Entretien avec Luc Chausson, directeur Volkswagen Utilitaires France
Journal de l'Automobile. Vous présentez en avant-première votre nouveau pick-up qui devait initialement être produit à Hanovre. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce produit ? Luc...
...Chausson. L'usine d'Hanovre, qui produit toute la gamme Transporter fourgon ainsi que le Multivan, la Caravelle et le California, est pleine en termes de capacité de production, par conséquent il a été confirmé que le véhicule ne se fera pas en Allemagne. Il sera fabriqué en Argentine, dans notre usine de Pacheto, dès la fin 2009 à raison de 30 000 unités. Le pick-up arrivera en Europe au 2e semestre 2010. Il va être commercialisé dans l'hémisphère sud, d'abord en Amérique du Sud et ensuite en Afrique du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
JA. Le contexte économique actuel et la hausse du prix des carburants ont-ils repoussé sa sortie européenne ?
LC. Le contexte actuel n'a pas repoussé son entrée en Europe car il a toujours été dit que le véhicule était d'abord une réponse aux clients de l'hémisphère Sud. Cependant, nous avons intégré les attentes par rapport à tout ce qui est norme environnementale en Europe. Je peux déjà vous dire que le véhicule consommera moins de 8 litres aux 100 km ce qui est très raisonnable pour un produit de ce poids et de cette taille.
JA. Vous avez présenté également d'autres nouveautés. Quand seront-elles commercialisées en Europe ?
LC. Le Crafter Blue Motion est une étude dont je ne connais pas encore la date d'introduction.
Il s'agit d'une étude sur une base technologique qui vient du poids lourd. Le Caddy Blue Motion est commercialisé et est disponible dans le réseau. Concernant le Caddy 4motion, dont le départ de la production est au mois de novembre, nous aurons les toutes premières unités en France à la fin de l'année et nous procéderons à sa commercialisation en masse début 2009. Le Caddy Panaméricana est aussi une étude de style qui est dérivé du Multivan Panaméricana qui avait été présenté à Francfort l'année dernière et que nous sommes en train de commercialiser en France. Pour le Caddy, la décision n'a pas été encore prise de savoir dans quelle condition nous allons le distribuer. Enfin, le Caddy Life Style Edition existe et sera commercialisé début 2009. Il s'agit de la version haut de gamme du Life style qui, lui, est déployé en ce moment dans notre réseau.
JA. Que représentent aujourd'hui les modèles 4x4 dans votre gamme utilitaire ?
LC. Nous serons le seul constructeur à proposer deux gammes de véhicules avec des versions 4 roues motrices de série, d'usine, sur des véhicules de livraison comme le caddy ou le Transporter. Il s'agit encore d'un marché de niche. En termes de mix, on va plus toucher des pays comme l'Autriche, la Suisse, l'Allemagne et les pays scandinaves. Néanmoins, nous vendons 15 % de nos Transporter en version 4motion, ce qui est un très bon résultat, si on applique le même ratio en Caddy ce sera très bien en France. Sur la première année, en France, sur le Caddy, on peut faire 10 % de nos ventes, c'est-à-dire entre 600 et 700 voitures.
JA. Stephan Schallern, directeur de Volkswagen Utilitaires Monde, a déclaré dernièrement que le groupe envisageait de distribuer 500 000 VUL dans le monde en 2008. Quels sont vos objectifs pour la France ?
LC. Plus précisément, il s'agit de 500 000 véhicules dans le monde comprenant les utilitaires plus les camions (du type Constellation) et les bus sous la marque VW utilitaires. Nous sommes passés de 314 000 à 343 100, soit une hausse de 9,3 % sur les huit premiers mois.
Pour ce qui concerne la France, nous sommes toujours calés sur la base de 17 500 véhicules en comparaison des 15 300 de 2007 (+ 9,4 %), sachant que le marché (dérivés VP inclus) est à + 3 %, donc nous progressons plus vite que le marché aujourd'hui. En 2008, nous envisageons de commercialiser 6 500 Caddy, 6 700 Transporter et 3 800 Crafter. Pour l'instant, en France, nous sommes à 3,8 % de parts de marché, donc nous sommes toujours sur la tendance de 5 % en 2009. Tout dépendra ensuite de l'évolution du marché. Nous allons voir s'il résiste ou s'il suit les mêmes évolutions négatives que dans certains pays.
JA. Quel bilan faites-vous du marché actuel des utilitaires ?
LC. Cette année, le marché total, y compris les dérivés, est annoncé à 470 000 immatriculations, et certains experts prédisent une baisse 15 000 unités à 455 000 véhicules l'année prochaine. Du fait de la stagnation de l'économie, et de la courbe de vie des produits, on peut imaginer au moins une stagnation du marché en 2009. De janvier à août, en Europe de l'Ouest, et hors Allemagne, nous avons immatriculé 190 900 unités (contre 185 000 en 2007), soit une croissance de 3,2 %. En Allemagne, nous faisons 32 % de pénétration avec 80 000 ventes
(+ 7,5 % par rapport à 2007). C'est notre marché fort devant la Grande-Bretagne où l'on fait 30 % de pénétration. Viennent ensuite, en volume, la France, l'Espagne et l'Italie.
