Emmanuel Bret, BYD : "Notre critère de sélection n'est pas la taille du groupe, mais son implication locale"
Le Journal de l'Automobile : Quelle est la situation du réseau BYD à fin novembre 2024 ?
Emmanuel Bret : À cette date, nous disposons de 43 points de vente avec un objectif d'atteindre 50 sites à fin 2024 et de doubler ce chiffre l'année prochaine.
J. A. : Cette centaine de points de vente, est-ce une finalité ou un palier ?
E. B. : Un palier. En fonction des résultats, du potentiel et de la rentabilité des affaires, nous verrons combien de points de vente nous ouvrirons par la suite. Mais nous ne nous sommes pas fixé d'objectif précis. Ce qui importe le plus, c'est la rentabilité de notre réseau et d'être le plus proche possible de nos clients. Il faut donc trouver le bon équilibre entre tous ces paramètres.
J. A. : Combien d'investisseurs avez-vous et l'extension du réseau va-t-elle se poursuivre avec d'autres acteurs ?
E. B. : L'idée générale n'est pas de mettre des groupes en concurrence sur un même territoire. Nous avons aujourd'hui une quinzaine d'investisseurs et nous allons continuer à nous appuyer sur ceux avec lesquels nous travaillons déjà en fonction de leurs possibilités de développement dans les zones où nous ne sommes pas encore présents. Ce qui ne nous empêchera pas, à la marge, de travailler avec d'autres acteurs.
J. A. : Vous travaillez notamment avec Autosphere, BYmyCAR, Bodemer, Chopard, Maurin, pour ne citer que ces acteurs. Faut-il faire partie du top 10 ou du top 20 pour distribuer BYD ?
E. B. : Notre premier critère de sélection n'est pas la taille du groupe, mais son implication sur les territoires où il est présent et la façon dont il gère localement les marques qu'il distribue.
J. A. : Certains distributeurs se sont plaints d'un début d'année difficile, après une fin de second semestre 2023 très forte. Un constat justifié selon vous ?
E. B. : Effectivement, cela a été plus calme en début d'année, car une fois passé l'attrait de la nouveauté, nous n'avons pas assez communiqué pendant cette période. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Je note que les carnets de commande sont en forme et qu'il y a beaucoup de curiosité pour la marque. Et l'une des principales raisons de cette progression est l'arrivée de notre version hybride rechargeable DMI sur le Seal U. Elle a changé la donne. Auparavant, avec une gamme exclusivement électrique, nous étions présents sur un marché qui ne représente que 15 à 17 %. Même si celui de l'hybride rechargeable baisse actuellement, nous disposons avec le Seal U DMi et les autres modèles qui arriveront l'année prochaine d'une offre plus étendue qui pourra séduire plus de monde.
Parmi les nombreuses différences entre la Chine et l'Europe, on trouve la maturité des marchés
J. A. : Vous parliez d'un problème de communication. Pourtant, BYD a été sponsor de l'UEFA cet été…
E. B. : Oui. Il s'agissait pour nous d'une première étape qui avait pour but de faire connaître le nom de l'entreprise, qui nous sommes. Mais pour générer de la visite dans les showroom et de la commande, il faut passer à la deuxième étape en s'appuyant sur la distribution locale et la communication et en mettant à disposition du réseau des moyens commerciaux.
J. A. : Depuis début 2024, BYD a immatriculé près de 3 000 voitures, un volume que certains qualifieraient d'assez faible. Quels sont vos objectifs ?
E. B. : Parmi les nombreuses différences entre la Chine et l'Europe, on trouve la maturité des marchés. En Chine, nous sommes dans un marché de primo-accédants, de conquête, alors qu'en Europe, nous sommes dans un marché mature, de renouvellement. Cette situation explique en partie pourquoi les marques chinoises ne démarrent peut-être pas aussi vite qu'elles le voudraient probablement. Quant à nos objectifs, nous disposons de différents scénarii pour les atteindre. Nous ne les communiquerons pas, mais notre stratégie est claire : nous voulons nous appuyer sur une base solide pour avoir de bonnes fondations et nous développer par la suite.
Nous demandons un showroom exclusif et séparé d'un minimum de 400 m²
J. A. : BYD va mettre en place de nouveaux standards pour ses concessions. Quels sont-ils ?
E. B. : Pour accompagner la montée en puissance de la marque, nous développons en effet des nouveaux standards. Nous nous plaçons comme une marque access premium et nous souhaitons que nos clients retrouvent cette notion dans le réseau. Dans les faits, nous demandons un showroom exclusif et séparé d'un minimum de 400 m², une superficie qui évolue en fonction du potentiel commercial et de l'emplacement de la concession. Le mobilier s'inspire de l'univers des Apple store avec une approche très technologique et minimaliste. Quant à la partie commerce, nous demandons impérativement une équipe dédiée, ce qui, dans un premier temps, n'est pas forcément facile, car il faut un volume nécessaire pour que cela soit rentable. Mais nous ne pourrons nous développer qu'avec des équipes exclusives pour notre marque. Dans mon parcours professionnel, j'ai lancé Mini en France. Et au-delà des produits, la marque a vraiment décollé lorsque nous avons mis en place des forces de ventes dédiées.
J. A. : En moins de deux ans, vous disposez déjà d'une gamme complète de huit véhicules et vous prévoyez encore de lancer des nouveaux modèles. Ne craignez-vous pas que le réseau et les clients se perdent face à cette profusion ?
E. B. : (sourire) Il y a tellement de constructeurs qui n'ont qu'un ou deux modèles dans leur gamme et qui aimeraient en avoir plus à proposer ! Plus sérieusement, nous avons la chance de pouvoir offrir des modèles sur tous les segments afin de répondre aux attentes des clients. Cette offre importante nous permet d'avoir de la souplesse et de voir ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas. N'oubliez pas que BYD produit ses voitures à 95 %, ce qui lui confère une très grande flexibilité par rapport à d'autres constructeurs.
J. A. : Nous avions annoncé l'arrivée de Denza pour fin 2024. Est-ce toujours d'actualité et quel sera son positionnement ?
E. B. : Oui, mais la marque arrivera plutôt en 2025. Denza est une marque plus typée premium que BYD.
J. A. : Sera-t-elle distribuée par le réseau BYD actuel ?
E. B. : Bien entendu, nous privilégierons avant tout notre réseau, mais cela ne veut pas dire que tous les distributeurs BYD auront le panneau Denza. Cela dépendra de notre stratégie de développement de la marque en France.
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