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Constructeurs

Entretien avec Michel Gardel, directeur général Toyota France

Publié le 30 septembre 2005

Par Tanguy Merrien
6 min de lecture
Quel que soit le Salon, le stand Toyota est toujours riche en événements. Entre la nouvelle Yaris, le nouveau Rav4 et une palette de nouveaux moteurs, c'était à nouveau le cas. Et Lexus n'est pas en reste… Journal de l'Automobile. L'actualité produits pour...

...Toyota et Lexus est à nouveau riche sur ce Salon avec notamment la nouvelle Yaris, le nouveau Rav4 sans oublier le lancement de l'Aygo…
Michel Gardel. En effet, notre actualité est chargée en cette deuxième partie d'année avec pour commencer le lancement de la Yaris 2. Best-seller de notre gamme, la Yaris 1 avait été vendue à 143 000 unités. Les ambitions pour le nouvel opus sont élevées puisque nous espérons en écouler 30 000 dès 2006 en France et 250 000 en Europe. Légèrement plus grande (+ 12 cm), la nouvelle Yaris fera surtout preuve de plus de modularité grâce notamment au concept Easy flat qui équipe déjà le Corolla verso. Le véhicule sera doté de deux moteurs essence (1 litre 69 ch et le 1,3 litre de 87 ch) et d'un Diesel D-4D de 90 ch. Parallèlement, nous présentons le nouveau Rav4 autre véhicule emblématique de la marque. Plus modulaire, plus technologique, plus grand, le nouveau Rav4 sera d'abord lancé en 5 portes en février et devrait être vendu entre 13 000 et 14 000 unités en 2006. Il était important pour nous de sortir ce nouveau Rav4 afin que Toyota conserve son leadership sur ce segment, où le taux de conquête est important. Hormis le 2,0 litres essence de 152 ch, le Rav4 sera surtout équipé de deux nouveaux moteurs Diesel 2,2 litres D-4D offrant au choix une puissance de 136 ch et de 177 ch tout en bénéficiant de la technologie antipolluante Clean Power avec le système D-Cat. Quant à l'Aygo, elle va obtenir plus de légitimité avec la nouvelle taille de la Yaris et tiendra son rang sur son segment. 4 000 d'entre elles devraient être vendues dès cette année et 12 000 l'an prochain.


JA. Lexus n'est pas en reste avec notamment le premier Diesel pour la marque ?
MG. L'arrivée d'un moteur Diesel 2,2 litres de 177 ch constitue une révolution pour Lexus. Ce modèle a une grande importance pour la croissance de la marque en Europe, où elle compte quadrupler ses ventes d'ici 2010. Pour l'heure, nous espérons en vendre 1 500 l'an prochain dans l'Hexagone. En outre, la marque présente pour la première fois sur le Vieux Continent, la GS 450 h, véhicule hybride dont la commercialisation est prévue pour la mi 2006. La GS 450 h sera équipée d'un moteur V6 3,5 litres de 340 ch accouplé à un moteur électrique.

JA. Avec une telle offre, on imagine que vos objectifs de fin d'année sont revus à la hausse. D'autant plus que Toyota avec 482 555 unités en Europe à la fin juillet était en progression de 4,2 % par rapport à l'an passé ?
MG. Compte tenu de nos résultats sur le premier semestre et au regard de notre calendrier de nouveautés, nous pensons commercialiser 980 000 véhicules d'ici la fin de l'année, soit 5,4 % de parts de marché (contre 917 000 en 2004). Pour la France, nos ventes devraient à nouveau progresser de 11 % pour atteindre une part de marché de 4,2 % (3,9 % en 2004).

JA. Alors que la plupart des grands groupes automobiles annoncent des réductions d'effectifs, Toyota va embaucher un millier de personnes à Valenciennes en vue de la production de la nouvelle Yaris. N'est-ce pas paradoxal ?
MG. Depuis que Toyota s'est installé à Valenciennes, 3 700 emplois ont été créés et un investissement de 787 millions d'euros a été consenti uniquement pour le site de production. On vient effectivement d'annoncer la création de 1 000 emplois supplémentaires et la mise en place d'une troisième équipe pour soutenir la production de la Yaris 2. Cela est nécessaire si nous souhaitons produire 270 000 Yaris par an, à une cadence d'un véhicule par minute. Nous sommes satisfaits d'être à contre-courant, vu le contexte actuel. Nous faisons tout pour bien nous intégrer dans l'économie française et rendre à la France ce qu'elle nous a donné. Il est important de faire profiter la région de notre dynamisme en favorisant les emplois directs mais aussi indirects.

JA. Quelles sont vos réactions suite aux propositions du Premier ministre Dominique de Villepin ?
MG. On ne peut que se féliciter sur cette prise de conscience et de la nouvelle prime qui passe de 1 525 euros à 2 000 euros sur les voitures propres. Toyota a de plus devancé l'événement puisque d'ici le 1er janvier et l'entrée en vigueur de cette prime, le réseau, en collaboration avec le constructeur, paiera la différence de 475 euros pour l'achat d'une Prius. L'actualité nous donne raison, il est vrai et constitue un phénomène d'accélérateur. 350 Prius ont déjà été vendues en août et 120 depuis le début du mois de septembre. Beaucoup ont été séduits par l'argument écologique mais d'autres sont de plus en plus séduits par l'argument économique. Nous attirons, en outre, les sociétés qui souhaitent s'inscrire dans une démarche pour l'environnement durable.

JA. Beaucoup de constructeurs réfléchissent et travaillent sur l'hybride, Toyota gardera-t-il une longueur d'avance dans ce domaine ?
MG. Notre force a été d'anticiper le phénomène notamment en produisant en série un véhicule comme la Prius et en y mettant les moyens nécessaires. 8 200 Prius ont été vendues en Europe l'an passé et 12 000 unités ont d'ores et déjà été livrées cette année. Nous devrions globalement commercialiser 20 000 Prius en Europe et 180 000 dans le monde. Il existe un potentiel en France que j'estime à 5 000 unités pour 2006. Contrairement aux constructeurs européens, Toyota a la chance d'exister au niveau mondial sur les trois continents majeurs ce qui lui permet d'avoir une vision globale. Je rappelle ainsi que Toyota a vendu 40 000 Prius au Japon et qu'un potentiel de 100 000 unités existe aux USA.

JA. Comment un constructeur comme Toyota voit-il la présence de trois marques chinoises sur un Salon comme Francfort ?
MG. Il ne faut jamais sous-estimer les chinois comme nous avons pu le faire avec les coréens. Si leurs premières initiatives se résument pour le moment à observer, il ne faut pas douter de leurs capacités. Ils apprennent, ils regardent ce que nous faisons en Europe. Ils n'hésiteront pas à mettre en place le moment venu une stratégie d'exportation adaptée. Si la menace d'une nouvelle concurrence n'est pas imminente, n'oublions pas qu'ils produisent à bas prix et à des taux de main d'œuvre défiant toute concurrence.


Propos recueillis par Tanguy Merrien

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