JA. Vous avez mis en place l'opération "Secret Vauban". Que retenez-vous de cette initiative ? A-t-elle été couronnée de succès et sera-t-elle reconduite ?
LC. C'est une opération qui avait pour objectif de montrer les capacités de nos véhicules de loisir, à savoir le California d'un côté et le Caddy Tramper de l'autre. Et plutôt que de le faire au travers une communication traditionnelle, où il est impossible de montrer l'utilisation par exemple d'un toit électrique, nous avons décidé de faire quelque chose complètement nouveau et de créer ce concept innovant. Le succès, je vais le résumer en un chiffre pour l'instant : 50 000 personnes se sont inscrites sur Internet pour aider les cinq équipes participantes à résoudre les énigmes. Nous avons même eu, à un moment, sur une journée, 18 000 personnes au même moment. C'est un vrai succès. C'était purement une démarche marketing, une démarche d'image, c'était aussi pour nous un test grandeur nature de savoir quel genre d'opération nous sommes capables de mettre en place en liaison avec des partenaires importants comme RMC ou Bouygue qui nous ont bien aidés. Il est certain que l'on n'a pas fait ce genre d'opération pour faire "one-shot", l'objectif est de le refaire au moins une seconde fois et après, porte est ouverte de savoir sur quel type de véhicule on peut le faire.
JA. Où en êtes-vous de votre développement en Russie ?
LC. La Russie a une économie qui est en train d'exploser complètement. Pour y être allé il y a quelques semaines, ils ont énormément de chantiers, de constructions et d'aménagements en routes, en bâtiments, en maisons. Ils ont donc des besoins énormes et tout le marché du transport, au sens général du terme, explose complètement. Le deuxième facteur, et cela concerne le Multivan, ils ont une situation économique assez riche, et il y a des besoins de transport au travers de shuttle de luxe. Nos collègues russes cette année vont vendre 1 500 Multivan Carat tout équipé, c'est à la fois beaucoup et peu. En France, nous allons en vendre 550 unités. De janvier à août 2008, VW utilitaires, en Russie, a commercialisé 6 630 unités (+ 87 %). On double les ventes depuis 3 ans.
JA. Les produits actuels sont-ils adaptés à ce marché et le réseau déployé sera-t-il le même qu'en Europe ?
LC. Pour l'instant, ce sont exactement les mêmes produits. La seule question qui se pose aujourd'hui est la manière dont la Russie va suivre les normes environnementales, parce que l'an prochain nous passons en Euro 5, et, pour l'instant, la Russie n'a pas encore de plan clair de son passage à la norme Euro 5. Le réseau est en train de se constituer, pour l'instant ils sont en train de recruter des investisseurs sur la marque VW VP et VU en même temps. Au début on va s'appuyer sur un réseau qui va commercialiser les 2 marques pour des questions financières et dans un 2e temps ils vont créer des concessions utilitaires exclusives. Mais pour l'instant VW est tout seul avec son propre réseau, et pas de partenariat avec des acteurs locaux.
JA. Stephan Schallern a évoqué les ambitions de la marque en Amérique du Nord. Pouvez-vous nous en dire plus ?
LC. L'entrée doit se faire sur les pick-up. Mais pour l'instant, sur les utilitaires, nous sommes complètement absents de ce marché et je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moment d'y aller. Je pense que naturellement ils vont s'appuyer sur le réseau VP.
JA. Quels sont les modèles "verts" qui composent votre offre aujourd'hui ?
LC. Nous avons lancé le Caddy Ecofuel il y a deux ans maintenant. En France, cela représente peu d'unités, il faut bien le reconnaître, car les infrastructures sur le gaz sont relativement faibles alors qu'en Italie, tout comme en Suède, le marché est très important. En France, il y a beaucoup de choses qui sont dites sur le respect de l'environnement mais les structures ne suivent pas. Il n'empêche que nous continuons dans cette voie puisque nous présentons aujourd'hui le Caddy Maxi Ecofuel qui sera commercialisé en début d'année prochaine.
JA. Pensez-vous que les technologies environnementales appliquées aux utilitaires sont compatibles avec l'utilisation des véhicules par les professionnels ?
LC. Pour moi, c'est totalement compatible mais il ne faut pas oublier que, lorsque l'on s'adresse à des clients professionnels, ils vont faire des comparaisons de coûts, et ils vont mettre dans la balance le prix d'achat du véhicule et la consommation. Et, aujourd'hui, les véhicules commercialisés avec des solutions au gaz, des solutions hybrides, d'un point de vue économique pur, à l'instant T, sont encore moins intéressants que des véhicules équivalents avec une carburation au gasoil. Je reste persuadé qu'avec le prix du carburant, d'une part, qui va remonter inévitablement, et d'autre part les normes environnementales qui seront de plus en plus importantes, on va y venir tout naturellement.
ZOOMOpel en hausse… d'une unité |
Photo : Le Pick-Up était la grande nouveauté Volkswagen de ce salon et sera produit en Argentine fin 2009.
Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.