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Constructeurs

Entretien avec Claude Satinet, Directeur général d’Automobiles Citroën.

Publié le 20 octobre 2006

Par Tanguy Merrien
6 min de lecture
"Du sang neuf arrive dans notre réseau !" Malgré le recul des ventes de Citroën en France, Claude Satinet ne s'alarme pas. Au contraire, il pense même que Citroën maintiendra sa position sur le marché hexagonal tout en constatant un resserrement...
"Du sang neuf arrive dans notre réseau !" Malgré le recul des ventes de Citroën en France, Claude Satinet ne s'alarme pas. Au contraire, il pense même que Citroën maintiendra sa position sur le marché hexagonal tout en constatant un resserrement...

...des positions entre les grandes marques généralistes.


Journal de l'Automobile. Avec 177 483 immatriculations à la fin août à - 4,3 % comment jugez-vous les résultats de Citroën en France ?
Claude Satinet. Ce n'est pas trop mal. Bien entendu, j'aurais préféré être un peu au-dessus de ces chiffres, mais il faut tenir compte de la situation d'un marché français devenu difficile et très concurrentiel. Aujourd'hui, les marques qui dominent le marché hexagonal doivent faire face à de nouveaux acteurs, comme Dacia et peut-être les chinois demain, qui n'existaient pas auparavant et qui sont susceptibles de changer la donne. Cependant, je ne suis pas inquiet, notre position reste malgré tout correcte et devrait même s'améliorer avec la sortie du C4 Picasso, modèle à fort volume.


JA. En Europe avec 635 000 immatriculations et - 2,4 % les résultats semblent moins décevants ?
CS. Effectivement. Si on raisonne en parts de marché, Citroën se maintient entre 6,6 % et 6,8 %. La situation est plus favorable sur le Continent qu'en France où, je le répète, la concurrence est exacerbée. Toutefois, celle-ci se fait également de plus en plus ressentir dans plusieurs pays européens. Nous constatons quasiment partout un resserrement des positions entre les grandes marques généralistes. En Espagne par exemple, nous sommes en tête pour la première fois depuis longtemps, mais notre part de marché est par ailleurs en baisse. C'est un paradoxe. En Belgique, nous avons constaté la même chose. Enfin, pour revenir à la France, nous constatons d'une part le recul de Renault et d'autre part, un resserrement des positions avec ses poursuivants. Tout cela au profit d'autres marques moins importantes.


JA. Dans ce contexte, comment Citroën terminera l'année en France ?
CS. Nous devrions retrouver la position qui était la nôtre en 2005, à savoir une part de marché de 13 % en VP, qui devrait monter jusqu'à 14 % avec les VU.


JA. La grande nouveauté pour Citroën sur ce Salon mais également pour cette fin d'année reste la C4 Picasso. Les attentes sont-elles grandes ?
CS. Le lancement réseau est fait et la publicité concernant le véhicule est lancée depuis le 7 octobre. Pour l'heure, il est difficile d'exprimer un objectif pour la voiture et nous nous exprimons pour l'instant sur les ventes cumulées entre le C4 Picasso et le Xsara Picasso. Nous espérons, néanmoins, retrouver le niveau maximal de ventes atteint par la Xsara Picasso en 2002, à savoir 260 000 unités. Un objectif qui pourrait être atteint entre 2007 et 2008. Mais il important de souligner que le C4 Picasso ne remplace pas la Xsara Picasso. Nous n'allons pas arrêter de produire cette dernière. La fin de sa production est programmée pour 2010. Nous sommes tout à fait capables de produire les deux véhicules simultanément dans la même usine. Nous avons, en outre, constaté que le marché des monospaces se développait et qu'il existait une offre pour ce type de produit. Donc à nous d'élargir l'offre en proposant les deux produits pour mieux répondre à l'attente de la clientèle.


JA. Les chiffres de production de la C6 seraient loin d'atteindre les 100 unités par jour comme annoncé initialement ?
CS. Effectivement, la production de la C6 est stabilisée à 50 unités par jour et nous n'atteignons pas l'objectif initial de 100 par jour. Car, la voiture est complexe à réaliser et nous avons de grosses exigences sur la qualité. A l'heure actuelle, il faut reconnaître que nous ne sommes pas capables d'aller plus haut, notre capacité industrielle ne le permet pas. Mais nous espérons le faire à l'avenir.


JA. Toujours pour les produits, Citroën lance en Chine la C-Triomph et la nouvelle C2. Quelles sont vos attentes commerciales pour l'Empire du Milieu ?
CS. Citroën est présent en Chine depuis 14 ans. Un réseau est en place et le parc roulant existe. Nous disposons d'une gamme qui tourne essentiellement autour du dérivé de la ZX, modèle emblématique de la marque en Chine et il est hors de question de l'arrêter. Nos ventes représentent entre 75 000 et 80 000 unités annuelles. Toutefois, pour poursuivre nos efforts, il nous faut également compléter notre gamme avec des véhicules plus modernes. C'est pourquoi nous lançons presque simultanément la C-Triomph (depuis mai), une C4 Tricorps et la C2 qui sera présentée au prochain Salon de Pékin. Il est primordial pour nous de disposer de deux gammes : une plus classique au prix chinois et une plus moderne pour accompagner l'évolution du marché chinois à terme.


JA. Restons avec les Chinois qui sont présents pour la première fois au Mondial de Paris : Comment jugez-vous leur potentiel ?
CS. Le marché chinois croît à une vitesse exponentielle. Cette année encore, un million de véhicules supplémentaires inondera le marché. Or, pour un constructeur chinois qui veut maintenir sa production, il y a obligation de maintenir ses parts de marché. D'autres choisissent l'exportation et tentent de s'aventurer en Europe, comme Landwind en France. Pour cette dernière, le réseau s'est constitué en se basant sur les anciens distributeurs Rover. Pour ce nouveau réseau, tant que les véhicules ne seront pas homologués, je ne le vois pas se développer outre mesure. Sans parler des images du crash test du véhicule qui devraient en dissuader quelques-uns. Quoi qu'il en soit, cette marque ne représente pas un concurrent direct pour nous.


JA. Toutefois, il semblerait qu'un distributeur Citroën ait investi dans cette marque chinoise. Cela vous gêne-t-il ?
CS. Si le distributeur en question est un bon distributeur avec de bonnes parts de marché sur sa zone, nous sommes ravis pour lui qu'il se développe dans la mesure où il ne constituera pas de plaques, philosophie étrangère à la nôtre. De toutes façons, nous n'empêcherons pas un distributeur d'investir dans une autre marque car nous n'en avons pas le droit. Tout comme nous ne le pousserons pas à reprendre telle ou telle concession.


JA. Comment se porte le réseau Citroën ?
CS. Notre réseau est stable. Stable mais vivant. Nous venons d'enregistrer la venue de nouveaux opérateurs issus d'anciennes plaques d'autres marques. Nous assistons à un renouvellement de génération et l'apport de sang neuf, ce qui est bon pour notre réseau et sa vitalité. Ces nouveaux arrivants viennent aussi chez nous aussi pour notre philosophie, notre gamme meilleure et modernisée.


JA. Quels sont les objectifs qui s'offrent à lui désormais ?
CS. Il lui faut améliorer la qualité de service et la relation avec le client. C'est notre première préoccupation. La qualité de notre service doit progresser.


JA. Un dernier mot sur le départ annoncé de Jean-Martin Folz ?
CS. Je regrette son départ, j'ai essayé de le retenir mais sa décision était mûrement réfléchie et il s'en va avec le sentiment du devoir accompli.


Propos recueillis par
Tanguy Merrien

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