques essence toujours plus performantes. Toutefois, il faut reconnaître que ce dernier point est peu visible en France à cause de la prépondérance du Diesel. Au chapitre Diesel, nos TDi offrent également de bons rendements. Ainsi l'A3 TDi efficiency n'émet que 119 g/km mais je ne suis pas sûr que la demande soit au rendez-vous. Cependant le travail ne s'arrête pas là, les TDi 2 litres, 2,7 litres et 3 litres vont également largement progresser. Cela se fera étape par étape dès le second semestre de cette année.

JA. Comment votre réseau a-t-il vécu cette année 2007 ?
pf. Je crois que nous avions la rentabilité la plus forte du premium en 2006 avec 2,5 %. En 2007, elle devrait osciller entre 2 et 2,4 % donc encore une fois il s'agit d'un bon résultat.

JA. Où en êtes-vous avec l'exclusivité de votre réseau ?
pf. Il s'agit vraiment de notre "chantier" principal. Nous sommes entrés dans la phase de réalisation. Nous avons vu chaque concessionnaire, chacun connaît les enjeux mais aussi la stratégie de la marque jusqu'à 2010-2015. Nous voulons que nos distributeurs soient prêts pour exploiter et bénéficier de ce qu'Audi met à leur disposition. Très clairement nous leur demandons d'augmenter les surfaces d'exposition, de réparation et de mettre à disposition, pour nous, des structures 100 % exclusives. Une nécessité pour toujours améliorer la satisfaction client.

JA. A quelle date cette réorganisation doit-elle être achevée ?
pf. En 2010, les derniers agrandissements et les derniers aménagements auront débuté.

JA. Jusqu'à aujourd'hui, y a-t-il des affaires qui ne vous suivent pas ?
pf. Il existe certains cas où nous discutons encore. Des distributeurs n'arrivent pas à se décider. Ils n'ont pas compris qu'ils n'allaient pas pouvoir avoir à la fois le beurre et l'argent du beurre. Pour ceux qui ne sont pas capables de se décider, nous allons prendre la décision à leur place.

JA. Une sorte d'ultimatum ?
pf. Les distributeurs connaissent la situation depuis plusieurs années. Nous avons fait aussi une convention à Monaco, fin novembre 2006, où déjà nous leur demandions de déclarer pavillon. De prendre une décision, de dire clairement s'ils nous accompagnent ou pas. Au printemps 2007, à Majorque, nous leur avons même montré tous les modèles qui seront lancés d'ici début 2009. Nous avons vraiment tout mis en place pour bien leur faire comprendre la situation. De plus, depuis 10 ans, nous avons réalisé tout ce que nous leur avions annoncé. Nous avons tenu notre parole aussi bien au niveau du volume qu'au niveau de la rentabilité. Nous voulons mettre notre organisation à la hauteur des attentes de la clientèle. Nous, Audi, avons rempli notre contrat, mais il ne faut pas croire que l'on n'attend rien en contrepartie.

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